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jeudi 14 février 2008

La Révolte des moines a t'elle changé quelque chose?



Du 12 au 14 décembre 2007



Plan de ce message: 4 rubriques:


1) Intervention du Vénérable ASHIN NAKAYA à la Commission des Etats-Unis, pour la liberté des religions dans le monde

2) Réflexions personnelles: La révolte des moines a t'elle changé la situation ?

3) Articles et Reportages (suite) : Mise à jour au 14/12:
  • dernier article = Une association bouddhiste parle d'au moins 70 morts en Birmanie

4)Appel (info-birmanie): « Usez de vos libertés pour promouvoir les nôtres » -Aung San Suu Kyi


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1) Intervention du Vénérable ASHIN NAKAYA à la Commission des Etats-Unis, pour la liberté des religions dans le monde.

Le Vénérable ASHIN NAKAYA est membre dirigeant de l’Organisation Internationale des Moines Birmans

« Je vous remercie de me permettre de prendre la parole devant la Commission américaine sur la liberté des religions dans le monde. Je suis un moine bouddhiste birman, professeur invité par l’Université de Columbia, à New York. Je suis venu ici pour être le porte parole de mes camarades moines et être la voix du peuple de Birmanie, qui a longtemps été privé de toutes libertés, notamment de la liberté religieuse.

Le monde entier a été témoin du terrible régime de dictature que nous devons endurer. Grâce à l’aide des médias internationaux, tout le monde a pu voir la brutalité de la répression. Le régime militaire a tué des manifestants pacifistes. Ils ont tués des moines, qui sont très respectés par le peuple, car le bouddhisme est la religion principale de la Birmanie. Ils ont vidé des monastères, qui ne sont pas seulement des lieux de cultes et d’activités religieuses, mais également pour l’éducation, le maintien de la culture, et les soins des malades du sida et la prise en charge des orphelins. Les militaires de la junte ont agressé des moines, les ont battus, les ont forcés à quitter la robe.

Ils ont commis des crimes contre l’Humanité, et ces dernières brutalités resteront comme une grande tragédie dans la longue histoire du bouddhisme monastique .Ce régime tyrannique a commis ces atrocités sous les yeux du monde, sans états d’âme. Ils sont sans vergogne, cherchant seulement à opprimer davantage le peuple pour les décennies à venir.

Nous sommes tous profondément préoccupés par le sort de nos camarades moines, notamment de U Gambira qui a dirigé la récente protestation en Birmanie, ainsi que de tous les autres prisonniers politique. J’espère que les gouvernements et l’Organisation des Nations Unis vont immédiatement faire pression sur le gouvernement militaire pour faire en sorte que le CIRC puisse rencontrer ces détenus et que ceux-ci soient libérés dès maintenant.

Je souhaite vous dire : l’autorité spirituelle de la Birmanie réside dans le Dhamma (l’enseignement du Bouddha). Le Dhamma en Birmanie est à la fois protégé et pratiqué tout d’abord dans le cœur et dans l’esprit des moines et des religieuses de notre pays. Bien sûr, les Laïcs pratiquent aussi le Dhamma. Mais le symbole de l’espoir dans notre société est le Sangha (la communauté monastique).

Le Sangha, l’ordre religieux des moines, a toujours été l’image de la Birmanie depuis que le bouddhisme a été introduit dans le pays et son influence se retrouve partout depuis les collines parsemées de pagodes, les moines dans leurs robes jaune safran, et les monastères qui partout participent à la vie des villages et de leurs institutions. A l’heure actuelle le Sangha est l’ennemie du régime. Si cela continue, sans réponse, de nouveaux affrontements sanglants sont inévitables. Notre obligation spirituelle est la Liberté et non le silence et la soumission.

Nous sommes à un moment critique des évènements. Ce que nous savons, c’est qu’un certain nombre de monastères a été fermé. D’autres ont été vidés. La plus angoissante questions est : Que sont devenus les moines ? Nous nous demandons aussi : Où est passé le tollé mondial ? Une intervention de la communauté internationale, forte et efficace, est nécessaire d’urgence. Il s’agit d’une prise de conscience morale des Américains et de tous qui est nécessaire.

