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jeudi 14 février 2008

Birmanie actualité



Du 11 au 14 novembre : Birmanie : ne pas devenir un sot au bon coeur


Sur celui qui offense un homme inoffensif, pur et innocent, sur ce vrai fou, le mal retombe comme une fine poussière jetée contre le vent. Le Bouddha



«La compassion n'implique pas de se borner à essayer d'être bon. Quand on se trouve dans une relation agressive, il faut établir des limites précises. La meilleure chose qu'on puisse faire pour toutes les parties concernées est de savoir quand dire "ça suffit". Beaucoup de gens se servent des idéaux bouddhistes pour justifier l'auto-avilissement. Sous prétexte de ne pas refermer son cœur, on se laisse piétiner par les gens. Il est dit que pour ne pas avoir à rompre son vœu de compassion, on doit apprendre à arréter l'agression et à fixer une limite. Il y a des moments où la seule manière de faire tomber les barrières est de tracer des frontières». Pema Chödrön,




Plan de ce message : Vous trouverez ci après:

1) Réflexions sur le "Bouddhisme engagé"
2) Articles et reportages (suite):

  • Le Conseil de sécurité de l'ONU exhorte la junte à faire davantage.
le 13 novembre
  • Des moines racontent (mort en détention)
Le 12 novembre :
  • Une vidéo sur l'armée en Birmanie
Le 11 novembre :
  • Birmanie, entre répression et espoir : Deux reportages à regarder
  • L'émissaire des Nations unies pour les droits de l'homme arrive en Birmanie





L’apparition d’un bouddhisme engagé est un développement salutaire (Ken Knabb)




(...)Certains dénoncent haut et fort. Tant mieux. Ils ont l’énergie pour cela.
D’autres vont suivre l’enseignement du Bouddha(...)


Mais on peut "dénoncer haut et fort" une injustice tout en suivant l'enseignement du Bouddha, les deux ne sont pas contradictoires.
Dénoncer un injustice "haut et fort" sans véhiculer un message de haine, ne viole pas les préceptes bouddhistes.

Mais parler ne suffit pas, il faut aussi AGIR; agir de manière juste et sereine, ce qui n'est pas toujours facile.
Mais en même temps, Ecrire c'est comme Parler et en parlant on peut dénoncer et DENONCER des injustices, c'est déjà AGIR...



Ce qu’enseigne le Bouddha, c’est la voie du milieu : apprendre à découvrir l’équilibre, l’harmonie qui nous rapproche du Dhamma. La voie du milieu consiste à éviter en toutes circonstances de se figer dans les extrêmes. (Ajahn Chah)



..Que mes proches soient heureux. Que la pluie tombe en saison ! Que les récoltes soient abondantes ! Que la prospérité se répande ! Que les gouvernants soient justes ! Que les accablés soient consolés ! Que les effrayés soient rassurés ! Que les affligés soient réconfortés ! Que tous les êtres soient heureux !


"..Une des gloires de la démocratie, c’est qu’elle donne au peuple le droit de protester. Nous le ferons, mais sans violence ni haine. L’amour du prochain sera notre règle.." Martin Luther King




Pour rappel, de nombreux moines , dont certains sont mondialement connus, ont dénoncé haut et fort, la situation en Birmanie: Faire une déclaration de soutien du peuple Birman en sachant qu'elle sera transmise dans le Monde entier, c'est cela "dénoncer haut et fort" : Le dalaï Lama lui même a dénoncé l'horreur, mais aussi Ajahn Sumedho, Thich Nhât Hanh, Matthieu Ricard et bien d'autres, connus ou moins connus.

Même l'Union Bouddhiste de France a, dénoncé, au tout début, ce qui se passait en Birmanie. C'est vrai qu'aujourd'hui on ne l'entend plus, mais c'est son choix.

Plusieurs sites bouddhistes n'ont pas hésité à parler de la Birmanie dés le début :

De même, "dénoncer haut et fort" cela ne veut pas dire qu'on ne se contrôle pas, du moment qu'on ne profère pas de message de haine.

Lorsque l'on dénonce une injustice on le fait pour les victimes de cette injustice pas pour soi même.


Savoir dénoncer une situation, tout en ne proférant aucun message de haine c'est cela le Bouddhisme engagé !



