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samedi 12 avril 2008

BIRMANIE, TIBET : LA PEUR EST-ELLE CONTAGIEUSE ?

Bouddha était le premier bouddhiste engagé.
Il s’est engagé en prenant position contre les castes et en s’adressant aux hommes et aux femmes des conditions les plus humbles.
Il s’est engagé en accueillant au sein du sangha les femmes, les indigents, les exclus et les criminels repentis.
Il s’est engagé en indiquant qu’elles étaient les devoirs d’un dirigeant politique et en soutenant qu’il n’existait aucune distinction fondée sur la naissance.
Il s’est engagé en prônant la compassion active et l’amour universelle. Il s’est engagé en enseignant durant 40 ans pour le bien de tous les êtres, sans distinction de sexe, de caste ou de couleur.
Pratiquer le dhamma c'est un engagement envers soi même et envers les autres.
Être Bouddhiste, c’est être bouddhiste engagé.
Kathy


Ci après un article de mon amie Tinh'y (webmaster des sites Karuna et Vivre le Dhamma aujourd'hui )

Ecrit à propos de la Birmanie et de la peur de certains "Bouddhistes" de prendre position, il est toujours d'actualité et pourrait aussi s'intituler : Le simple fait d’être bouddhiste est un acte politique.


La peur est-elle contagieuse?

Les derniers événements de Birmanie ont laissé sans voix la plupart de bouddhistes occidentaux et surtout, apparemment quelques pratiquants du bouddhisme Théravada...

Que fallait-il penser ? que fallait-il croire ?

Une peur sournoise et destructrice

Bien que chacun s’en défende, on peut dire qu’il y avait là un retour sournois du religieux et du cléricalisme... Du religieux dans la mesure où le propre de la religion est d’être un phénomène social et culturel.... du cléricalisme car on s’en remettait à autrui pour son propre jugement, en l’occurrence, un moine ou une organisation ..

Cette peur n’est pas celle des coups de matraque ou de fusil, la peur de la prison, la peur d’être tué. Non il s’agit d’une peur beaucoup plus insidieuse et sournoise, mais aussi plus dangereuse. Il s’agit de la peur d’être désavoué, de ne pas être reconnu, de ne pas être dans la ligne... Une peur qui fait perdre tout jugement et discernement... Cette peur qui nous rend honteux de notre propre ressenti, de notre propre pensée, si honteux que nous en deviendrons muets...

Cette peur est la victoire de la junte sur nos esprits occidentaux...

la junte birmane peut ainsi compter sur le soutien tacite des bouddhistes occidentaux... Non qu’ils lui donnent raison, mais ils donnent tort aux moines qui ont manifesté et qui n’auraient pas du se mêler de politique. Il n’y a pas de neutralité possible en ce domaine...

Mais les boudhistes craignent la politique... Pourtant

Le simple fait d’être bouddhiste est un acte politique.

Le bouddhiste s’engage à préserver la vie sous toutes ses formes, et la préserver envers et contre tout...

Tel est le premier précepte qui détermine l’attitude de toute une vie, une attitude qui se trouvera forcément, tôt ou tard, en contradiction avec l’idéologie d’appropriation des régimes politiques en place...

Verset 5.9 Le Bienheureux dit : Quel est, ô chefs de famille, le mode de vie qui procure un profit à chacun ? Imaginons, ô chefs de famille, que le disciple noble réfléchisse ainsi : "J’aime la vie et je ne veux pas mourir. J’aime la joie et je répugne aux douleurs. Si je suis privé de la vie par quelqu’un, c’est un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi. Si, moi, je prive quelqu’un d’autre de sa vie, ce ne sera un fait ni agréable ni plaisant pour lui, car il ne veut pas qu’on le tue, et il aime la joie, et il répugne aux douleurs.
Verset 5.10 Ainsi, un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi doit être un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour quelqu’un d’autre. Donc, un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi, comment puis-je l’infliger à quelqu’un d’autre ?

Verset 5.11 Le résultat d’une telle réflexion est que le disciple noble lui-même s’abstient de tuer les êtres vivants. Il encourage les autres à s’abstenir de tuer les êtres vivants. Il parle et fait l’éloge d’une telle abstinence. Ainsi, en ce qui concerne la conduite de son corps, il est complètement pur.


Face à la junte Birmane

la situation est d’une grande clarté : une partie de la population s’enrichit en exploitant et en affamant l’autre ...

Cela ne mérite pas une grande analyse politique,le simple bons sens suffit... Face à la misère du peuple birman, aucun argument politique ou religieux ne peut justifier l’accord tacite de bouddhistes silencieux...

Face à la junte birmane il n’y a qu’une seule attitude possible... et cette attitude c’est le REFUS..

C’est NON à cette politique qui tue et qui exploite...

Toute manifestation revêtira forcément un aspect politique, mais il s’agit là d’une forme de politique qui contribue à préserver la vie. Dans ce sens on peut dire qu’il y a une manière bouddhiste de faire de la politique...

Une manière bouddhiste de faire de la politique

Cela consiste à développer notre capacité de discrimination et de discernement... Rien jamais n’est tout blanc et tout noir... les généraux de la junte sont des humains comme nous, et il ne nous appartient pas ni de les juger, ni de les supprimer, seulement de stopper leurs actes...

Ainsi que je l’ai dit plus haut la situation en Birmanie est relativement claire, quoique...