La Révolution de Safran n’a pas été une bataille pour le pouvoir, mais un conflit entre la paix et la morale d’un côté et la répression politique de l’autre. La participation à cette protestation spirituelle est justifiable dans le bouddhisme. La motivation religieuse de la Révolution de Safran, cette révolution bouddhiste de la conscience, a été et continue d’être le soucis de la paix. Tout au long de l’histoire birmane, quand le pays était en crise ou quand le peuple devait faire face aux périls, les chefs spirituels ont toujours joué un rôle important dans la création et le maintien de la paix et de la stabilité dans la société. Mais les moines sont, aujourd’hui, confrontés à de grands défis.

L’existence même de la vie monastique est détruite par le régime militaire et nous devrons faire face à une nouvelle effusion de sang, si la communauté internationale et, notamment l’ONU, ne peut pas trouver un moyen collectif et efficace pour faire cesser les exactions commises par ce régime malveillant. Tant que le Conseil de sécurité de l’ONU ne pourra faire entrer la junte dans un processus de dialogue avec l’opposition démocratique, représentée par Daw Aung San Suu Kyi, pour une transition pacifique vers la démocratie, la révolution spirituelle des moines et du peuple se poursuivra et une autre répression brutale est inévitable.

La lumière du Dhamma est notre guide dans cette expression de la profonde révolution spirituelle qui inspire le cœur de millions de gens à travers le monde. La lumière de votre dignité et de votre engagement pour la liberté est la source de notre force. La non-violence est notre voie, et nous resterons pacifiques en toutes circonstances. Nous restons fermement convaincus que notre attachement au Dhamma vaincra ces dirigeants injustes en Birmanie.

Nous restons fermes dans notre engagement en faveur de la liberté dans notre pays et de la liberté dans nos cœurs. Toutes ces valeurs que vous, Américains, chérissez tant. Une seule question demeure : Quel sera le cout de cette liberté ?

Enfin, je voudrait remercier le président Bush, son épouse, le Congrès et le Peuple américains pour leur soutien à notre lutte et je voudrais demander au président de faire de la Birmanie son héritage pour la liberté. »
(Traduction de Isara)

Merci à Isara pour sa traduction pour le site Karuna






2) Réflexions...La révolte des moines a t'elle changé la situation ?


Il y a quelques temps encore, on pouvait se poser la question de savoir si les moines et le peuple Birman; pour lequel les Moines sont sortis dans la rue; avaient une chance de sortir victorieux de ce bras de fer avec la Junte ?

Il s’agissait d’une très sérieuse contestation nationale, la première depuis la crise de 1988.

Contestation nationale et même une revendication. Une revendication à la fois démocratique (contre la dictature en place) et à la fois sociale (contre la vie chère).

Les moines se sont opposés ouvertement à la junte et c’était d’autant plus important que ce pays est un pays Bouddhiste ( de la tradition théravada)

La Birmanie est tout entière dédiée à Bouddha, le monastère est le lieu où se perpétue sa parole, la pagode proclame l'achèvement de sa voie. De la plus simple demeure aux anciennes fondations royales, son image est partout présente.

L'osmose est telle entre la doctrine Bouddhique et la Birmanie, dans son histoire comme dans son quotidien que Heinz Bechert a pu écrire être Bouddhiste, c'est être Birman.


Ce n’est pas la première fois que les moines manifestaient leur mécontentement vis à vis du régime.
En 1988, lors d’un important soulèvement populaire réprimé dans le sang, les moines avaient joué un rôle de coordination dans les manifestations. Des centaines d’entre eux avaient d’ailleurs été arrêtés et emprisonnés

Ces deux pouvoirs se font fait face; le pouvoir des armes d’un côté et le pouvoir moral de l’autre. Le dhamma d'un côté et le "ahdhamma" (injustice) de l'autre.


La "révolte" des moines est intervenue alors que la junte avait promis une nouvelle constitution, qui était, soit disant, déjà en cours de rédaction.

« Bien que celle-ci vise simplement à instaurer une démocratie en uniforme en assurant le maximum de pouvoir aux militaires, la population birmane avait accepté l’idée que c’était toujours mieux que rien. »

Cette "révolte" des moines et du peuple Birman, a t'-elle changé la situation ?