1) Réflexions sur le Bouddhisme engagé



Dans un excellent article du Monde : "Un courant engagé, en rupture avec une tradition de soumission", Henri Tincq écrit :

(...)les moines birmans participent de fait au "bouddhisme engagé", ce mouvement panbouddhique, non issu d'une école particulière, diffus et peu structuré, né du contact avec la modernité occidentale et l'histoire de ses luttes révolutionnaires.

Le bouddhisme engagé renouvelle l'approche bouddhiste de la compassion. Il considère comme légitime l'opposition aux structures politiques en place pour restaurer un idéal de société juste. Il ne remet pas en cause les notions clés de respect, de non-violence, de compassion, mais se refuse à faire de la souffrance l'état de la seule conscience personnelle. Il existe une souffrance liée aux inégalités sociales, aux crises économiques, à l'oppression politique.

Le bouddhisme engagé représente une rupture radicale avec l'histoire du bouddhisme faite de subordination et de collusion avec les pouvoirs politiques, jusqu'aux plus despotiques : des petits monarques locaux aux colonisateurs et aux régimes marxistes. Pour Eric Rommeluère, spécialiste du bouddhisme, le bouddhisme engagé représente "la prise de conscience d'une dimension politique autre que celle qui a toujours existé chez les bouddhistes, celle d'une entente tacite avec les pouvoirs en place : "Je vous protège ; vous me soute nez"" .

Cette prise de conscience n'est, bien sûr, pas la même dans tous les pays bouddhistes, mais pour beaucoup d'observateurs, le bouddhisme engagé est en passe de devenir la principale composante du bouddhisme moderne.

Lire cet article en entier dans :"Birmanie ou le retour du Bouddhisme engagé"



Malheureusement, il semble aujourd'hui que cette "rupture avec une tradition de soumission" dont parle l'auteur, ne soit pas aussi importante qu'on pouvait le penser.



Il y a aujourd’hui des approches différentes du bouddhisme engagé, certaines étant plus « frileuses » que d’autres.

Dans le bouddhisme engagé, les mots utilisés ont une grande importance et, à force de vouloir plaire à tout le monde ou ne choquer personne, ce qui revient au même, le bouddhisme engagé est vidé de sa substance : l’engagement réel sans peur, sans attachement, sans langue de bois.. La voie du milieu c’est aussi cela.



Le Bouddha n’a jamais eu peur de déplaire, il n’a jamais eu peur de ce que pouvait penser les autres de son enseignement. Il a enseigné le dhamma durant 40 ans avec courage et détermination. Le premier bouddhiste engagé n’était-il pas le Bouddha lui même ?

« Si le Bouddha revenait aujourd’hui, je ne crois pas qu’on lui offrirait des fleurs et de l’encens, qu’on l’honorerait avec des lumières, je crois qu’on lui dirait simplement qu’il n’est pas un bon bouddhiste... » (la peur est-elle contagieuse)



Il faut nous interroger sur ce qu’est réellement le bouddhisme engagé, ses différentes approches et son évolution.

Pour en parler, le site Karuna vient d'ouvrir
un forum pour permettre une discussion sur le bouddhisme engagé : ICI

"Pour les occidentaux le bouddhisme engagé n’en est qu’à ses balbutiements... Un échange s’avère necessaire... c’est pourquoi en plus des échanges sur le site et les commentaires des articles nous avons ouvert un FORUM "





Même si nous ne devons pas éprouver de haine à l'encontre de la junte mais de la compassion, que cela ne nous empêche pas de dénoncer ouvertement ses crimes en employant les mots justes.

On ne peut pas mettre sur le même niveau, la souffrance de la junte et celle du peuple birman. Je veux dire que l'on ne peut pas employer les mêmes mots pour parler de la souffrance du peuple birman et celle de la junte...



Le Bouddha a dit ( dhammapada 125)

Sur celui qui offense un homme inoffensif, pur et innocent, sur ce vrai fou, le mal retombe comme une fine poussière jetée contre le vent.

Le Bouddha n'avait pas peur des mots.

Ainsi, les militaires au pouvoir risquent fort de voir le mal retomber sur eux comme une fine poussière jetée contre le vent....



Même si le bourreau souffre, la victime souffre davantage et surtout elle ne fait souffrir personne volontairement, rien que pour cela, elle mérite notre compassion (karuna) et notre metta, mais elle mérite aussi qu'on prenne des risques pour elle et la différence est de taille :

Eprouvons de la compassion pour ceux qui font souffrir volontairement le peuple birman, mais n'ayons pas peur d'aider le peuple qui souffre, sans avoir peur de REVENDIQUER la fin de cette dictature, sans haine ni colère.




