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mardi 29 avril 2008

Birmanie, un "Volcan social prêt à entrer en éruption "


Birmanie actualité (suite)

  • A quelques jours du référendum, des protestations sporadiques ont éclaté dans plusieurs villes de Birmanie pendant le week-end

Saffron Revolution renewed
Par Larry Jagan- lundi 29 avril 2008 -
Bangkok Post
Traduction par isara


« Le pays est un volcan social qui peut entrer en éruption à tout moment. », confie un homme d’affaire birman.

Des protestations de rue sporadiques sont apparues dans plusieurs villes birmanes en cette fin de semaine, alors que la population se prépare à se rendre aux urnes au mois de mai, pour se prononcer par référendum sur une nouvelle constitution. Une démonstration de plus de cinquante personnes conduite par une vingtaine de moines a essayé, samedi, de se rendre à la fameuse pagode de Shwegadon à Rangoon. La police les a empêchés de rentrer dans le temple et a rapidement dispersé le groupe.

Les autorités birmanes ont interdit aux moines bouddhistes de se rendre dans les alentours de cette pagode historique depuis les protestations de septembre dernier. De nombreux autres moines qui avaient planifiés de se joindre à cette protestation ont été bloqués dans les bus qui les amenaient depuis la banlieue et les villes environnantes.

Il y a eu une autre petite manifestation au marché de Tamze Bazaar de Rangoon. Plus de cents manifestants se sont aussi regroupés dans les rues de Sittwe, la capitale de la province à majorité musulmane de Arakan, dans l’ouest du pays. Il y a par ailleurs de nombreux rapports, non confirmés, qui font état de rassemblements dans différentes villes, tout au long du week-end.

Les forces de sécurités sont déployées devant les monastères de Rangoon pour empêcher les moines d’entrer ou de sortir des bâtiments.

C’est le premier signe d’agitation depuis que la « révolution de safran » de l’année dernière a été brutalement réprimée. « Davantage de protestation sont attendues dans les jours à venir, alors que la colère contre le régime en place ne cesse de grandir », dit Khin Ohnmar, un activiste basé à Chiang Mai (nord de la Thaïlande) et qui reste en lien avec les organisateurs de ces protestations.

Ces protestations ont été en partie déclenchées par le référendum organisé par le gouvernement le 10 mai prochain, et elles vont sûrement aller en se développant dans les jours qui vont précéder les élections.

Le régime militaire est manifestement nerveux à cause de ces élections et est en train d’orchestrer les résultats de ce vote. Il est facile de prévoir que l’annonce qu’une écrasante majorité du pays a approuvé la nouvelle constitution permettra à l’armée de garder le contrôle politique du pays pour les décennies à venir.

Mais, il y a de plus en plus de signes qui montrent que l’électorat devrait en fait rejeter la constitution, même si il ne fait pas de doute que les autorités vont manipuler les résultats.
Ce qu’ils ne pourront pas changer, c’est la rage grandissante contre la junte qui se développe dans toutes les couches de la société birmane, et tout spécialement au sein du clergé – qui de fait a été interdit de vote pour ce référendum à venir.

Les moines birmans ont peut-être été écrasés par la force brutale en septembre dernier, mais le ressentiment et la rage bouillonnent dans tous les monastères au travers du pays. Un abbé supérieur reconnaît en privé que la prochaine fois les moines devraient prendre les armes s’ils veulent renverser le régime.

La haine à l’encontre des dirigeants militaires est aussi grandissante parmi les gens de la rue, et s’accroît avec la montée en flèche de l’inflation. Et même, les classes moyennes que l’on trouve dans les principales villes commerciales que sont Mandalay, Moulmein et Rangoon sont de plus en plus mécontentes par les militaires tout puissants et par l’économie sinistrée.

Des protestations de rue sont sur le point d’éclater à nouveau. « Le pays est un volcan social qui peut entrer en éruption à tout moment. », confie un homme d’affaire birman. « Il ne manque plus qu’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. »

Mais le plupart des diplomates de Rangoon sont plus prudents dans leur prédictions d’embrasement prochain, mais ils admettent que les causes qui ont entraînés les démonstrations monstres, conduites par les moines, l’année dernière, n’ont pas été désamorcées.

Les prix atteignent des hauteurs astronomiques. Les coûts du diesel et du pétrole, qui avaient été l’étincelle qui avait tout déclenché l’année dernière, vient d’augmenter à nouveau ;le prix de l’huile pour la consommation a plus que doublé depuis le début de l’année. Plus de 90% de la population birmane dépense plus de 80% de leurs revenus pour l’alimentation seulement. La malnutrition et la pauvreté s’accroissent de manière alarmante, pendant que l’armée dépense des sommes énormes pour l’achat d’armes et de matériels militaires.

Malgré cela, le solitaire et secret maître du pays, le général en chef Than Shwe pousse pour mettre en place ses propres plans pour institutionnaliser les règles militaires. L’armée a mis plus de 14 années pour rédiger la nouvelle constitution. De nombreux détails concernant le prochain référendum sont maintenant connus, alors qu’en fait le projet de constitution n’a été dévoilé qu’il n’y a que deux semaines.