Oui! car la junte s'est sentie menacée par l'irruption des bonzes dans ce mouvement.

Malheureusement, on peut penser qu’elle n’a pas réussi ou tout du moins qu’elle a été arrêté avec violence dans son élan.

La junte est habituée à réprimer tout mouvement "pro-démocratie" et n’a jamais hésité à le faire dans le passé.
Elle a montrée, une fois de plus, par la violence de sa répression, qu'elle était déterminée à tout faire pour rester en place et que rien ne la détournerait de son "carnet de route".

Aujourd’hui, le silence médiatique ne doit pas devenir le complice de la Junte.

On ne peut plus ignorer ce qui s’est passé durant la terrible répression de ces derniers mois.

Le rapport accablant qui vient d’être déposé par le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme, Paulo Sergio Pinheiro, ne laisse plus aucun doute ( voir ci après)

Mais tous ces morts, toutes ces personnes arrêtées et torturées, ne pouvait-on pas l’éviter ?

Tout le monde savait ce qui se passait dans ce pays depuis des années, mais tout le monde fermait les yeux.

C’est pour nous les ouvrir que le peuple Birman est sorti dans la rue au péril de sa vie.

Aujourd’hui, la junte reprend tranquillement le travail sur sa « Constitution » tout en excluant toute participation d’Aung San Suu Kyi et de son parti à la rédaction de cette nouvelle Constitution. J’ai envie de dire : excatement comme si de rien était.....


Alors qu’est ce qui a changé véritablement depuis les manifestations ?

  • La communauté internationale a dans un premier temps "déploré", puis enfin "condamné" cette répression...
  • Des nouvelles sanctions ont été mises en place...

Concrètement ça change quoi pour le peuple Birman ?

Pas grand chose pour l'instant : La même misère, la même absence totale de liberté, les prisonniers politiques sont toujours détenus et torturés dans les prisons.

Mais surtout, la Junte continue de dire haut et fort que tout cela "relève de ses seules affaires internes " et que de ce fait, la communauté internationale n'aurait pas dû s'en mêler!

Pour que tout cela n'ai pas servi à rien, pour que surtout, tout ne redevienne pas comme avant cette "révolte", il appartient dorénavant à la communauté internationale, de continuer le "travail" accompli par les moines et par le peuple Birman.

Mais ce "travail" de la communauté Internationale devra se faire de manière pacifique.

On impose pas une démocratie par la force.

Kathy (J'ai écris cet article aussi pour l'Edito du site karuna)




3) Articles et Reportages (suite)


Le 14 décembre

  • Une association bouddhiste parle d'au moins 70 morts en Birmanie
Près de trois mois après la répression du mouvement démocratique en Birmanie par la junte au pouvoir, une association bouddhiste fait état d'un bilan de près de 70 tués, soit bien plus que les estimations fournies par l'ONU qui étaient de de 31 morts.

CANBERRA (Reuters) - Le bilan des décès dus à la répression du mouvement démocratique de septembre par la junte militaire birmane est bien plus élevé que l'estimation fournie par l'Onu et de nombreuses personnes sont toujours portées disparues, ont affirmé des militants d'une association bouddhiste à leur retour du Myanmar.


Une délégation de quatre personnes, qui se sont fait passer pour des touristes, s'est rendue au Myanmar pour rendre compte de la situation dans l'ex-Birmanie après la violente répression du mouvement de contestation.

Les quatre délégués ont pu s'entretenir avec des militants birmans qui ont fait état d'au moins 70 morts, un chiffre bien plus élevé que le bilan établi par l'Onu à 31 morts.

"Le régime a beaucoup de difficultés à présenter la situation comme de nouveau normale, et elle est tout sauf normale, car il y a tellement de pression et de mesures sécuritaires", a déclaré à Reuters l'Australienne Jill Jameson, membre de l'association Buddhist Peace Partnership (Association bouddhiste de la paix).

La répression des manifestations pacifiques, les plus importantes depuis 1988, a provoqué un tollé international et donné lieu à des appels à un durcissement des sanctions contre le régime birman.

