Plan de ce message du 17 juillet (dernière mise à jour : 20h18)
- 1-Résumé et remarques sur la "conférence de presse" de Monsieur John Holmes
- 2- Deux mois après le cyclone Nargis, une situation encore précaire pour les sinistrés
- 3- Encore un appel à l'aide : La FAO lance un appel urgent en faveur des victimes du cyclone
- 4-En Thaïlande, les réfugiés birmans sont employés dans des conditions scandaleuses
- 5- Reportage france 24 : "Les Birmans victimes de l'industrie textile"
Plus personne ne parle de la Birmanie, pas les médias français en tout cas, pourtant la situation est toujours très préoccupante.
- 1-Résumé de la "conférence de presse" de Monsieur John Holmes, (coordinateur des secours d'urgence pour l'ONU) qui a eu lieu le 10 juillet + quelques remarques sur les points importants.
Si Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a lancé un nouvel appel à contributions pour les victimes du cyclone Nargis pour un montant total de 481,8 millions de dollars, (Pour rappel : mon message du 11 juillet) il est important d'expliquer pourquoi cet appel.
Plusieurs points importants sont à souligner :
- Si le bilan des victimes s’établit à 140 000 morts ou disparus, on oubli souvent d'indiquer, que le cyclone a également entraîné le déplacement temporaire de 800 000 personnes.
Plusieurs points importants sont à souligner :
- Si le bilan des victimes s’établit à 140 000 morts ou disparus, on oubli souvent d'indiquer, que le cyclone a également entraîné le déplacement temporaire de 800 000 personnes.
Or, le déplacement des personnes étaient déjà un problème majeure avant Nargis (Lire à ce sujet: message du 18 juin :"La Birmanie souffre d’une des pires crises de migrations forcées au monde")
Ces déplacements sont un problème que les médias français abordent trop rarement. Par ailleurs, la Communauté internationale n'est pas assez consciente de l'ampleur du problème.
-En dépit de l’aide massive apportée à ce jour, une grande partie de la population a toujours besoin d’une assistance de base pour pouvoir, dans certains cas, redémarrer à zéro.
- L’opération humanitaire n’est en aucun cas terminée, particulièrement pour les communautés isolées du sud du delta, très difficiles d’accès en cette période de mousson. Ce sont des populations pauvres qui ont souvent perdu le peu qu’elles avaient. On estime que 42% des stocks alimentaires ont été détruits alors que la moitié des foyers n’avaient des réserves que pour une journée, voire encore moins.
- Si la majorité des villages ont reçu de l’aide, de nombreuses zones affectées n’ont pas encore eu droit au niveau d’assistance nécessaire. Toutefois ces six dernières semaines, les humanitaires ont pu avoir un meilleur accès aux zones les plus affectées.
- Les sommes réclamées dans l'appel du 10 juiller doivent servir à acheter des vivres, des abris, des moyens de transport, des médicaments, ou à reconstruire ou réparer au moins 1 640 écoles sur les plus de 5 000 qui ont été détruites ou endommagées.
- La nourriture reste un besoin de base qui doit être assuré pour environ 924 000 personnes jusqu’à la prochaine récolte prévue en novembre. En tout état de cause, il faudra encore nourrir 300 000 personnes jusqu’en avril 2009. Le personnel humanitaire doit faire face à des populations qui étaient déjà mal nourries avant le cyclone, particulièrement les enfants. Il faut aussi fournir de l’eau potable à 1,4 million de personnes.
-L’effort de reconstruction à mener est aussi important, au moins 500 000 maisons ayant été sérieusement endommagées, et souvent les réparations effectuées dans l’urgence sont provisoires.
- Il faut enfin redonner des moyens de travailler aux agriculteurs, dont 63% des rizières ont été submergées et 85% des semences détruites.
