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mardi 8 avril 2008

BIRMANIE, les valeurs d’Aung San Suu Kyi


Je ne crois pas dans une lutte armée pour la raison suivante : elle perpétuera la tradition selon laquelle celui qui manie le mieux les armes manie le pouvoir. Même si le mouvement démocratique devait triompher par la force des armes, cela laisserait dans les esprits l’idée que quiconque dispose d’un armement supérieur pourra vaincre en définitive.
Cela ne saurait aider la démocratie.
Aung San Suu Kyi


LA PEUR
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  • Quelles sont les valeurs d’Aung San Suu Kyi ?

(LIVRE : Ma Birmanie : Aung San Suu Kyi, Conversations avec Alan Clements)


« La peur est une habitude. Je n’ai pas peur. »

Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, est la plus célèbre dissidente politique du monde.

D’où puise-t-elle la conviction et la force qui, depuis près de vingt ans, lui permettent de poursuivre avec un héroïsme tranquille le plus inégal des combats contre la junte au pouvoir en Birmanie? Avec une clarté et une simplicité remarquables, elle l’explique longuement dans
« Ma Birmanie », qui réunit une série de conversations avec Alan Clements et qui est à la fois d’une brûlante actualité et d’une philosophie intemporelle.

Alan Clements rappelle brièvement l’histoire d’Aung San Suu Kyi.(...)

Le 20 juillet 1989, elle est placée en résidence surveillée alors que d’autres dirigeants de son parti, la NLD, sont emprisonnés. Et le 27 mai 1990, la NLD remporte les élections avec plus de 80% des suffrages! Libérée le 11 juillet 1995, au bout de six ans, elle est de nouveau mise en résidence surveillée.

C’est au cours de cette brève période de liberté, entre octobre 1995 et juin 1996, qu’Alan Clements la rencontre chez elle à Rangoon. Nous savions parfaitement, écrit le journaliste-écrivain, que chacune de nos conversations pouvait être la dernière.

Dans un des chapitres de « Ma Birmanie », ASSK souligne qu’il est de son devoir de dire ce qui doit l’être puisqu’elle est représentante d’un parti politique œuvrant pour la démocratie:

« Ne pas critiquer, cela laisse entendre que vous ne trouvez rien à redire, auquel cas il n’y a pas lieu de réclamer un changement, ou bien que vous savez qu’il y a des choses qui ne vont pas mais que vous avez trop peur pour en faire état

A une question d’Alan Clements, elle précise que ses critiques ne sont pas animées par le ressentiment et qu’elle veille toujours à ne pas porter d’attaques personnelles.

Dans « Nous sommes toujours prisonniers dans notre propre pays», elle dit pourquoi elle refuse la voie armée :

« Je ne crois pas dans une lutte armée pour la raison suivante : elle perpétuera la tradition selon laquelle celui qui manie le mieux les armes manie le pouvoir. Même si le mouvement démocratique devait triompher par la force des armes, cela laisserait dans les esprits l’idée que quiconque dispose d’un armement supérieur pourra vaincre en définitive.

Cela ne saurait aider la démocratie. »

Dans un pays qui compte environ cinq mille monastères, où vivent un million et demi de moines et de nonnes, comment ces derniers pourraient-ils aider le mouvement démocratique?

Esquissant ce qu’elle appelle un « bouddhisme engagé », ASSK déclare qu’ils pourraient encourager chacun à oeuvrer pour la démocratie et les droits de l’homme, et tenter de persuader les autorités d’entamer le dialogue. On sait aujourd’hui que son appel a été cruellement entendu, car les récentes manifestations des moines ont été réprimées dans le sang…

Dans l’un des chapitres les plus philosophiques du livre, lorsque Alan Clements lui demande s’il lui arrive de prendre du recul par rapport à l’immédiateté de la lutte, elle révèle qu’elle contemple sa mort:

« C’est un moyen de vous mettre en retrait du présent, des préoccupations immédiates du monde dans lequel vous êtes engagé, en comprenant à quel point vous êtes insignifiant dans l’ordre des choses – dans le tourbillon du samsara. Et pourtant, vous êtes essentiel à votre place, même si vous n’êtes pas de grande importance. Tout le monde est essentiel. Mais vous devez avoir une vision équilibrée de votre place dans le monde. »

Un peu plus loin, ASSK explique pourquoi tant de dirigeants politiques croient en une séparation « artificielle » entre l’économie et les droits de l’Homme:

« C’est parce que certains systèmes qui ne sont pas ce qu’on pourrait appeler tout à fait démocratiques sont parvenus à la réussite économique. De là est née une école de pensée affirmant que la réussite économique est en total divorce avec les libertés politiques. Mais, à mon avis, il y a d’autres raisons à la réussite économique. »

Prenant le cas de Singapour, elle avance que sa réussite économique est due à son gouvernement intelligent et honnête, et à son excellent système éducatif, et non pas au fait qu’il n’est pas tout à fait une démocratie.

Une question qu’on ne peut s’empêcher de poser à ASSK : Et la peur durant toutes ces années en résidence surveillée ?:

« Pourquoi aurais-je dû avoir peur ? Si j’avais vraiment eu si peur, j’aurais fait mes bagages et je serais partie, parce qu’ils m’en ont toujours offert la possibilité. C’est parce que j’ai vécu dans des pays libres une grande partie de ma vie que je ne suis pas facilement effrayée. La peur est une habitude.

Les gens sont conditionnés à avoir peur.

Je n’ai pas peur. »

Source : lexpress - LIVRE : Ma Birmanie : Aung San Suu Kyi, Conversations avec Alan Clements, (Traduit de l’anglais ), Editions Stock, 406 pages, 2008

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