Le rapporteur spécial de l'Onu, Paulo Sergio Pinheiro, a déclaré cette semaine qu'au moins 31 personnes avaient été tuées lors de la répression. Les médias officiels parlent de 10 morts.

Jameson s'est rendue au Myanmar avec deux Thaïlandais et un prêtre américain. Ils ont pu parler avec des militants des droits de l'homme, des moines, des organisations humanitaires et des travailleurs sociaux à Rangoun et à la frontière entre la Thaïlande et l'ex-Birmanie.

CRÉMATIONS SUSPECTES

"Une source sûre nous a dit que 70 personnes avaient été tuées après les manifestations alors qu'elles étaient en détention", a dit Jameson. "On nous a dit que les crématoriums fonctionnaient aux premières heures de la journée entre une heure et quatre heure du matin".

Cela confirme les informations rapportées par Pinheiro qui a dit que des corps, apparemment ceux de moines, avaient été brûlés dans des conditions suspectes dans un crématorium de Rangoun, apparemment dans le but de cacher la vérité sur le nombre de personnes tuées.

"Un moine professeur d'anglais dans une école monastique et un orphelinat (...) nous a dit qu'il n'y avait plus aujourd'hui que 15 moines, 35 novices, 12 professeurs et 80 élèves en pension", a indiqué Jameson.

"Avant septembre, il y avait 200 moines et novices dont on n'a plus entendu parler depuis qu'ils ont participé à la 'révolution'", a-t-elle ajouté.

Avant les manifestations et la répression qui a suivi, le Myanmar comptait environ 500.000 moines et novices. Beaucoup ont disparu, selon des associations de défense des droits de l'homme.

Sur la base de nombreux témoignages, l'organisation Human Rights Watch a accusé ce mois-ci l'armée birmane d'avoir tiré à balles réelles sur des groupes de civils en fuite et d'avoir frappé les personnes interpellées.

Rob Taylor, version française par Gwénaelle Barzic


13 décembre

  • Un dissident inculpé de troubles à l'ordre public en Birmanie
RANGOUN (Reuters) - La junte militaire au pouvoir au Myanmar a inculpé un dissident interpellé en août pour avoir manifesté contre la baisse du niveau de vie de troubles à l'ordre public, rapporte son avocat.

Ko Htin Kyaw, 40 ans, avait scandé pendant trois minutes des slogans hostiles à la junte en compagnie d'un autre homme avant d'être maîtrisé et emmené par des hommes en civil.

Il a déjà été interpellé à quatre reprises pour des manifestations similaires lors desquelles il a réclamé une amélioration des conditions et critiqué la junte au pouvoir dans l'ex-Birmanie.

Le dissident observe une grève de la faim depuis deux semaines en prison pour demander la libération des moines et des manifestants interpellés lors de la répression du mouvement de contestation de septembre durant lequel jusqu'à 4.000 personnes ont été arrêtées et au moins 31 autres tuées selon l'Onu.

Il devrait comparaître devant un tribunal la semaine prochaine et risque deux ans de prison, a déclaré à Reuters son avocat Aung Thein.

Source: lemonde


12 décembre

USA: la Chambre adopte des sanctions ciblées contre la Birmanie
La Chambre des représentants américaine a adopté mardi à l'unanimité des sanctions ciblées à l'encontre de la junte militaire birmane, qui visent directement les exportations de pierres précieuses et l'industrie gazière en Birmanie.

Ce texte prévoit aussi le gel des avoirs d'une liste étendue de dirigeants militaires et politiques birmans et l'interdiction de transactions financières de ces dirigeants et de leur famille via des institutions américaines dans des pays tiers, ont indiqué des responsables.

Ces sanctions interviennent après la violente répression par l'armée birmane de manifestations pacifistes menées par les moines bouddhistes en septembre, qui s'est soldée par la mort d'au moins 31 personnes et la disparition de 74 autres, selon l'ONU.

Les élus de la majorité et de l'opposition de la Chambre ont salué le texte baptisé "bloquer le JADE de Birmanie" (Efforts Anti-Démocratiques de la Junte).