Pour ceux que cela intéresse, un communiqué de presse concernant cette conférence de presse est disponible sur le site de l'ONU : ICI
Présent depuis 15 ans en Birmanie, Médecins du Monde s'est mobilisé dès le lendemain du passage du cyclone et a déployé des cliniques mobiles dans la division de Rangoon et dans le delta de l'Irrawaddy.
A ce jour, Médecins du Monde concentre ses activités auprès des populations isolées de la grande périphérie de Rangoon et du delta de l'Irrawaddy afin de rétablir un accès aux soins de santé primaires et à l'eau. Cinq équipes médicales mobiles, composées essentiellement de personnel national, ont ainsi été formées et déployées dans les zones affectées. Deux sillonnent la division de Rangoon et trois circulent dans le delta de l'Irrawaddy -divisions de Pyapon, Dedaye et Bogale -, où 95 % des villages ont été détruits.
Six sages-femmes ont également été recrutées par MdM et ont reçu une formation complémentaire afin d'assurer un suivi des femmes enceintes lors des consultations mobiles.
Deux expatriés MdM, spécialisés dans les situations de catastrophes naturelles, ont reçu les autorisations pour sortir de la capitale et se rendre, accompagnés par des agents de liaison, dans le delta de l'Irrawaddy pour y effectuer une évaluation rapide et rencontrer les autorités locales.
Les équipes ont assuré environ 2 000 consultations par semaine. Les pathologies rencontrées sont principalement des infections respiratoires et cutanées, des diarrhées, des blessures liées au cyclone et des cas de malnutrition modérée. MdM a également mis en place un système de surveillance épidémiologique et nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans.
L'eau stagnante accumulée dans les « ponds » (réservoirs naturels d'eau) et les conditions de vie précaire ont fortement augmenté le taux d'incidence de la malaria et de la dengue (les cas de dengue ont doublé par rapport à l'an passé). Pour pallier ce problème sanitaire, Médecins du Monde mène un programme d'éducation à la santé pour sensibiliser la population birmane aux bonnes pratiques de stockage de l'eau de pluie et au nettoyage des réservoirs d'eau, salinisés.
Les mois à venir seront effectivement cruciaux. Le risque humanitaire sera à évaluer dans 3 mois, à la fin de la mousson et dépendra des capacités locales à cultiver les terres, semer et récolter. L'arrivée de la saison sèche, en septembre, nécessitera donc une surveillance étroite des indicateurs de nutrition et de maladies à potentiel épidémique.
Source : Médecins du Monde
A l'heure actuelle, 75% des agriculteurs de la principale région de production vivrière du pays manquent de semences, et le temps presse avec la fin de la campagne des semis en août, a souligné la FAO dans un communiqué.
Dans le cadre du plan révisé de réponse au cyclone Nargis lancé la semaine dernière pour un montant total de 303 millions de dollars, les besoins globaux d'activités de secours et de relèvement dans les domaines agricole, halieutique, aquacole et forestier au cours des 12 prochains mois s'élèvent à 51 millions de dollars.
Plus de 783.000 hectares de rizières – 63% dans les zones affectées – ont été submergés et jusqu'à 85% de stocks de semences détruits par le cyclone Nargis en mai, selon de récentes estimations conduites par la FAO et le gouvernement du Myanmar. Les taux de rendements actuels et la perte des animaux de trait et de motoculteurs laissent entrevoir une réduction de 550.000 tonnes de la récolte de riz paddy, soit 32% de la production des zones les plus touchées.
Le cyclone a également frappé plus de 100.000 petits pêcheurs et causé des pertes significatives d'embarcations et de matériel de pêche, et la destruction de plus de 21.000 hectares d'étangs aquacoles.
Dans ce contexte, la FAO s'efforce d'accroître la production vivrière de petits agriculteurs par la distribution rapide de semences de riz et de cultures d'été, d'engrais, d'animaux de trait, de pompes à eau, et d'équipement pour accélérer la préparation des terres et les semis. Les campagnes de vaccination sont également déterminantes pour empêcher la propagation des maladies du bétail et améliorer la santé et la productivité des animaux survivants.