Le texte de cette nouvelle constitution n’est pas distribué, mais vendu au prix de 1.000 kyat, ou l’équivalent d’un dollar, alors que la population paupérisée, dont la majorité ne gagne pas plus de deux dollars par jour, ne peux pas payer. Il y a des restrictions sur les débats publics et les critiques de la chartre sont punissables de plus de dix ans d’emprisonnement. Les média birmans ont été réduits au silence ; il leur est interdit de reporter quoi que ce soit sur la campagne pour le « non ».

Cela n’a pas empêché quelques informations sur les protestations qui ont eu lieu contre la constitution, avec pour conséquence inévitable que ces média ont été fermés.

Le principal parti pro-démocratie, la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD) de Aung San Suu Kyi, a annoncé son opposition à la nouvelle constitution, en partie parce qu’il n’avait pas été associé à l’élaboration, mais surtout parce que cette constitution est anti-démocratique.
Le président doit être un militaire, un quart du parlement sera nommé par le chef des armées, et les militaires se réservent la droit de démettre tout civil de l’administration qui serait supposé menacer la sécurité nationale.

La responsable de l’opposition Aung San Suu Kyi est privée de la vie politique parce qu’elle était mariée à un étranger, un universitaire anglais renommé spécialiste du Tibet et du bouddhisme, Michael Aris, et qui est mort d’un cancer de la prostate en 1999.

« Pour ceux qui ont le droit de vote, nous les encourageons tous à aller dans les bureaux de vote et de faire un « X » (c’est à dire « non »), sans crainte », insiste le NLD, dans un communiqué de presse réalisée vendredi dernier. Même si ils concèdent que l’ensemble du processus est un simulacre.

« Une atmosphère d’intimidation règne créé par des attaques physiques contre certains membres du NLD. », précise le communiqué.

Mais même si les embûches sont mises sur le chemin de l’opposition pro-démocratique, tout n’est pas perdu. Le général Than Shwe, âgé de 74 ans, est sérieusement malade et perd son emprise sur l’armée. On rapporte qu’il est atteint de diabète chronique, d’hypertension et de problèmes coronaires sévères. Il est sujet à des rages causées par le diabète et on a pu constater récemment des signes de démence et de pertes de mémoires, incluant des absences sur les circonstances dans lesquelles il avait viré un officier, ces informations proviennent d’une source médicale birmane proche de la famille.

Il semble maintenant que les jours du général Than Shwe sont comptés. Ses reins sont défaillants et nécessitent une dialyse quotidienne. Il passe plus de six heures par jour allité, selon une source militaire à l’intérieur du pool de commandement de l’armée. « Il est pour ainsi dire mort », déclare un diplomate asiatique proche du vieux général.

Pour aggraver la situation, des divisions importantes sont apparues au plus haut sommet du commandement militaire. Un subordonné immédiat de général Than Shwe, le général Maung Aye, est en opposition croissante face à son chef, sur le fait qu’il permet une corruption rampante qui mènerait le pays à la faillite. Il est particulièrement inquiet par l’utilisation de forces paramilitaires brutales et non-formées, en lien avec le mouvement de masse, the Union Solidarity and Development Association (USDA), que le général Than Shwe avait créé voilà 15 ans pour inciter la population à soutenir le gouvernement militaire.

Ce sont des nervis de ce groupe qui avaient attaqué Aung San Suu Kyi dans le nord de la Birmanie en 2003, et qui avaient fomentée une tentative d’assassinat contre sa vie. Ceux sont eux aussi, qui ont conduit les attaques contre les moines en septembre dernier.


Le USDA, conduit par la ligne dure qui soutient le général Than Shwe, a aussi la responsabilité de mettre en place l’organisation des élections du 10 mai prochain et qui organisera aussi les élections générales qui devraient avoir lieu dans deux ans.

Le général Maung Aye craint que ce groupe puisse prendre une importance croissante après le référendum et vienne prendre la place de l’armée pour conduire le pays. Il est conscient que la conduite brutale de l’USDA a terni l’image de l’armée. Plusieurs jeunes officiers, les « Jeunes Turcs » comme ils se nomment eux-mêmes, pensent la même chose. Ils regardent vers les quatre généraux placés juste sous Than Shwe, pour qu’ils agissent.

Bien qu’il n’y ait pas aucun signe concret d’une possible « révolution de palais », il y a cependant un nouvelle vague de démonstrations de rue contre le gouvernement militaire, et qui menace d’aller en s’amplifiant dans les jours à venir avant que les bureaux de vote n’ouvrent. La majorité de la population de Birmanie voit en celles-ci la première occasion depuis les élections de 1990, qui avaient été remportées très haut la main par le NLD, d’exprimer leur rejet de la loi militaire.

Durant ces temps incertains pour l’armée, il y a la possibilité pour que les choses changent rapidement. Tout au moins, y aura-t-il davantage de protestations contre le guvernement militaire, le mois prochain.

Source : Saffron Revolution renewed By Larry Jagan Bangkok Post
Traduction par mon ami
isara
remarque : Lorsque isara a fait cette traduction il n'y en avait pas d'autres, depuis cet article a été traduit également par courrier international



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