C'est ainsi que: Nous ne pouvons pas accepter, comme le souligne Amnesty International, que la junte continue :

  • -de garder en détention quelque 700 prisonniers politiques, dont au moins 15 personnes condamnées à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à neuf ans et demi.
  • -de Prendre en « otages » des membres de la famille et amis afin que les personnes recherchées se livrent aux autorités.
  • - de Tuer des gens en détention en les passant à tabac et en utilisant d'autres formes de torture.
  • -de Garder des personnes en détention dans des conditions déplorables, notamment le manque de nourriture, d’eau et d’installations sanitaires, ainsi que le placement des détenus dans des cellules initialement conçues pour servir de niches aux chiens.
  • - de Faire disparaître des moines et des laïcs : on ignore tout du sort réservé à au moins 72 personnes.
  • - d'être dans l'incapacité de s’expliquer sur le nombre de personnes tuées au cours de la répression.
  • - d’interdire aux ambulances de se rendre auprès des victimes dans les rues au cours des manifestations et de donner l'ordre aux cliniques privées de ne pas soigner les blessés.

Amnesty International demande aux autorités du Myanmar de livrer toutes les informations dont elles disposent sur les victimes et les personnes qui ont disparu. En outre, elles doivent fournir au rapporteur spécial la liste exhaustive de toutes les personnes détenues et condamnées depuis le début de la répression et lui permettre de se rendre sans restriction dans tous les lieux de détention et les crématoriums.


Cette demande ou revendication de Amnesty International peut aussi être celle des Bouddhistes.

Les démarches de "Amnesty international", de "Reporter sans frontières" et aussi de l'UNESCO sont finalement très proches de l'enseignement du Bouddha.


C'est d'ailleurs ce que souligne Michel Henri Dufour, lorsqu'il écrit :

Il est frappant de constater que, dans sa formulation, le préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO est parfaitement en accord avec l’Enseignement du Bouddha...

...Une paix fondée sur les seuls accords économiques et politiques des gouvernements ne saurait entraîner l’adhésion unanime, durable et sincère des peuples et, par conséquent, cette paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité. » Equivalent dans l’Enseignement du Bouddha : la voie de la cessation de la souffrance passe par l’adoption d’une éthique solide et la culture dynamique de la sagesse en son propre esprit (méditation).



-DIRE que l'on souhaite la fin de la souffrance pour la junte comme pour le peuple Birman, c'est bien, mais ça ne suffit pas.


- DIRE qu'on éprouve de la compassion pour la junte comme pour le peuple Birman c'est bien, mais ça ne suffit pas.


D'ailleurs , la "souffrance" pour un bouddhiste, c'est la fin de la naissance et même de la renaissance, de la maladie et de la mort.

Donc ce n'est pas la fin de la souffrance qu'il faut revendiquer, mais la fin de la Dictature !


Sous prétexte que nous sommes "bouddhistes" nous ne devrions surtout pas critiquer ouvertement la junte et rappeler ce qu'elle à fait subir, en toute impunité, au peuple birman depuis des années?!

Sous prétexte que nous sommes "bouddhistes" nous ne devrions surtout pas revendiquer?!



Il y aurait alors d'un côté les vrais "bouddhistes", ceux qui ne parlent que de "compassion" et de "souffrance" et les autres ?!


Mais n'oublions pas qu'il n'y a pas que la compassion dans l'enseignement du Bouddha il y a aussi la sagesse (pana en pali)

Et comme le souligne si bien
Mr Aung Ko (Representative of the National Council of the Union of Burma in France), dans son discourt "Liberté de pensée liberté de religion":


Si on ne développe que la compassion, on risque d'être seulement un "sot au bon cœur"



Extraits du discours de Mr Aung Ko:

.. Je rejette absolument les clichés selon lesquels la religion pourrait impliquer nécessairement, intrinsèquement, inévitablement, des formes de soumission politique. Le combat politique et social non-violent trouve sa vigueur, en Birmanie, dans la force de l’amour non-violent et de la compassion. Il est absolument pacifique, mais essentiellement actif au nom de la vérité....

.. Pour qu’un homme ou qu’une femme soit parfait, selon l’enseignement du Bouddhisme, il ou elle doit développer conjointement et également deux qualités : la compassion Karuna, d’une part, et la sagesse Panna d’autre part..