L'assistance proposée aux pêcheurs est ciblée sur la fourniture d'urgence de matériel de pêche, de réparations de bateaux et d'outils, de fournitures aquicoles et de matériel de conservation et de transformation du poisson pour renforcer leurs moyens d'existence depuis la capture jusqu'à la vente. Les activités de la FAO visent également à restaurer les moyens d'existence des communautés côtières en créant des zones d'alevinage et des activités de reboisement des mangroves, qui contribueront également à protéger à l'avenir les communautés des tsunamis.
Les cadences infernales des machines à coudre thaïlandaises
A l’approche des Jeux olympiques, les machines à coudre d'Asie tournent à plein régime. En Thaïlande, les réfugiés birmans fabriquent des vêtements des grandes marques sportives dans des conditions scandaleuses.
Dans une zone de non-droit adossée à la frontière birmane, des milliers de réfugiés jetés sur les routes par le cyclone Nargis fabriquent dans des conditions d'un autre âge les collections qui se vendront à prix d’or en Occident dans quelques semaines.
Ces Birmans ont tout perdu et n’ont reçu aucune assistance. Dès lors, une solution s’imposait : l'émigration vers la Thaïlande toute proche. Pour survivre, ces clandestins se livrent, à n’importe quel prix, à un marché du travail impitoyable.
“Je suis venu à Mae Sod pour chercher du boulot, explique l'un d'entre eux. J’ai vraiment besoin de travailler… Je prendrai tout ce qui vient.”
Les 200 usines textiles de la zone frontalière, qui emploient 30 000 personnes, profitent de cette main-d'œuvre désespérée. Leurs ouvriers décrivent des cadences terribles pour remplir les commandes de grands noms internationaux.
“Moi, j’ai longtemps travaillé pour des grandes marques de sport étrangères, raconte Aung Thoo, un jeune Birman. On doit travailler de huit heures du matin jusque tard dans la nuit. Souvent, on n’a pas le droit de s’arrêter…C’est vraiment trop épuisant.”
Une nuit, deux ouvriers birmans font entrer la caméra de FRANCE 24 dans leur ancienne usine. Environ 200 employés, hommes et femmes, y travaillent. Les commandes portent principalement sur les vêtements de sport.
Dans le hangar en tôle ondulée dépourvu de fenêtres qui leur tiennent lieu de dortoir, les ouvriers s'entassent sur des lits superposés dans un brouhaha assourdissant.
L'hygiène est inexistante. Les ouvriers mangent à même le sol et se construisent un semblant d'intimité à l'aide de bâches en plastique.
Malgré l'heure tardive, une femme crie : “Ils veulent encore quatre personnes pour aller bosser ! Il y a du boulot !”
Chaw Sue, elle, a 32 ans. Visage caché, elle témoigne des conditions dans lesquelles elle coud les vêtements qui seront distribués par de prestigieuses marques internationales, dont elle exhibe les étiquettes.
“Je travaille 29 jours par mois, dit-elle. Parfois 30. Je travaille huit heures de jour. Et ensuite six autres heures à partir de 18 heures. Jusqu’à minuit. Cela arrive souvent que nous ayons à travailler toute la nuit. On dort juste un peu en fin de nuit. Avant de reprendre le travail de jour. Et pour tout cela, je gagne 3000 baths (55 euros) par mois.”
Il lui est interdit de quitter l'usine, comme à tous les immigrés clandestins.
Les patrons les moins scrupuleux profitent de la clandestinité de leur main-d’œuvre. “On a surtout des problèmes de patrons d’usines qui ne paient tout simplement pas leurs ouvriers, explique Che Kyi, chef du syndicat clandestin Yaung Shee Oo. Ils attendent un mois, puis ils appellent la police qui les embarque. C’est facile, car ils sont illégaux ici.”