Il vise à mettre fin aux pratiques de la junte de "blanchiment" de ses pierres précieuses dans des pays tiers, avant de les mettre en vente aux Etats-Unis, et aux déductions fiscales dont jouit le géant américain de l'énergie Chevron sur ses bénéfices issus de l'extraction du gaz naturel en Birmanie.

Afin d'éviter les sanctions en cours, la Birmanie exporte des rubis, des saphirs, des perles, du jade et autres pierres précieuses pour des dizaines de millions de dollars via la Chine, la Thaïlande ou Singapour.

Chevron est l'un des plus importants groupes occidentaux présents en Birmanie et détient 28% des parts du champ gazier de Yadana (dont le principal opérateur est Total) qui a rapporté à la junte 350 millions d'euros en 2006, selon la Fédération internationale des droits de l'homme.

source : AFP

  • Le général en chef de la police de Birmanie, Khin Yi, a ordonné aux forces de police de contrôler le nombre d’officiers qui déserteraient leur position.

Khin Yi a promulgué cet ordre le 9 décembre à cause de l’accroissement rapide des désertions d’officiers depuis la répression des manifestations.

Un analyste de la Birmanie a dit que les désertions avaient augmentées rapidement depuis le resserrement de gouvernement sur des démonstrations publiques en septembre.

« Plus de 100 policiers ont déjà déserté de 16 brigades de police en Birmanie depuis les protestations. » précise cet analyste.

La commande n'a pas indiqué quelle action devrait être prise contre des fugitifs.

Source : Article de Democratic Voice of Burma-
(Je remercie ISARA pour m'avoir adressé cette traduction et celle ci dessous)


  • Le Conseil des Droits de l'Homme : Rapport de Pinheiro et démentis de la junte-

Un rapport accablant sur la répression par le régime birman des manifestations de septembre, a été présenté au tout nouveau Conseil de Droits de l’Homme de l’ONU, à Genève ce mardi. Rapport vigoureusement rejeté par le représentant de la junte.

Le rapport a été écrit par le rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme, Paulo Sergio Pinheiro, qui a visité la Birmanie entre le 11 et le 15 novembre, quelques semaines après les manifestations qui ont secoué la Birmanie, puis entrainé une répression brutale où un certain nombre de moines et d'autres protestataires ont été tués et qui a mené à l’arrestation de milliers de personnes.

Pinheiro indique que ses enquêtes l'ont convaincu qu'au moins 31 personnes sont mortes durant la répression, trois fois le nombre officiel de morts donné par les militaires . Dans sa réponse la junte maintient le nombre de 10 victimes et conteste l’enquête menée par le représentant de l’ONU. Une des accusations de Pinheiro "servirait seulement à endommager l'image et la coopération du gouvernement du Myanmar [ Birmanie ]," déclare la junte .

Le rapport de Pinheiro manque de crédibilité, insiste la junte, accusant l’envoyé de l’ONU de se baser « sur des informations erronées recueillies auprès de sources non-fiables ».

Le rapport 77-page est le plus complet qui ait été rendus depuis le soulèvement de 1988 et contredit un grand nombre d’allégations du régime en place sur les évènements.

Concernant le nombre des victimes, Pinheiro cite le nombre "très inquiétants" de corps, y compris de moines, enveloppés dans du plastique et des sacs de riz, brulés dans un crématorium de Rangoon pendant les nuits de septembre 27-30, suggérant que les autorités essayaient de cacher le nombre exact des tués.


Le délégué de l'ONU dit que les autorités lui ont confirmées que 15 personnes étaient mortes, bien que les médias gérés par l'État soient restés au nombre de 10 tués, et il ajoute avoir trouvé des preuves concernant 16 autres décès.


Le rapport de Pinheiro cite au moins 74 cas "de disparition imposée," que les autorités du birmanes sont incapables ou peu disposées de expliquer le lieu des individus.


L’ enquêtes de Pinheiro montre que jusqu'à 4.000 personnes ont été arrêtées, comparé au compte officiel de 2.927, tandis qu'entre 500 et 1.000 "étaient encore détenus à l'heure de où était remis le rapport," dont 106 femmes, parmi lesquelles six étaient des nonnes.