La compassion englobe l’amour, la charité, la bonté, la tolérance ; toutes les nobles qualités de cœur qui sont le côté affectif. La sagesse, quant à elle, signifie le côté intellectuel, c’est-à-dire toutes les qualités de l’esprit. Si le côté affectif est développé, seul, tout en négligeant le côté intellectuel, on devient un sot au bon cœur. Si, au contraire, on développe exclusivement le côté intellectuel en négligeant l’affectif, on risque de devenir un intellectuel manquant de sentiment pour les autres. La perfection exige que ces deux côtés soient développés l’un tout autant que l’autre. C’est le but de la voie bouddhiste qui mène à l’absence de peur, d’impureté. Ce qui constitue la peur, l’impureté, c’est l’avidité, la haine, et l’illusion....





La revendication


Revendiquons avec courage, non pas la fin de la souffrance, mais la fin de la Dictature militaire pour le peuple Birman.

Dans ce message : je revendique sans en avoir honte, la liberté pour le peuple Birman et pour tous les êtres qui ne sont pas libres. Je revendique la fin du régime militaire en Birmanie, régime qui n’hésite pas à acheter des enfants pour les enrôler dans son armée.

Ce n'est pas parce qu'on revendique que l'on va faire du bouddhisme engagé "un nouvel étendard, créateur de souffrances et d’ignorance"


Celui qui créé la souffrance ce n'est pas celui qui revendique la fin de la souffrance mais bien celui qui commet des actes criminels, ne nous trompons pas de "victime".


Pour moi, une revendication n'est pas un acte "violent" ou "haineux".
Revendiquer doit être interprété, ici, comme une demande faites avec détermination et courage.






L’Association bouddhiste pour la paix

Sagesse et compassion Pour un changement social

L’Association bouddhiste de la paix, établie en 1978, se donne pour mission la poursuite d’un bouddhisme engagé. Notre but c’est d’aider tous les êtres à se libérer de la souffrance qui se manifeste dans les individus, dans les relations entre individus, dans les institutions et dans les systèmes sociaux. Les programmes, les publications, et les groupes de pratique bouddhiste de l’Association réunissent les leçons bouddhistes sur la sagesse et sur la compassion avec un engagement en faveur du changement social progressiste.

Notre pratique, qui rejoint la contemplation et l’engagement, s’inspire de notre intention de :

Reconnaître l’interdépendence de tous les êtres
S’affronter franchement et avec compassion à la souffrance

Apprécier l’importance de ne pas s’attacher aux opinions et aux resultats

Travailler avec des Bouddhistes de toute tradition

Lier la transformation personnelle à la transformation sociale Pratiquer la non-violence

Prendre des décisions avec la participation de tous

Protéger et élargir les droits humains

Soutenir l’égalité des sexes et des éthnies, et s’opposer à toute discrimination injuste

Promouvoir la justice économique et l’élimination de la pauvreté

Promouvoir un équilibre écologique durable



LIRE aussi cet article (que j'ai déjà cité dans mon message précédant) : les bonzes en politique: ICI

Extraits :

... Que la communauté bouddhiste (le Sangha) ait été l'un des éléments moteurs des manifestations contre la vie chère qui ont secoué la Birmanie en septembre dernier n'est pas surprenant. Dans un pays profondément imprégné de la doctrine du « Petit Véhicule », les religieux birmans, qui le plus souvent ne sont bonzes que pendant quelques mois ou années de leur vie, ont toujours constitué une élite religieuse vénérée par la population et crainte du pouvoir. Pour autant, l'ensemble du monde monastique n'a jamais été intégré dans une structure hiérarchique clairement définie. Ni uni dans son rapport au politique...

....Mais après quinze ans de retrait de la scène politique, le Sangha est brusquement redevenu porteur d'un élan de contestation à la faveur des manifestations des mois d'août et septembre 2007. Impulsé par les jeunes novices, tout aussi affectés par la hausse des prix que la population dont ils dépendent chaque jour pour leur aumône, ce mouvement aux motivations d'abord économiques et sociales a pris un tournant politique. Certains « vénérables » l'ont encouragé en laissant leurs jeunes élèves quitter le monastère, mais force est de constater que la majorité des établissements religieux s'est tenue à l'écart. En outre, le mouvement a été promptement maté par les autorités militaires, peu enclines à voir de nouveau se développer la seule force d'opposition plus populaire que l'Armée elle-même....