La région de Mae Sod offre des coûts de main-d'œuvre parmi les moins chers du monde selon l'avocat thaïlandais Thanu Ekchote. Grâce à une cascade de sous-traitance, s’insurge-t-il, les grandes marques peuvent échapper à toute application du droit du travail.
Cyril Payen Pour France 24
(Vu sur le blog d'isara)
Deux mois après la catastrophe naturelle du cyclone Nargis, c'est à la frontière avec la Thaïlande que des milliers de Birmans trouvent de quoi survivre. Ils échouent dans des usines de textile où les conditions de travail sont déplorables
Ces déplacements sont un problème que les médias français abordent trop rarement. Par ailleurs, la Communauté internationale n'est pas assez consciente de l'ampleur du problème.
-En dépit de l’aide massive apportée à ce jour, une grande partie de la population a toujours besoin d’une assistance de base pour pouvoir, dans certains cas, redémarrer à zéro.
- L’opération humanitaire n’est en aucun cas terminée, particulièrement pour les communautés isolées du sud du delta, très difficiles d’accès en cette période de mousson. Ce sont des populations pauvres qui ont souvent perdu le peu qu’elles avaient. On estime que 42% des stocks alimentaires ont été détruits alors que la moitié des foyers n’avaient des réserves que pour une journée, voire encore moins.
- Si la majorité des villages ont reçu de l’aide, de nombreuses zones affectées n’ont pas encore eu droit au niveau d’assistance nécessaire. Toutefois ces six dernières semaines, les humanitaires ont pu avoir un meilleur accès aux zones les plus affectées.
- Les sommes réclamées dans l'appel du 10 juiller doivent servir à acheter des vivres, des abris, des moyens de transport, des médicaments, ou à reconstruire ou réparer au moins 1 640 écoles sur les plus de 5 000 qui ont été détruites ou endommagées.
- La nourriture reste un besoin de base qui doit être assuré pour environ 924 000 personnes jusqu’à la prochaine récolte prévue en novembre. En tout état de cause, il faudra encore nourrir 300 000 personnes jusqu’en avril 2009. Le personnel humanitaire doit faire face à des populations qui étaient déjà mal nourries avant le cyclone, particulièrement les enfants. Il faut aussi fournir de l’eau potable à 1,4 million de personnes.
-L’effort de reconstruction à mener est aussi important, au moins 500 000 maisons ayant été sérieusement endommagées, et souvent les réparations effectuées dans l’urgence sont provisoires.
- Il faut enfin redonner des moyens de travailler aux agriculteurs, dont 63% des rizières ont été submergées et 85% des semences détruites.
Pour ceux que cela intéresse, un communiqué de presse concernant cette conférence de presse est disponible sur le site de l'ONU : ICI
- 2- Deux mois après le cyclone Nargis, une situation encore précaire pour les sinistrés
Présent depuis 15 ans en Birmanie, Médecins du Monde s'est mobilisé dès le lendemain du passage du cyclone et a déployé des cliniques mobiles dans la division de Rangoon et dans le delta de l'Irrawaddy.
A ce jour, Médecins du Monde concentre ses activités auprès des populations isolées de la grande périphérie de Rangoon et du delta de l'Irrawaddy afin de rétablir un accès aux soins de santé primaires et à l'eau. Cinq équipes médicales mobiles, composées essentiellement de personnel national, ont ainsi été formées et déployées dans les zones affectées. Deux sillonnent la division de Rangoon et trois circulent dans le delta de l'Irrawaddy -divisions de Pyapon, Dedaye et Bogale -, où 95 % des villages ont été détruits.
Six sages-femmes ont également été recrutées par MdM et ont reçu une formation complémentaire afin d'assurer un suivi des femmes enceintes lors des consultations mobiles.
