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samedi 26 avril 2008

Birmanie, la mascarade continue



Cela fait quelque temps déjà que je publie différents articles et témoignages qui montrent comment la junte procède pour intimider, agresser ou arrêter les opposants, tout en poussant le peuple à voter "OUI" au référendum.

Aujourd'hui, après un trop long silence, quelques médias officiels français parlent un peu du référendum, je dis bien "un peu" (notamment le figaro: mais il se contente en général de publier dans ses "flash Actu" des dépéches AFP, mais aucun articles de fond sur le référendum, le seul site français à continuer de parler de la Birmanie c'est RSF ), référendum qui doit avoir lieu le 10 mai mais qui, en réalité a même déjà commencé:

Selon irrawaddy, les Birmans vivant et travaillant à l'étranger peuvent déjà voter dans les ambassades depuis le 26 avril. (il y aurait déjà eu des irrégularités à l'ambassade du Myanmar en Thaïlande) Qui en parle ??

On ne peut pas dire que les médias français se bousculent pour faire des articles de Fond sur la Birmanie. La presse Canadienne et Suisse en parle un peu plus.

Pourtant il serait temps, car les élections sont dans quelques jours et il est sans doute trop tard pour que la Communauté Internationale puisse, réellement, faire quelque chose pour contrôler le bon déroulement des élections car, non contente d'intimider et surtout d'emprisonner les opposants un par un, la junte risque de "truquer" les élections puisque personne ne sera sur place, aucun observateur , pour vérifier leur bon déroulement....


Résumé de la situation, à quelques jours du référendum :

La junte agit à tous les niveaux : Répression et intimidation:

La Junte met en garde le peuple Birman pour qu'ils ne votent pas "NON" à la constitution.

Elle organise ainsi dans de nombreux villages des réunions "forcées". Au cours de ces réunions, on leur demande (fermement) de soutenir le projet de constitution. Par ailleurs, tous les participants à ces réunions sont obligés de promettre, qu'ils voteront OUI et soutiendront ainsi le projet de Constitution.

Les Militaires expliquent aux villageois qu'il ne faut pas croire les étrangers et encore moins la Ligue Nationale pour la Démocratie qui veut "détruire" le pays.

Entre nous, comment des villageois Birman pourraient avoir accès à la presse étrangère ?


Parallèlement à cette intimidation, la junte réprime et emprisonne tous les opposants au régime militaire et elle ne fait pas dans la dentelle..

C'est ainsi qu'elle procède à des arrestations pour n'importe quel prétexte:

La plupart des détenus auraient été inculpés en vertu de l’article 505/B du Code pénal, pour avoir publié ou diffusé une déclaration, une rumeur ou un récit «dont le but était de causer ou qui était susceptible de causer dans la population un état de peur ou de trouble», mais d’autres lois telles que la loi sur l’impression et la publication, la loi sur les situations d’exception et la loi sur les associations illégales, ont également été citées.

Plusieurs informations faisant état de meurtres, de passages à tabac, d’arrestations, de tortures et de décès en détention ont été reçues...

Encore récemment, un membre de la NLD a été arrêté pour ses déclarations contre le référendum. Cette arrestation qui a eu lieu au mois d'avril est venue s'ajouter à la liste déjà longue, des arrestations du mois de mars.

A ces arrestations sont venues s'ajouter des agressions dans la rue :
Selon le porte-parole de la LND, des militants du parti ont été agressés par des inconnus alors qu'ils faisaient campagne contre le référendum à Rangoun, la principale ville du pays.

Au sujet des récentes arrestations, Reporters sans frontières (RSF) et la Burma Media Association (BMA) indiquent que :

"Début avril, au moins 60 personnes ont été arrêtées dans l’Etat Rakhine (Nord-Ouest) pour avoir porté des tee-shirts appelant les électeurs à voter Non. Plusieurs d’entre eux seraient toujours emprisonnés. Selon Mizzima News, des vendeurs de tee-shirts de Rangoon refusent de mettre en rayon les vêtements de la marque thaïe "Nobody" après que certains jeunes démocrates avaient commencé à les utiliser dans leur campagne pour le Non.

Enfin, le chanteur de rap birman Yan Yan Chan a été arrêté le 17 avril par les autorités à Monywa. Certaines de ses chansons sur le manque de liberté d’expression dans le pays pourraient être à l’origine de cette détention."


La LND indique encore dans un de ses communiqués :

«Les autorités responsables n'ont rien fait, ni ouvert une enquête, ni inculpé ni pris une quelconque décision de défense de la loi et de l'ordre concernant ces crimes dont ont été victimes des membres de la LND»


Par ailleurs, La junte contrôle la presse :

Min Zin, journaliste à Radio Free Asia, et frère du rédacteur en chef du journal Myanmar Nation qui a été arrêté , raconte notamment :

"L’armée a durci sa répression à l’encontre des médias. Depuis septembre, près d’une dizaine de publications ont été interdites ou suspendues. Vingt journalistes au moins ont été arrêtés.(...)

Aujourd’hui, les médias y sont muselés comme ils l’ont rarement été au cours de notre histoire.
La commission de censure de la junte, si tristement célèbre, impose des restrictions toujours plus sévères aux publications privées.

Les journalistes subissent des pressions en vue d’écrire des articles alignés sur les positions et l’action du régime.
Les quotidiens et les magazines sont obligés de publier de plus en plus de textes favorables au régime, qui leur sont imposés.

Pendant ce temps, l’armée promet au monde extérieur qu’elle avance à grands pas vers la “démocratie”, avec un référendum constitutionnel en mai et de nouvelles élections en 2010.(...)

De toute évidence, mon frère et d’autres journalistes récemment arrêtés sont détenus par la junte dans le but d’intimider des médias insoumis, à la veille du référendum sur la Constitution.
(..)

Sans pressions extérieures, il est hélas à craindre que cette tactique sera payante : le peuple birman continuera à subir le joug d’une dictature militaire répressive, et ces courageux écrivains et journalistes prêts à défier les censeurs seront réduits au silence."


Comme le souligne Reporters sans frontières (RSF) et la Burma Media Association (BMA):

"Aucun média birman n’a été autorisé à publier les propos des partisans du Non au référendum du 10 mai sur le projet de Constitution proposé par la junte militaire. En revanche, la presse a été contrainte de publier des articles rédigés par des officiels qui expliquent pourquoi il faut voter Oui."


Les élections sont donc, pour toutes ces raisons, une véritable "mascarade" et les acteurs à la démocratisation en Birmanie ainsi que le gouvernement en exil, recommandent de manière unanime, au peuple birman de voter NON au référendum pour l'adoption de cette constitution.

Récemment, Aye Chan Naing, (directeur et rédacteur en chef de Democratic Voice of Burma) alors qu'il était de passage à Genève, a décrit l'impossibilité pour le peuple birman d'obtenir des informations afin de se faire une opinion.

Pour lui ,
Cette constitution et son référendum ne sont qu'une mascarade, de la poudre aux yeux pour la communauté internationale

Il considère même que depuis les évènements de septembre, la situation s'est aggravée



Malgré tout cela, le numéro 2 du régime, le général M.Aye, n'hésite pas à assurer que :

"la constitution sera organisé de façon systématique et juste"
mais en ajoutant ouvertement : l'armée écartera tout danger pour la nation.
Qu'entend il par là exactement, on s'en doute...

On peut lire en première page du journal officiel "New Light Of Myanmar" :

"Approuver la constitution d'Etat est un devoir national de l'ensemble de la population. Allons tous voter OUI dans l'intérêt national"

La version internet du journal n'est pas mal non plus : myanmar.com


Pour finir quant est-il des résolutions de l'ONU ?

"Le Parlement, dans une résolution adoptée ce jeudi à une large majorité, par 551 voix pour, 7 contre et 8 abstentions, déplore le fait que le processus référendaire constitutionnel soit dénué de toute légitimité démocratique. Il condamne le rejet, par le gouvernement birman, des propositions de Ibrahim Gambari, envoyé spécial de l'ONU, faites en vue de "permettre une campagne franche et sans exclusive au cours de la période préparatoire au référendum constitutionnel" (...)

Par ailleurs :

Les députés engagent instamment le Conseil à réviser et à élargir la gamme des objectifs des sanctions "

J'ai envie de dire que pour l'instant, les résolutions à l'encontre de la Birmanie n'ont pas changé la vie du peuple Birman

L'ONU vient d'appeler la junte birmane à dialoguer avec Aung San Suu Kyi mais j'ai peur que cela ne serve à rien non plus.

On peut même constater que depuis les évènements de septembre, la situation s'est aggravée..


Kathy




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