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vendredi 8 août 2008

Birmanie, L'opposition célèbre le soulèvement du 08-08-88

L'opposition célèbre le soulèvement du 08.08.88 alors que l'expert de l'ONU achève sa visite.

Plusieurs manifestations sont prévues aujourd'hui. Pour Rappel LIRE:


Par ailleurs: Plusieurs centaines de ressortissants tibétains et une cinquantaine de Birmans se sont rassemblés ce vendredi à Bruxelles

Et en Birmanie : La police birmane a arrêté une cinquantaine d'opposants qui manifestaient dans une ville de province pour marquer le 20e anniversaire des émeutes pour la démocratie. (Lire ci dessous: La police birmane a arrêté une cinquantaine d'opposants )


"...Les démocrates birmans eux non plus ne sont pas à la fête à l'heure des 8.8.8. Après les démonstrations pacifiques des moines à l'automne dernier et la répression qui s'en est suivie, le cyclone de mai passé a étalé sur la grand-place mondiale l'incurie, voire l'inhumanité (ou la déshumanisation ?) d'une junte militaire soucieuse uniquement de l'intérêt personnel de ses plus hauts gradés et de leur clientèle. Vingt ans après les tragiques événements de l'écrasement à huis clos de la révolte étudiante du 8 août 1988, la date magique des satrapes chinois sonne comme un nouveau glas pour un peuple pris en otage par une junte usurpatrice clairement désavouée par les urnes en 1990. Et à y regarder d'un peu plus près, force est de se rendre à l'évidence que si les militaires sont toujours à la tête du pays, c'est qu'ils comptent sur le soutien sans faille d'une clique au pouvoir à Pékin..." (Claude B Leveson)


Plan de ce message :

  • 1-Des étudiants birmans encore rebelles, 20 ans après le soulèvement du 8-8-88
  • 2-La police birmane a arrêté une cinquantaine d'opposants :
  • 3 L'opposition célèbre le soulèvement du 08.08.88+
  • 4-L'expert des droits de l'Homme des Nations Unies achève sa visite
  • 5- Episode Honteux de l'olympisme, par Claude B Levenson


  • 1-Des étudiants birmans encore rebelles, 20 ans après le soulèvement du 8-8-88
Une écharpe rouge, cadeau de son père, est la première chose qui vient à l’esprit de Thar Nge lorsqu’il se souvient du soulèvement populaire du 8-8-88 contre la dictature militaire en Birmanie, il y a tout juste vingt ans. L’écharpe était frappée d’un paon, symbole du mouvement étudiant ayant mené la révolte qui avait attiré des centaines de milliers de personnes dans les rues de Rangoun et d’autres villes et villages de Birmanie à partir de la « date propice » du 8 août 1988.

« Je me rappelle que je me tenais juste derrière ma mère alors qu’elle offrait de l’eau aux personnes qui participaient à ce mouvement de masse. Les gens aimaient bien me voir avec cette écharpe rouge », dit Thar Nge qui était un enfant à l’époque.

C’est le seul bon souvenir qu’il garde de ce jour historique. À la tombée de la nuit, des soldats avaient commencé à tirer sur la foule et la répression s’était poursuivie pendant six semaines, faisant quelque 3 000 morts. « J’entends encore la voix de ma mère disant “baisse-toi, baisse-toi !” au moment des tirs. » Le père de Thar Nge, maître assistant à l’université, s’était enfui après avoir participé au soulèvement. « J’ai toujours détesté les soldats depuis », confie Thar Nge. (...)

LIRE LA SUITE >>>>>>L'Orient le Jour

  • 2- La police birmane a arrêté une cinquantaine d'opposants :
La police birmane a arrêté une cinquantaine d'opposants qui manifestaient dans une ville de province pour marquer le 20e anniversaire des émeutes pour la démocratie.

Quarante-huit manifestants, pour la plupart des jeunes arborant des T-shirts marqués des chiffres "8/8/88", signe de chance en Asie, ont été arrêtés à un barrage après une brève marche dans les rues de Taunggok, dans le nord-ouest du pays. Ils entendaient commémorer le soulèvement de l'été 1988, reprimé dans le sang par la junte et qui avait fait environ 3.000 morts. (le Jdd)

A Rangoun, un important dispositif de sécurité a dissuadé les résidents de toute démonstration d'hostilité collective, hormis le port de vêtements noirs. Des chevaux de frise supplémentaires avaient été disposés près de la demeure de Mme Aung San Suu Kyi, chef de file de l'opposition, en résidence surveillée.

  • 3-L'opposition célèbre le soulèvement du 8.8.88
Le parti de la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi a qualifié, vendredi 8 août, de "tournant historique important" le soulèvement populaire du 8 août 1988 en Birmanie. Dans le même temps, d'autres dissidents du parti de l'opposante birmane pleuraient en silence les 3.000 victimes du mouvement, il y a tout juste 20 ans.

