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dimanche 20 avril 2008

Birmanie, se libérer de la peur pour s’opposer publiquement à la junte

Portrait de Min Ko Naing

Birmanie, actualité au jour le jour (suite)

Les 4 Articles de ce message :
  • 1-Référendum en Birmanie: le scepticisme et la peur
  • 2-Min Ko Naing (une icône du combat pour la démocratie) actuellement détenu à la prison d'Insein ne reçoit pas de soins appropriés alors qu'il souffre d'une grave infection oculaire
  • 3-Présentation de Min Ko Naing
  • 4- Explosion de deux bombes artisanales à Rangoun, aucun blessé

  • 1-Référendum en Birmanie: le scepticisme et la peur


C'est un livre de 194 pages disponible dans toutes les bonnes librairies de Rangoun. Mais, à trois semaines du référendum sur le projet de Constitution concocté par la junte, l'ouvrage a peu de chance d'affriander une population réduite au silence et résignée sur l'issue du vote.

Alors que la propagande relayée par la presse officielle bat son plein en exhortant les électeurs à «Voter oui» le 10 mai, le scepticisme prévaut à l'égard de l'épais document réaffirmant la prépotence de l'armée.

«Pas besoin de lire ce livre. Même une femme au foyer comme moi a assez vécu sous le régime des militaires. Je pense que le but était simplement d'assurer leur pouvoir», explique Than Than une habitante de Rangoun âgée de 45 ans.

La version finale de la Loi fondamentale a été mise en vente à près d'un dollar, une somme bien trop élevée pour la majorité de la population qui peine à se procurer des biens de consommation courants.


Rappel : Truffée de subterfuges et d'exceptions le texte écarte surtout Aung San Suu Kyi, bête noire des militaires qui redoutent toujours sa popularité intacte.

Mme Suu Kyi serait empêchée d'être candidate à la présidence aux motifs controversés qu'elle a été mariée à un étranger, le Britannique Michael Aris, décédé d'un cancer en 1999, et que ses deux enfants sont des sujets britanniques. (cependant elle devrait pourvoie voter.. maigre consolation )

Avant cette consultation, toute opposition a été soigneusement réduit dans le pays. Mardi dernier dans la localité de Sittwe (ouest), au moins 23 personnes arborant des tee-shirts barrés du mot «Non» ont été arrêtés, selon la LND qui a appelé la population à rejeter «clairement et courageusement» le projet de Constitution.

Dans un pays gouverné par des juntes successives depuis 46 ans, rares sont ceux qui osent confier leur opinion et leur choix pour le 10 mai, par peur des représailles.

«Cela serait dangereux si nous votions "non", car quelqu'un pourrait nous épier dans les bureaux de vote», redoute Ye Ye, 59 ans.

Mais le sentiment dominant est bien la résignation: «Je ne pense pas qu'ils (les militaires) partiront même si le résultat est "non", mais je veux juste montrer clairement que je ne veux plus d'eux», dit cette habitante de 38 ans.

«Donc, même s'il n'y a pas grand espoir pour le "non", je voterai "non" quand même», assure-t-elle.

Source : Agence France-Presse- Rangoun

  • 2-Ko Naing, "Un symbole pour le peuple Birman et une icône du combat pour la démocratie" souffre, en prison, d'une grave infection oculaire depuis plus de 3 semaines, sans aucun soin approprié

Min Ko Naing, Célèbre leader étudiant du mouvement génération88 (ayant déjà passé plus de 17 anns en prison) a été arrêté au mois d'août 2007.
Actuellement détenu à la prison d'Insein, il a demandé récemment à l'administration pénitentiaire de pouvoir rencontrer un médecin spécialiste des yeux, mais les autorités pénitentiaires ont refusé cette demande en faisant valoir que le spécialiste n'est pas disponible avant le mois de mai 2008 !
Pendant ce temps, l'état de son œil se détériore gravement et la douleur, notamment causée par l'infection, l'empêche de dormir et même de manger..

Pour l'association d'aide aux prisonniers politiques ( AAPP) Il est très clair que le régime militaire et les autorités pénitentiaires refusent intentionnellement que Min Ko Naing soit soigné, dans le seul but de le "détruire". Les autorités militaires utilisent depuis longtemps le "refus de traitement médical" pour les prisonniers politiques, comme un outil de soumission physique et psychologique.

