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samedi 3 mai 2008

Birmanie, survivre dans la dignité

MISE A JOUR AU 4 MAI



4 mai
  • Birmanie, un non lieu
Cela arrive parfois, on en parle, un peu, très peu, voire pratiquement pas. C'est qu'il y a des dictatures modèles. Modèle je veux dire au sens qu'elles savent rester discrètes.

Elle ne prétendent pas au prix Nobel de la pacification à l'arme lourde, ni à l'atome crochu avec les autres pays et encore moins aux rodomontades habituelles de leurs dirigeants plus éclairés par la lumière verte du dollar que par les valeurs de la démocratie.


C'est ainsi en Birmanie. Un modèle de dictature passe partout, teinte en vert de gris pour se fondre dans la masse des pays qui oppriment leur peuple.

Mais qui oppriment en silence. Un silence assourdissant qui revient en échos de nos pays plus habitués à se demander ce que fait l'opposition que de savoir ou elle croupit en détention.

Comme Aung San Suu Kyi, 62 ans dont 15 en détention parce que son parti "la Ligue nationale pour la démocratie", avait obtenu 80 % des voix lors des premières et seules élections libres du pays en 1990.

D'ailleurs le parlement ne s'est jamais réuni. Un parlement fantôme comme la communauté internationale qui revient régulièrement dire que " ben, bon on a essayé de la faire libérer, mais que bon, ben on a pas réussi" et qui retourne vaquer à ses occupations.

Comme si la Birmanie finalement n'existait pas, comme si c'était un non lieu.


Un non lieu comme celui obtenu par Total le 28 mars 2007 et qui était accusée par quatre birmans de "soutien logistique et financier à la junte militaire responsable d'actes de torture, de déplacement forcé de population et de travail forcé"

Un non lieu, comme l'État Kayah, au nord-est de l'État Karen (Kayin), que le ministère des affaires étrangères dans ses "conseils aux voyageurs" sur son site internet déconseille de visiter suite à des rébellions fréquentes.
Et pour cause, cela fait 40 ans (depuis l'installation de la junte militaire au pouvoir) que les karens la combattent. Environ 120.000 d'entre eux ont fui la répression birmane depuis 15 ans et vivent dans des camps ou le dénuement est à l'aune des aides internationales, le long de la frontière thaïlandaise qui tente de refouler ces réfugiés.


Un non lieu comme ces geôles ou sont détenus plus d'un millier de prisonniers politiques

La Birmanie n'existe donc pas, comme ces manifestations de moines bouddhistes de septembre dernier puisqu'on n'en à quasiment pas parlé.

Des moines déjà victimes de la répression en 1990, alors qu'ils s'élevaient contre la junte au pouvoir qui refusait de reconnaitre sa défaite aux élections, et qui aujourd'hui manifestent contre le coût de la vie quitte à prendre de plein fouet les coups de l'armée...


Un non lieu enfin parce le 10 mai prochain, un référendum, auquel il est interdit sous peine de prison de manifester son hostilité, sera organisé par la junte birmane qui qualifie cet ersatz de vote "d'étape vers la démocratie" alors qu'il va juste perenniser son pouvoir.

Deux exemples parmi d'autres : un quart des sièges du futur "parlement" seraient réservés à des militaires désignés par le commandant en chef (là c'est Ubu roi), trois ministères dévolus d'autorité à des militaires (l'Intérieur, la défense et les affaires frontalières...un hasard dans doute) et cerise sur le gateau une clause interdirait à Aung San Suu Kyi de se présenter aux éléctions parce qu'elle a été mariée avec un étranger...


Un non lieu, n'entraine pourtant pas l'absolution. Dans le cas de la Birmanie, il ne montre que de l'indifférence ou de l'impuissance. Voire les deux.

PS : Pendant ce temps, le cyclone Nargis a fait au moins 240 morts dans ce pays qui n'existe pas puisque personne n'en a parlé, mais il est vrai que le monde à d'autres dictatures à fouetter...
Source : mediapart

3 mai
  • Pas facile de Survivre dans la dignité
Comme le souligne le rapport de la Confédération Syndicale Internationale, à l’heure actuelle, la pauvreté en Birmanie est omniprésente et dramatique et la survie dans la dignité devient un objectif de plus en plus difficile à atteindre.
Il est bon de rappeler que 95% de la population vit avec moins d’un dollar US par jour et que 90% vit avec moins de 65 cents par jour.

Tin Tin Khaine, maraîchère de 29 ans qui a participé aux manifestations de septembre et a été interviewée par la CSI en automne 2007, résume l’actuelle situation socio-économique de la Birmanie de la façon suivante:

"Nous vivons dans la misère. Les travailleuses comme moi à Shwepyitha, même si elles ont un emploi, ne peuvent pas manger deux repas par jour. Elles ne peuvent se permettre qu’un seul repas par jour et même pour cet unique repas elles doivent trimer durement"

Un médecin explique que "Les femmes préfèrent quitter la campagne pour se rendre à Rangoon, où elles peuvent gagner environ 1.000 kyats (moins d’un dollar US) en travaillant dans un bar karaoké ou un salon de massage. L’étape suivante consistera à devenir une travailleuse du sexe."

Tandis que la majorité de la population peine à joindre les deux bouts au milieu d’une pauvreté absolue, des villes comme Rangoon et Mandalay ont été transformées et voient à présent surgir une profusion de nouvelles maisons d’habitation, d’immeubles d’appartements, de gratte-ciel, de centres commerciaux luxueux, de somptueux immeubles de bureaux, de restaurants, d’hôtels et de voitures d’importation.

La junte vient récemment de consacrer une partie des bénéfices dérivés de ses projets de développement du gaz naturel, à la construction d’une nouvelle capitale répondant au nom de Naypyidaw et bâtie au milieu de ce qui était encore récemment une jungle.
Ce projet aurait été élaboré essentiellement pour des raisons de sécurité. En effet, la nouvelle capitale est située loin des foyers de manifestation potentiels.


En savoir plus: Lire l'Introduction de ce rapport et le télécharger

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