Deux expatriés MdM, spécialisés dans les situations de catastrophes naturelles, ont reçu les autorisations pour sortir de la capitale et se rendre, accompagnés par des agents de liaison, dans le delta de l'Irrawaddy pour y effectuer une évaluation rapide et rencontrer les autorités locales.
Les équipes ont assuré environ 2 000 consultations par semaine. Les pathologies rencontrées sont principalement des infections respiratoires et cutanées, des diarrhées, des blessures liées au cyclone et des cas de malnutrition modérée. MdM a également mis en place un système de surveillance épidémiologique et nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans.
L'eau stagnante accumulée dans les « ponds » (réservoirs naturels d'eau) et les conditions de vie précaire ont fortement augmenté le taux d'incidence de la malaria et de la dengue (les cas de dengue ont doublé par rapport à l'an passé). Pour pallier ce problème sanitaire, Médecins du Monde mène un programme d'éducation à la santé pour sensibiliser la population birmane aux bonnes pratiques de stockage de l'eau de pluie et au nettoyage des réservoirs d'eau, salinisés.
Les mois à venir seront effectivement cruciaux. Le risque humanitaire sera à évaluer dans 3 mois, à la fin de la mousson et dépendra des capacités locales à cultiver les terres, semer et récolter. L'arrivée de la saison sèche, en septembre, nécessitera donc une surveillance étroite des indicateurs de nutrition et de maladies à potentiel épidémique.
Source : Médecins du Monde
- 3-Selon un communiqué de ce jour du centre d'actualités de l'ONU : La FAO lance un appel urgent en faveur des victimes du cyclone
A l'heure actuelle, 75% des agriculteurs de la principale région de production vivrière du pays manquent de semences, et le temps presse avec la fin de la campagne des semis en août, a souligné la FAO dans un communiqué.
Dans le cadre du plan révisé de réponse au cyclone Nargis lancé la semaine dernière pour un montant total de 303 millions de dollars, les besoins globaux d'activités de secours et de relèvement dans les domaines agricole, halieutique, aquacole et forestier au cours des 12 prochains mois s'élèvent à 51 millions de dollars.
Plus de 783.000 hectares de rizières – 63% dans les zones affectées – ont été submergés et jusqu'à 85% de stocks de semences détruits par le cyclone Nargis en mai, selon de récentes estimations conduites par la FAO et le gouvernement du Myanmar. Les taux de rendements actuels et la perte des animaux de trait et de motoculteurs laissent entrevoir une réduction de 550.000 tonnes de la récolte de riz paddy, soit 32% de la production des zones les plus touchées.
Le cyclone a également frappé plus de 100.000 petits pêcheurs et causé des pertes significatives d'embarcations et de matériel de pêche, et la destruction de plus de 21.000 hectares d'étangs aquacoles.
Dans ce contexte, la FAO s'efforce d'accroître la production vivrière de petits agriculteurs par la distribution rapide de semences de riz et de cultures d'été, d'engrais, d'animaux de trait, de pompes à eau, et d'équipement pour accélérer la préparation des terres et les semis. Les campagnes de vaccination sont également déterminantes pour empêcher la propagation des maladies du bétail et améliorer la santé et la productivité des animaux survivants.
L'assistance proposée aux pêcheurs est ciblée sur la fourniture d'urgence de matériel de pêche, de réparations de bateaux et d'outils, de fournitures aquicoles et de matériel de conservation et de transformation du poisson pour renforcer leurs moyens d'existence depuis la capture jusqu'à la vente. Les activités de la FAO visent également à restaurer les moyens d'existence des communautés côtières en créant des zones d'alevinage et des activités de reboisement des mangroves, qui contribueront également à protéger à l'avenir les communautés des tsunamis.
- 4-En Thaïlande, les réfugiés birmans sont employés dans des conditions scandaleuses
Les cadences infernales des machines à coudre thaïlandaises
A l’approche des Jeux olympiques, les machines à coudre d'Asie tournent à plein régime. En Thaïlande, les réfugiés birmans fabriquent des vêtements des grandes marques sportives dans des conditions scandaleuses.