... La rapidité et la redoutable efficacité de la répression attestent des craintes du régime qui a ainsi tué dans l'œuf cette « vague safran ». De la façon dont réagira à moyen terme la population birmane, certes choquée par les violences à l'encontre des bonzes, mais surtout traumatisée par des années de dictature silencieuse et de plus en plus résignée face à l'impuissance de la communauté internationale, dépendra l'évolution d'une protestation encore inconcevable il y a quelques mois....


Un autre exemple d'action non violente active: revendiquer haut et fort l'abolition de la Peine de mort. Ce combat peut-être celui d'un bouddhiste engagé.

Le premier des préceptes dans le bouddhisme théravada (et dans le bouddhisme en général) est de s’abstenir de tuer et de nuire à toute créature, y compris les animaux, insectes…

La peine de mort va à l’encontre de ce précepte. On ne peut pas se dire « bouddhiste » et être pour la peine de mort.

On peut éprouver de la compassion pour un condamné à mort, de la même manière qu'on peut éprouver de la compassion pour le bourreau.
Mais on peut aussi choisir de se « battre » pour l’abolition de la peine de mort. Il s’agit alors de « compassion active »



En conclusions, je voudrais rappeler ce que les vénérables, AJahn Chah et Thich Nhât Han ont dit à propos de la méditation bouddhique :

"La méditation, c’est de parvenir à la pénétration, la compréhension et la compassion, et lorsque vous y parvenez, vous devez agir. Le Bouddha, après l’illumination, est sorti afin d’aider le peuple. La méditation ne signifie pas éviter la société ; elle signifie regarder au plus profond de soi afin de trouver une forme de pénétration nécessaire à l’action. Penser qu’elle ne consiste qu’à s’asseoir et profiter du calme et de la paix, est une erreur." (Thich Nhât Han)

"La méditation n’est pas séparée du reste de la vie. Toutes les situations offrent l’opportunité de pratiquer, d’accroître la sagesse et la compassion" (AJahn Chah)





La Non-Violence


Deux autres mots ont une grande importance pour les bouddhistes engagés : la NON VIOLENCE. Mais ici encore, certains bouddhistes peuvent se réfugier derrière ces mots pour rester passif.

Le site karuna lance un débat sur son "forum de discussion" sur ce sujet et évoque ce que l'on peut appeler: la Non-Violence active :

Il importe de ne pas laisser la Non violence être rendue inactive et trahir ainsi l’action et la pensée de Gandhi, de Martin Luther King et de tous les autres... Ni la pensée du Bouddha lui même... Une grande réflexion s’impose...

LIRE : Une non-violence de l’intérieur

La non-violence résulte d’une pratique...
...Une culture de la paix et de la non-violence ne se crée ni ne s’acquiert en un jour. Le bouddhisme, s’il a réussi, dans son ensemble, à maintenir les éléments d’une telle culture et à les régénérer périodiquement, a connu lui aussi ses échecs et ses faces obscures, ses régimes tyranniques, ses collabos, ses moines habiles à justifier des massacres.



L'UNESCO a lancé une opération : "Education pour la Non-violence"


Education pour la non violence

La non-violence, théorie et pratique rejetant l’agression et la violence, vise à la résolution des conflits et à la réalisation d’objectifs communs d’une façon constructive.

Cette perspective, qui donne du pouvoir aux individus et à la société et qui évolue en permanence, ne consiste pas à dénier les sentiments de colère ou les conflits.

Au contraire, elle cherche à canaliser l’énergie sous-jacente dans le but d’élaborer des stratégies efficaces et respectueuses d’autrui.

C’est pourquoi toute attitude de passivité est à exclure et nous pouvons parler de « non-violence active ».


« J’ai combattu trop longtemps et trop durement la ségrégation pour m’accomoder de la ségrégation dans mes jugements moraux...la justice est indivisible. Une injustice, où qu’elle soit, est une menace contre la justice partout »

« Nous en avons assez d’être maltraités et opprimés. Nous avons été trop patients. Une des gloires de la démocratie, c’est qu’elle donne au peuple le droit de protester. Nous le ferons, mais sans violence ni haine. L’amour du prochain sera notre règle » Martin Luther King



2) Articles et Reportages (suite)




Le 13 novembre:
  • Le Conseil de sécurité de l'ONU exhorte la junte à faire davantage
(...)M. Gambari a en outre parlé de "préoccupations sérieuses sur des informations concernant des abus sur les droits de l'Homme et sur la volonté du gouvernement d'avancer dans une nouvelle direction".