L'AAPP est très préoccupée par l'état de santé de cet homme, figure de proue de la lutte pour la Démocratie.

AAPP lance un appel pressant à l'ONU

Source : (Résumé en français de kathy) d'Un article en anglais de AAPP (Association d' Assistance aux Prisonniers Politique)





  • 3-Rapide Présentation de Min Ko Naing

Comme Aung San Suu Kyi, Min Ko Naing représente un symbole pour le peuple Birman et une icône du combat pour la démocratie. Min Ko Naing est apparu comme l’un des leaders du mouvement étudiant lors du soulèvement populaire de 1988, qui a réuni dans les rues à travers tout le pays des millions de personnes.

Le 28 août 1988, à Rangoon, devant une large audience, il a donné le discours fondateur de la Fédération des syndicats étudiants de Birmanie (ABFSU). Mais le 18 septembre, l’armée orchestre un coup d’Etat, et le soulèvement est bientôt réprimé dans le sang, laissant derrière lui près de 10 000 morts.

Min Ko Naing vit caché jusqu'en mars 1989, date à laquelle il est retrouvé et arrêté. A l’âge de 26 ans, il est condamné à vingt ans de prison pour avoir porté des "troubles à l’ordre et à la loi, à la paix et à la tranquillité". Il passe la plus grande partie de sa détention en cellule d’isolement et est sévèrement torturé, avant d'être libéré en novembre 2004, après quinze ans d’emprisonnement, la junte estimant qu’après tant d’années, il ne représentait plus un danger.

Pourtant, quelques mois à peine après sa libération et bien qu’il est en permanence surveillé par les agents du renseignement militaire, il reprend ses activités politiques de manière clandestine et tente d’organiser la population. Plusieurs actions suivront, jusqu'à la manifestation du 19 août et son arrestation, deux jours plus tard, à son domicile. L’armée arrête aussi Ko Ko Gyi et d’autres membres de Génération 88.

"Un symbole pour notre peuple et une icône du combat pour la démocratie"

Peu avant son arrestation, son ami Bo Kyi a eu Min Ko Naing au téléphone, qui lui a confié que Min Ko Naing savait qu’il allait être arrêté. C’est pourquoi, a-t-il dit, il se préparait mentalement à faire face une nouvelle fois à la prison et à la torture. Bo Kyi explique.

"En Birmanie, c’est le prix à payer lorsqu’on est opposant politique. Nous respectons Min Ko Naing, Ko Ko Gyi, Phyone Cho, Min Ze Ya, Htay Kywe et d’autres opposants pour leur courage. En dépit des emprisonnements qu’ils ont déjà connus, ils apprennent à se libérer de la peur pour s’opposer publiquement à la junte."

Source : Rue89

  • 4- Explosion de deux bombes artisanales à Rangoun, aucun blessé
RANGOUN - Deux bombes de faible puissance ont explosé dimanche à Rangoun sans faire de blessés, selon un responsable de la police et des témoins, faisant état de voitures endommagées et de légers dégâts matériels.

Les attentats à la bombe artisanale se sont multipliés au cours des derniers mois en Birmanie, entretenant un climat d'instabilité à trois semaines du référendum sur une nouvelle Constitution, prévu le 10 mai.

La première explosion s'est produite non loin de l'hôtel de ville. "Il s'agissait de l'explosion d'une bombe", a déclaré le policier qui, n'étant pas autorisé à communiquer avec la presse, a requis l'anonymat.

Selon lui, un taxi a été atteint par l'explosion et des vitres ont été brisées mais personne n'a été blessé.

Le policier s'est refusé à tout commentaire sur les éventuels auteurs de l'attentat. La junte au pouvoir en Birmanie avait précédemment mis en cause les rebelles des minorités ethniques dans ce type d'attentats.

La police a rapidement bloqué l'accès au quartier où l'explosion s'est produite, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Une heure plus tard, des témoins ont entendu une déflagration près d'un hôtel de luxe dans le centre-ville. "Une voiture a été touchée mais personne n'a été blessé", a raconté un habitant du quartier.


(©AFP / 20 avril 2008 17h59 via Romandie.com )


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