Pour preuve "de la force excessive" avec laquelle les autorités ont réprimé les manisfestations, le rapporteur Pinheiro a dressé la liste des armes utilisée, balles réelles, balles en caoutchouc, le gaz lacrymogène, les grenades fumigènes, les bâtons en bois, les matraques en caoutchouc et les frondes. Pinheiro accuse le régime de violation aux "règles fondamentales du droit international."


Le délégué de l'ONU invite le régime à mener une recherche indépendante et complète sur les massacres, les violences graves, les prises d’otage, la torture et les disparitions. En outre, le rapport demande au régime de recevoir une commission internationale d'enquête ou de mission exploratoire pour conduire une enquête plus complète.


Le rapport réclame également la libération de tous ceux qui sont emprisonnés pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions politiques, une amnistie pour des détenus déjà condamnés et pour que les poursuites soient abandonnés contre ceux qui attendent toujours l'épreuve.

Dans sa réponse, le régime indique qu'il n'est pas nécessaire d'inviter une commission internationale d'enquête ou de mission exploratoire en Birmanie car ceci relève des seules affaires internes de la Birmanie. Il indique que une "mission d’enquête" a été mise en place le 31 octobre dernier pour examiner des offenses contre des droits de l'homme fondamentaux pendant les manifestations de septembre

Sources : Article de Violet Cho pour The IRRAWADDY (traduction : isara)



4) Message de info-birmanie: Appel : « Usez de vos libertés pour promouvoir les nôtres » Aung San Suu Kyi


Aujourd’hui, peu de temps après la révolte populaire et après un frémissement politique international qui donnait à espérer l’amorce d’un apaisement, deux représentants d’Info Birmanie reviennent d’un bref voyage en Birmanie.

Le calme est de retour, l’ordre règne dans le pays! Et la tristesse des visages exprime plutôt de la crainte. L’oppression assomme de nouveau l’espoir de toute une génération et, très étrangement, il nous a semblé que c’est la jeune génération, celle qu’on vient de frapper, qui est la plus désespérée. C’est pour elle qu’il faudrait que l’alarme internationale, que nous sollicitons éclaire l’horizon.

Car le silence et l’obéissance au régime ont repris la place publique que la propagande, la milice et la délation occupent. Tandis que dans les rues la scission sociale juxtapose les mendiants, la jeunesse dorée de Rangoun et les touristes en quête de souvenirs.

Pour toutes ces raisons et par solidarité pour le peuple birman en quête de démocratie et de libertés, des écrivains, artistes et intellectuels français et étranger ont accepté de signer l’appel lancé par Michel Deguy, Pierre Lartigue et l’association Info Birmanie.

(...)

Notre intervention ne s’adresse pas à la junte birmane qui vient de tirer sur la foule et qui réprima dans le sang les manifestations populaires de 1988 avant de s’opposer par la force à la victoire remportée aux élections de 1990 par la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) de Aung San Suu Kyi.

Nous demandons que se fasse de plus en plus pressante la protestation des instances internationales mais seules les sanctions économiques peuvent conduire la junte à renoncer à la répression et à accepter la restauration de la démocratie.

Nous demandons que toutes les mesures soient prises en ce sens, immédiatement, par le gouvernement français et que la compagnie Total, la plus grande compagnie française concernée, cesse d’exploiter, pour l’heure, le gaz de Birmanie, première ressource de la junte.

C’est à ce prix que la répression cessera, que les prisonniers seront libérés et qu’Aung San Suu Kyi jouera le rôle politique qui lui revient.


C’est à ce prix que la vie culturelle renaîtra en Birmanie.


C’est à ce prix que les enfants accèderont à l’éducation et que livres et journaux paraîtront librement.

Alors les écrivains et les artistes birmans pourront de nouveau publier, créer, voyager à leur guise.

Sachons-le, l’entretien de l’illettrisme est peut être l’arme la plus efficace de cette dictature singulière.


Ecrivains, intellectuels, artistes, libres de parole, nous vous demandons de signer et faire signer ce texte qui sera adressé au gouvernement français et diffusé dans la presse, en soutien au peuple birman.


Initiative de Michel Deguy, Pierre Lartigue et l’association Info Birmanie.

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info-birmanie :

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