"Dans le monde d'aujourd'hui, aucun pays ne peut délibérément rester en dehors du mouvement vers la stabilité, la prospérité et la démocratie", a-t-il déclaré. "Il est de la responsabilité de tout gouvernement d'écouter son peuple, de répondre aux revendications légitimes de la population et de respecter les droits de l'Homme de ses concitoyens", a dit M. Gambari, qui prévoit de retourner prochainement en Birmanie à l'invitation du régime.(...)

Lire l'article en entier ICI



  • Des moines racontent: mort en détention
«Ce n’est que le lendemain matin que nous avons osé retourner au monastère. Le bâtiment était sens dessus dessous et des portes avaient été ouvertes à coups de pied. On a vu des taches rouges sur le sol... et ce qui semblait être du sang coagulé.»

U Thilavantha ( sa photo au début du message) était respecté et très aimé dans sa communauté. Après avoir étudié pendant plusieurs années à Sri Lanka pour devenir moine, il exerçait la fonction de supérieur adjoint de l’école monastique de Myitkyina. Il donnait des cours d’anglais aux enfants des environs, et était âgé d’à peu près trente-cinq ans.

Le 25 septembre, c’est-à-dire le lendemain du jour où des moines de Myitkyina avaient participé à des défilés pacifiques réclamant la fin des restrictions imposées par le régime militaire, la police a fait une descente au monastère où vivait U Thilavantha. Ce dernier a été frappé et arrêté. Il a été placé en détention et de nouveau passé à tabac. Le lendemain, il est mort des suites de ses blessures.

Des responsables de l’hôpital local ont subi des pressions afin qu’ils déclarent qu’U Thilavantha était mort d’une crise cardiaque.

Cent quarante-deux moines habitaient dans le monastère où vivait U Thilavantha. Le 31 octobre, ils n’étaient plus que 11.

Des moines racontent (en anglais) : ICI


Le 12 novembre

  • Une vidéo sur l'armée en Birmanie ICI

Le 11 novembre :

  • Birmanie, entre répression et espoir : 2 reportages à regarder ICI
1) Réalisés il y a 5 ans le reportage de Claude Schauli et Romain Guélat garde aujourd'hui bien malheureusement toute son actualité.
Victimes du travail forcé et des exactions de l'armée birmane, des milliers de Birmans ont été contraints de se réfugier en Thaïlande, le long de la frontière. Dans le camp d'Um Pienh, où 20.000 Birmans ont trouvé refuge, une trentaine de temples, chapelles et mosquées ont été construits. Bouddhistes, musulmans et baptistes y vivent en totale harmonie.

2) Le 2e reportage évoque une figure exemplaire de solidarité et d'humanisme. En effet depuis 13 ans, la Doctoresse Cynthia, baptiste d'origine karen, dirige en Thaïlande, près de la frontière, une clinique réservée aux Birmans. Aux côtés d'une centaine de bénévoles, elle accueille quotidiennement 200 patients souffrant notamment de malaria, de malnutrition et de problèmes respiratoires.


  • L'émissaire des Nations unies pour les droits de l'homme arrive en Birmanie.

Paulo Sergio Pinheiro, est arrivé, dimanche 11 novembre, en Birmanie, où il effectue sa première visite depuis quatre ans, afin d'y enquêter sur les abus commis durant la répression des manifestations de septembre en faveur de la démocratisation.

Au programme de cette visite de 5 jours : des entretiens avec des responsables et des visites de prisons. Une liste d’établissements aurait été soumise aux autorités de Rangoun.

En compagnie des représentants des autorités, il s'est tout d'abord rendu dans un monastère de Bago, 80 km au nord de Rangoon, a précisé l'ONU, avant de retourner à la Pagode Shwedagon, sanctuaire le plus révéré du pays, et qui fut le point de départ des manifestations géantes de septembre.

Leur répression les 26 et 27 septembre, lorsque l'armée a tiré sur la foule, a fait, selon la junte, dix morts. Mais Pinheiro a fait état de témoignages non-identifiés parlant d'entre 30 et 40 moines tués, et 50 à 70 autres opposants.


On est donc plus proche des 200 morts que de 10, et peut-être même davantage....

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