-Pour info : (Depuis le mois d'avril 08) Mes résumés, analyses, traductions, remarques,  et réflexions personnelles sont en bleu. Les articles, dépêches, rapports, résolutions ou citations sont en noir

jeudi 28 février 2008

Exploitation de la Main d'oeuvre Birmane en Thaïlande





Andrew Higgins, du Wall Street Journal, a réalisé un reportage sur l’utilisation de la main d’œuvre birmane en Thaïlande.

En voici quelques extraits (que j'ai trouvé sur le blog énergie, voir lien en fin de message)


La Connexion Birmane


Myawaddy, Myanmar. Au nord de cette ville frontière, six jours par semaine, une cohorte de jeunes femmes descend péniblement un chemin boueux pour grimper à bord d’un bateau métallique qui va leur permettre une très courte traversée de la rivière Moei, étroite et boueuse frontière entre le Myanmar et la Thaïlande.
Ces femmes, victimes de la ruine économique de leur pays, dirigé par le plus coriace des régimes dictatoriaux, sont sur leur trajet pour aller travailler dans une usine thaïlandaise, située de l’autre côté de la rivière.
Le soir venu, très tard, elles feront le chemin inverse pour rentrer au Myanmar.
Ce va et vient assure la main d’œuvre de l’ensemble d’une industrie textile dont les forces reposent à la fois sur la misère de cette nation, auparavant connue sous le nom de Birmanie, refuge de légions de travailleurs désespérées, et sur la passion de l’Amérique pour la lingerie à bas coût.
Elles travaillent pour « Top Form Brassiere (Mae Sot) Co » une unité d’une compagnie de Hong Kong, la Top Form International Ltd. La plupart des six millions de soutiens-gorge commercialisés cette année sous des noms tels que Maidenform ou Vanity Fair proviennent de cette usine située le long de la rivière Moei.
L’étiquette mentionne « Made in Thaïland » bien que la plupart de la main d’œuvre soit birmane.
Le directeur de l’usine Top Form, un américain de 32 ans, explique que ces boulots permettent aux affamés du Myanmar de ramener au foyer trois dollars par jour. « Ils n’ont aucun revenu, aucune nourriture, rien » dit-il, en dehors de son usine, à quelques miles de la ville Thaï de Mae Sot.

Le Myanmar isolé, où les dirigeants militaires ont écrasé les protestations pacifiques dirigées par des moines boudhistes, offre un exemple accablant de travail transfrontalier imposé par les pressions questionnables du commerce international.

La mondialisation se fourre dans tous les coins et recoins les plus reculés et les plus politiquement toxiques de l’économie mondiale. Les sanctions des USA et de l’Europe dissuadent la plupart des Compagnies occidentales de s’installer au Myanmar. Mais le long bras du commerce contourne ces barrières, en des lieux comme cette zone frontalière, en aspirant de la main d’œuvre dans les pays limitrophes.

Le Myanmar pose aussi une question d’éthique pour les Occidentaux préoccupés par le rôle que les Multinationales peuvent jouer en soutenant des régimes crapuleux.
Le Myanmar est comparable à une décharge « économique » dans laquelle nombreux de ses quelques 56 millions d’habitants auraient soif de boulots que peu auraient envie de faire. (...)

L’ancienne colonie britannique a été autrefois le premier exportateur de riz du monde, avec une économie prometteuse. Les militaires prirent le pouvoir en 1962 et lancèrent un mouvement d’indépendance en mettant la main sur les entreprises et en expulsant les hommes d’affaires indiens.

Les dirigeants militaires vers la fin des années quatre-vingts commencèrent à courtiser les investissements étrangers et le commerce qui se développa avec les voisins asiatiques. Mais la politique répressive continua à stigmatiser les relations avec l’Ouest.
Dans les années récentes, les prix croissants de l’énergie accrurent les recettes du Myanmar, tirées du gaz naturel. Le régime utilisa alors une large partie de cet argent pour édifier une nouvelle capitale et subventionner les carburants.

Ici à Myawaddy, une grosse ville frontière, les échoppes vendent de l’ail du pays et autres produits, mais ils elles sont approvisionnées presque entièrement en produits venant de Thaïlande ou de Chine. Myawaddy dispose d’une poignée de routes pavées et de peu de voitures. L’électricité est aléatoire. Les emplois sont encore rares.

Le principal employeur, un gros fabricant de vêtements, a plié boutique il y a plusieurs années, fautes de commandes, en partie en raison des sanctions US et européennes. La plus grosse entreprise est maintenant une distillerie, Grand Royal Whisky, qui produit à tout va un tord-boyaux alcoolisé à 1$ la bouteille. La contrebande avec l’autre côté de la rivière est la principale industrie florissante.

Le Myanmar « est en train de pourrir comme un poisson mort », dit Saw Sei (..) 39 ans qui, la semaine dernière, est venu de Myawaddy à la ville Thaï de Mae Sot par le pont « de l’Amitié ».
Pour démarrer ce qu’il espère être une nouvelle vie, il a emprunté l’équivalent de 15$ à des amis, à 10% d’intérêts mensuels, et affirme qu’il acceptera n’importe quel travail en Thaïlande pour 1,5$ par jour ou plus.
Le désespoir économique du Myanmar qui s’est amplifié avec la montée des prix des carburants et du gaz de chauffage, a été le catalyseur du mouvement de protestation. Il poussé au moins cent mille personnes, ou peut-être deux ou trois fois plus, à chercher du travail de l’autre côté de la frontière, dans la région de Mae Sot.
Au total, plus de deux millions de gens du Myanmar sont supposés travailler en Thaïlande, avec peut-être un quart d’entre eux munis de documents de travail.

Aucun commentaire: