-Pour info : (Depuis le mois d'avril 08) Mes résumés, analyses, traductions, remarques,  et réflexions personnelles sont en bleu. Les articles, dépêches, rapports, résolutions ou citations sont en noir

mardi 19 octobre 2010

La junte Birmane annonce la libération de plusieurs milliers de prisonniers

Pour Info Birmanie il s'agit avant tout d'une "annonce en trompe l'oeil à un mois des élections" 







Communiqué d’Info-Birmanie du 11 octobre 2010
Selon l’AFP, un responsable birman aurait annoncé que la junte militaire au pouvoir prévoyait de libérer quelques 11 000 prisonniers avant les élections du 7 novembre. « Nous prévoyons de relâcher une partie des prisonniers qui sont pratiquement au bout de leur peine », a déclaré à l'AFP ce responsable. « Nous allons réduire leur peine et les libérer au cours des prochains jours afin qu'ils puissent voter le jour des élections », a-t-il ajouté.
Info-Birmanie tient à tempérer tout enthousiasme face à cette annonce. Les autorités birmanes n’ont pas précisé si cette mesure concernait les prisonniers politiques ou les prisonniers de droit commun. Chaque année le régime militaire procède à des amnisties de prisonniers, mais sur les milliers de prisonniers relâchés on compte très peu de prisonniers politiques. La Birmanie compte aujourd’hui plus de 2.190 prisonniers politiques, dont le nombre n’a cessé d’augmenter ces trois dernières années. Une libération de prisonniers de droit commun en fin de peine ne constitue en rien un geste politique significatif, ni même une quelconque clémence de la part des autorités.
Alors que le Secrétaire général des Nations unies a récemment déclaré que la libération de TOUS les prisonniers politiques – y compris Aung San Suu Kyi – serait « essentiel pour que les élections soient perçues comme crédibles », et que l’Assemblée générale des Nations unies s’apprête à New-York à voter une résolution sur la Birmanie, il n’est pas anodin que le régime annonce une amnistie de cette envergure. Par ces libérations annoncées en grande pompe, les généraux tentent de tempérer les critiques de la communauté internationale en suggérant un geste de bonne volonté et d’ouverture politique.
Cette stratégie est éprouvée depuis de longues années. Au cours des amnisties précédentes, une poignée seulement de prisonniers politiques étaient concernés sur les milliers de prisonniers libérés. La libération d’un prisonnier connu a souvent servi d’appât à la communauté internationale comme espoir de changement. La plupart était en fin de peine, certains dans une situation médicale très précaire en raison des années de torture et de manque d’accès aux soins et à la nourriture. « Si la libération de chaque prisonnier politique est évidemment un immense soulagement pour les familles, une libération isolée ne constitue en rien un progrès politique tangible ou un signe concret d’ouverture du régime militaire birman, qui s’obstine à étouffer et passer sous silence toute voix discordante » rappelle Isabelle Dubuis, coordinatrice d’Info-Birmanie. « Ne soyons pas dupes des manigances de la junte, qui cherche par cette amnistie à nous divertir de l’essentiel : la mascarade démocratique que sont les élections à venir le 7 novembre prochain, le nombre sans cesse croissant de personnes incarcérées pour motifs politiques, l’absence totale de dialogue avec les forces démocratiques et les représentants des minorités ethniques, les violations massives et généralisées des droits de l’homme ».   
En attendant de connaître précisément l’identité des prisonniers libérés, Info-Birmanie continue d’appeler à la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques, un pré-requis indispensable dans le processus de transition démocratique.