La Birmanie comporte 120 ethnies différentes et qui se font la guerre... On est donc en droit de penser qu’une démocratie à l’occidentale ne sera pas forcément la bonne solution... et c’est là que se situe la manière d’intervenir avec justesse et discernement du bouddhisme engagé... Peu importe le système politique, peu importe droite ou gauche pourvu que la vie humaine soit respectée non seulement dans son existence mais aussi dans sa dignité....


Le bouddhisme engagé,

Et même le bouddhisme tout court, c’est un engagement pour préserver la vie : la vie de tous les êtres... Ce n’est pas un engagement pour sauver une institution même pas le bouddhisme .

Le Bouddha n’a jamais demandé qu’on sauve une institution... Il savait d’ailleurs lui même que cette institution serait la première à déformer son enseignement... Ce que le Bouddha a enseigné c’est la libération de tous les êtres de la souffrance et de la mort, par la voie de la compréhension et de la pratique du Noble Octuple Sentier.

Si le Bouddha revenait aujourd’hui, je ne crois pas qu’on lui offrirait des fleurs et de l’encens, qu’on l’honorerait avec des lumières, je crois qu’on lui dirait simplement qu’il n’est pas un bon bouddhiste...


Cette peur qui nous fait douter

n’est pas ce que le Bouddha nous a enseigné. Le Bouddha nous a enseigné à trouver notre liberté intérieure :

Le Bouddha dit ensuite : Le doute n’est pas une chose que quelqu’un d’autre peut résoudre à notre place. L’autre ne peut que nous expliquer en quoi consiste le doute ; à nous ensuite d’appliquer cela à notre propre vécu et d’en avoir une connaissance directe par nous-mêmes.(...)


Le Bouddha ne faisait pas l’éloge de ceux qui se bornent à croire ce qu’on leur dit, de ceux qui se fient aux paroles des autres et se laissent enthousiasmer ou déprimer par elles. Une fois que l’on a compris ce que quelqu’un a dit, on doit lâcher prise parce que ces paroles ne sont pas nôtres et qu’il ne faut pas s’y accrocher. Même si elles sont vraies. elles le sont pour celui qui les a prononcées. Si nous ne les étudions pas et ne les rendons pas justes dans notre cœur, elles ne deviendront jamais vraiment justes pour nous et les doutes ne cesseront jamais.

La peur est un poison mortel, elle aveugle l’esprit. La peur de ne pas être reconnu, aimé choyé, encensé, approuvé, la peur d’être rejeté entraine le disciple sur les voie de l’égarement loin de la voie de la libération et de la vision pénétrante...

la vertu (sila) et le discernement sont les qualités essentielles du disciple du Bouddha...

Dans le bouddhisme pāli (ou bouddhisme théravava, qui est très différent du bouddhisme tibétain- ndlr) n’existe guère de place pour un culte du gorou . Il est vrai que dans les pays où le bouddhisme pāli est toujours vivant, il y a des maîtres qui enseignent la méditation et ceux qui font des prédications. Mais en aucune façon ils ne se présentent comme des bouddhas ou les émanations des anciens maîtres.

Ces prédicateurs ne sont pas placés non plus sur de hauts piédestaux mythologiques.
Les maîtres sont respectés en tant que conseillers spirituels, mais eux et leurs élèves ne sont que les disciples du Bouddha.

Dans ce bouddhisme-là, les fidèles laïcs hommes (upāsaka) et femmes (upāsikā) sont également considérés comme disciples du Bouddha, mais non pas comme les disciples de tel ou tel maître bouddhiste. (...)


La compassion ne connait pas la peur

Elle est écoute, reconnaissance, action, engagement, don de soi et de sa propre vie... Il n’y a pas de limite à la compassion...

Car la compassion véritable est libérée de tout désir de soi, de tout désir d’appropriation, de reconnaissance...

La compassion véritable agit sans que personne ne soit à l’intérieur de cette action... C’est une action sans acteur... pour reprendre quelques phrases des textes chrétiens on peut dire que « la main droite ignore ce que donne la main gauche ».. . ou bien que l’on « agit comme n’agissant pas »...

La compassion est au dessus de toute peur, de tout jugement,...

En manifestant notre désapprobations de l’injustice nous sommes tout autant au service de la victime que du tyran... C’est un éveil de l’esprit pour qui veut l’entendre..


La compassion est ACTION

Et revendication, : une revendication au respect de la vie, une revendication sans bémol, sans état d’âme... la compassion véritable c’est l’acte pur...

Vouloir avoir de la compassion sans action et sans revendication c’est tout simplement être compassé... et ce n’est vraiment pas la même chose... L’être compassé n’a pitié que de lui même... il a pitié de l’écho que réveille en lui la douleur d’autrui, il pleure la douleur que lui fait la douleur de l’autre...

La compassion véritable est au delà de la douleur, du ressentiment, elle agit sans passion, alors elle peut être revendicative... une revendication calme et sereine, sans violence... mais d’une fermeté absolue et sans compromission...

Elle ne se courbe ni devant le bourreau, ni devant le tyran, ni devant son père ou sa mère, ni devant les institutions religieuses... Elle avance libre et sereine pour une seule chose, une chose unique : le bien de tous les êtres..

Source : Tinh'y pour Vivre le Dhamma Aujourd'hui


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