A New York, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a déploré, dans un communiqué que, vingt ans plus tard, les autorités militaires birmanes continuent de restreindre considérablement les droits fondamentaux et de réprimer violemment toute contestation.

L'anniversaire du soulèvement du 8 août 2008 coïncide avec l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin en Chine dont le gouvernement apporte un "appui crucial" au régime birman, a encore regretté HRW.
"Cet anniversaire marque un tournant historique important dans la vie politique de la Birmanie", dirigée par des juntes militaires successives depuis 1962, a déclaré à Rangoun le porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Aung San Suu Kyi, lauréate du Prix Nobel de la Paix toujours assignée à résidence.

La date symbolique du 8-8-88 avait marqué le début d'un soulèvement populaire, animé par des étudiants et qui avait attiré dans les rues des centaines de milliers de personnes à Rangoun et dans d'autres villes et villages de Birmanie.

Le dictateur Ne Win venait de se retirer, le pouvoir avait vacillé et six semaines s'étaient écoulées avant qu'un groupe de généraux ne reprenne en main la situation, au prix d'une violente répression qui a fait quelque 3.000 morts.

Aung San Suu Kyi, qui revenait à l'époque d'un exil doré en Grande-Bretagne, avait alors fédéré différentes groupes d'opposition mais avait ensuite été assignée à résidence, une situation dans laquelle elle est restée pendant la majeure partie des deux dernières décennies.

Aucune cérémonie commémorative du soulèvement du 8 août 2008 n'était prévue vendredi en Birmanie même, où les mesures de sécurité ont été renforcées, notamment la nuit, mais des opposants en exil prévoyaient de petites manifestations devant des ambassades birmanes dans le monde.

Sources : AFP via france24 + Human Rights Watch + Nouvelobs


A la veille de ce 20e anniversaire, le nouveau rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l'Homme en Birmanie, Tomas Ojea Quintana, a achevé jeudi une mission de cinq jours dans le pays

Parlant à la presse juste avant son départ, Tomas Ojea Quintana a fait état de "bons signaux". Il a dit qu'il espérait revenir en Birmanie avant mars 2009 et la présentation d'un rapport devant le Conseil des droits de l'Homme. (Lire ci dessous)

  • 4-L'expert des droits de l'Homme des Nations Unies achève sa visite au Myanmar


Selon le Centre d'actualités de l'ONU: Le rapporteur spécial du Conseil des droits de l'Homme (CDH) pour le Myanmar, Tomas Ojea Quintana, a achevé jeudi une visite de quatre jours dans le pays au cours de laquelle il a pu discuter avec des responsables du gouvernement, des représentants de partis politiques et d'organisations non gouvernementales et des prisonniers politiques.

A la fin de sa visite, M. Ojea Quintana a salué la coopération des autorités. Il a eu des « réunions constructives » avec les ministres des affaires étrangères, du travail et des affaires intérieures et a aussi rencontré le chef de la police du Myanmar, ainsi que des représentants de l'organisme national des droits de l'Homme, a précisé la CDH dans un communiqué.

Le rapporteur spécial a rencontré le Tripartite Core group (TCG), un mécanisme créé par l'Association des Nations de l'Asie du sud-est (ASEAN) pour faciliter la coopération entre le Myanmar et la communauté internationale après le cyclone Nargis. Il s'est aussi rendu dans les zones touchées par le cyclone.

A la prison d'Insein, près de Yangon, il a pu parler en privé avec plusieurs prisonniers politiques, dont U Win Tin, Thurein Aung, Kyaw Kyaw, Su Su Nway et U Gambira. Il a rencontré également des représentants de partis politiques, dont la Ligue nationale de la démocratie et la Jeunesse étudiante génération 88 (Union du Myanmar).

Tomas Ojea Quintana a enfin rencontré des représentants d'organisations non gouvernementales dont la Croix-Rouge du Myanmar, l'Association du bien-être maternel et infantile du Myanmar et la Fédération des femmes du Myanmar. Il a aussi rencontré des membres de la communauté diplomatique et l'équipe des Nations Unies dans le pays.

Le rapporteur spécial a déjà discuté avec les autorités birmanes de la possibilité d'une deuxième mission avant la remise de son rapport au Conseil des droits de l'Homme en mars 2009. Avant cette date, il a prévu de remettre des recommandations dans un rapport à l'Assemblée générale de l'ONU.

remarques : C'est bien tout cela, mais qu'en théorie car des recommandations, des rapports, des résolutions il y en a déjà eu des dizaines et à ce jour ça n'a pas changé grand chose pour les Birmans.


  • 5-Episode honteux de l'olympisme, par Claude B. Levenson
Les dés sont jetés. Ils indiquent des 8 en ribambelle - même si le chiffre porte-bonheur des responsables chinois des JO n'a pas la même signification pour une bonne partie des peuples de Birmanie sous la botte d'une junte militaire résolument fermée sur ses a priori. Entre la cérémonie voulue grandiose et hautement politique par la Cité interdite et l'écho toujours douloureusement vivace de la révolte étudiante noyée dans le sang il y a vingt ans à Rangoun, le gouffre est impossible à combler. Et pourtant : se glissant dans les interstices du temps ou les replis imprévus de l'histoire, le Tibet renvoie aujourd'hui à sa manière ce double écho.

Comme si tous les jeux étaient désormais inexorablement faits, d'aucuns dressent des constats souhaités sans appel. Si une chose apparaît cependant pour l'instant certaine, c'est que les actuels maîtres de Pékin, grands ordonnateurs d'un épisode honteux de l'olympisme moderne, n'en ont pas fini avec l'esprit toujours rétif du peuple des hauts plateaux tibétains. A preuve, le déploiement sous prétexte sécuritaire de forces hétéroclites - militaires, policières ou masquées, armées dernier cri et prêtes à en découdre - illustrant la volonté officielle de faire rendre gorge aux insoumis.

Répression et peur sont manifestes dans ce choix, de même qu'en dépit des annonces officielles, les visas pour les journalistes ou enquêteurs potentiels sur le terrain sont octroyés au compte-gouttes bureaucratique et drastiquement encadrés. Et si les responsables chinois brandissent la menace d'un hypothétique terrorisme attisé par des mécontentements divers pour justifier des précautions dignes d'un film de James Bond, les déclarations qui filtrent sur leurs intentions réelles afin de mater la moindre volonté de contestation ne laissent aucun doute : le pire est à venir une fois les Jeux achevés et les trublions potentiels étrangers repartis chez eux.

Cette manière forte fièrement revendiquée et appliquée sans état d'âme entraîne un double effet : elle conforte les dérives autoritaires de tous bords, tout en paralysant d'éventuelles velléités d'affronter crânement cette réalité déplaisante chez ceux dont le coeur balance entre le respect, ne serait-ce que de façade, de leurs propres principes et des intérêts mercantiles peu reluisants. Certains y trouvent certes leur compte, d'autres pas vraiment. Difficile de tenir tête à cette vaste campagne d'intimidation pour les uns, de répression pour les autres soumis à une loi qu'ils considèrent comme étrangère - et pourtant, résister s'impose comme seul choix de survie.

Les Tibétains l'ont bien compris, acculés dans leurs derniers retranchements pour tenter d'assurer la pérennité de leur altérité sur leur territoire ancestral et sous la botte chinoise. Ils font ce que font un jour ou l'autre tous les peuples occupés : ils saisissent la moindre occasion de donner de la voix, au risque de leur vie et quel que soit le prix à payer. Dans la communauté exilée, marches, coups d'éclat, grève de la faim illimitée, manifestations de solidarité sont autant d'appels à la communauté internationale à les aider à faire entendre raison aux autocrates chinois.

Les démocrates birmans eux non plus ne sont pas à la fête à l'heure des 8.8.8. Après les démonstrations pacifiques des moines à l'automne dernier et la répression qui s'en est suivie, le cyclone de mai passé a étalé sur la grand-place mondiale l'incurie, voire l'inhumanité (ou la déshumanisation ?) d'une junte militaire soucieuse uniquement de l'intérêt personnel de ses plus hauts gradés et de leur clientèle. Vingt ans après les tragiques événements de l'écrasement à huis clos de la révolte étudiante du 8 août 1988, la date magique des satrapes chinois sonne comme un nouveau glas pour un peuple pris en otage par une junte usurpatrice clairement désavouée par les urnes en 1990. Et à y regarder d'un peu plus près, force est de se rendre à l'évidence que si les militaires sont toujours à la tête du pays, c'est qu'ils comptent sur le soutien sans faille d'une clique au pouvoir à Pékin.

L'histoire de ces derniers temps témoigne que composer avec la dictature est un choix qui ne conduit nulle part, sauf dans le mur à échéance plus ou moins proche. Les grands du monde d'aujourd'hui prétendent lors de leurs conciliabules dans les enceintes feutrées où ils louvoient que les conditions ont changé et que la société s'est "civilisée". A chacun d'en juger. Mais à supposer que tel est le cas, comment sortir de l'impasse birmane ou faire comprendre aux despotes version contemporaine chinoise qu'il est de leur intérêt de trouver d'urgence un accommodement avec le Tibet insoumis ? Le défi est à la mesure des enjeux - planétaire, car il concerne tout un chacun. C'est à cette aune-là que jugeront les générations à venir, pourvu qu'elles en aient encore le choix...

Source : Lemonde


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