Dans une zone de non-droit adossée à la frontière birmane, des milliers de réfugiés jetés sur les routes par le cyclone Nargis fabriquent dans des conditions d'un autre âge les collections qui se vendront à prix d’or en Occident dans quelques semaines.
Ces Birmans ont tout perdu et n’ont reçu aucune assistance. Dès lors, une solution s’imposait : l'émigration vers la Thaïlande toute proche. Pour survivre, ces clandestins se livrent, à n’importe quel prix, à un marché du travail impitoyable.
“Je suis venu à Mae Sod pour chercher du boulot, explique l'un d'entre eux. J’ai vraiment besoin de travailler… Je prendrai tout ce qui vient.”
Les 200 usines textiles de la zone frontalière, qui emploient 30 000 personnes, profitent de cette main-d'œuvre désespérée. Leurs ouvriers décrivent des cadences terribles pour remplir les commandes de grands noms internationaux.
“Moi, j’ai longtemps travaillé pour des grandes marques de sport étrangères, raconte Aung Thoo, un jeune Birman. On doit travailler de huit heures du matin jusque tard dans la nuit. Souvent, on n’a pas le droit de s’arrêter…C’est vraiment trop épuisant.”
Une nuit, deux ouvriers birmans font entrer la caméra de FRANCE 24 dans leur ancienne usine. Environ 200 employés, hommes et femmes, y travaillent. Les commandes portent principalement sur les vêtements de sport.
Dans le hangar en tôle ondulée dépourvu de fenêtres qui leur tiennent lieu de dortoir, les ouvriers s'entassent sur des lits superposés dans un brouhaha assourdissant.
L'hygiène est inexistante. Les ouvriers mangent à même le sol et se construisent un semblant d'intimité à l'aide de bâches en plastique.
Malgré l'heure tardive, une femme crie : “Ils veulent encore quatre personnes pour aller bosser ! Il y a du boulot !”
Chaw Sue, elle, a 32 ans. Visage caché, elle témoigne des conditions dans lesquelles elle coud les vêtements qui seront distribués par de prestigieuses marques internationales, dont elle exhibe les étiquettes.
“Je travaille 29 jours par mois, dit-elle. Parfois 30. Je travaille huit heures de jour. Et ensuite six autres heures à partir de 18 heures. Jusqu’à minuit. Cela arrive souvent que nous ayons à travailler toute la nuit. On dort juste un peu en fin de nuit. Avant de reprendre le travail de jour. Et pour tout cela, je gagne 3000 baths (55 euros) par mois.”
Il lui est interdit de quitter l'usine, comme à tous les immigrés clandestins.
Les patrons les moins scrupuleux profitent de la clandestinité de leur main-d’œuvre. “On a surtout des problèmes de patrons d’usines qui ne paient tout simplement pas leurs ouvriers, explique Che Kyi, chef du syndicat clandestin Yaung Shee Oo. Ils attendent un mois, puis ils appellent la police qui les embarque. C’est facile, car ils sont illégaux ici.”
La région de Mae Sod offre des coûts de main-d'œuvre parmi les moins chers du monde selon l'avocat thaïlandais Thanu Ekchote. Grâce à une cascade de sous-traitance, s’insurge-t-il, les grandes marques peuvent échapper à toute application du droit du travail.
Cyril Payen Pour France 24
(Vu sur le blog d'isara)
- 5- Voir aussi sur france 24: REPORTAGE : Les Birmans victimes de l'industrie textile : ICI
Deux mois après la catastrophe naturelle du cyclone Nargis, c'est à la frontière avec la Thaïlande que des milliers de Birmans trouvent de quoi survivre. Ils échouent dans des usines de textile où les conditions de travail sont déplorables
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