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jeudi 19 juin 2008

Birmanie : Juger Than Shwe pour "Crime contre l'humanité"

Mise à jour au 20 juin



19 juin

Depuis le temps que cet homme et ses "complices" auraient dû être arrêtés et jugés pour Crime contre l'humanité!
Pour rappel : Résolution du Conseil des Droits de l'homme du 12 juin 2008 sur la Situation des droits de l’homme au Myanmar (message du 18 juin)

  • Juger Than Shwe pour Crimes contre l'humanité
BANGKOK, 19 juin 2008 (AFP) - Birmanie: des moines bouddhistes appellent l'UE à faire juger Than Shwe

Des moines bouddhistes hostiles au régime militaire en Birmanie ont appelé jeudi l'Union européenne (UE) à faire comparaître le chef de la junte, le généralissime Than Shwe, devant la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité".

Cet appel a été lancé par l'Alliance de tous les moines bouddhistes dans une déclaration reçue à Bangkok à l'occasion du 63e anniversaire de Mme Aung San Suu Kyi, dirigeante de l'opposition birmane toujours maintenue en isolement dans sa résidence à Rangoun.

Cette alliance de bonzes, qui affirme avoir organisé d'importantes manifestations contre la junte birmane en septembre dernier, a déclaré que Than Shwe devait être traduit en justice pour avoir "bloqué" l'aide internationale aux rescapés du cyclone Nargis en mai (133.600 morts ou disparus et 2,4 millions de sinistrés).

"Nous demandons à l'UE de faire comparaître Than Shwe, dirigeant de la junte militaire birmane, devant la Cour pénale internationale pour qu'il soit jugé pour crimes contre l'humanité, comme l'a recommandé le Parlement européen", écrivent ces moines, opposants farouches au gouvernement des généraux.

L'alliance a également appelé à un embargo international sur les armes contre la Birmanie et à un durcissement des sanctions financières contre les généraux au pouvoir.


20 juin

  • L'opposition birmane à bout d'espoir : Les appels de la communauté internationale une fois encore sont restés vains


Pour le 63e anniversaire d'Aung San Suu Kyi, une centaine de manifestants ont tenté jeudi à Rangoun de crier leur révolte. En mesurant un peu plus leur impuissance face à la junte militaire.

Les appels de la communauté internationale une fois encore sont restés vains. C'est dans la maison délabrée de Rangoun où elle est assignée à résidence par la junte qu'Aung San Suu Kyi, privée de liberté durant la majeure partie de ces dix-huit dernières années, a fêté jeudi ses 63 ans. Pour marquer ce jour, plus d'une centaine d'opposants se sont rassemblés devant le siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Tandis que des agents en civils les photographiaient et les filmaient, ils ont crié «libérez Aung San Suu Kyi» avant d'être dispersés par la police.

Révoltés par la façon dont la junte militaire a fait peu de cas du désastre humanitaire provoqué par le passage du cyclone Nargis les 2 et 3 mai dans le sud du pays, les moines bouddhistes ont voulu marquer ce jour anniversaire en se tournant vers l'Union européenne. Ils l'exhortent à faire comparaître devant la Cour pénale internationale le chef de la junte, le généralissime Than Shwe, pour «crimes contre l'humanité, comme l'a recommandé le Parlement européen». «Le gouvernement n'a rien fait pour venir en aide aux victimes. Il a refoulé les bateaux étrangers qui voulaient leur porter secours», murmure Ashin, un moine d'un monastère de Rangoun. Ce désastre a montré le «vrai visage» de la Birmanie, dit-il, avec «d'un côté la population et de l'autre le gouvernement».

Assommées par la violence du cyclone, puis livrées à elles-mêmes, les victimes de Nargis s'étaient mises à espérer en voyant l'aide étrangère s'organiser. «Quand les bateaux stationnaient le long des côtes du delta de l'Irrawaddy, on priait pour qu'ils puissent rentrer», confie Nwe, une réfugiée que le monastère héberge depuis la catastrophe.

Le statut militaire des bateaux français, britanniques et américains venus distribuer de l'aide humanitaire a créé le malentendu, tant du côté de la population que du gouvernement. «On se disait que s'ils réussissaient à venir, le pays allait enfin s'ouvrir, poursuit-elle à mi-voix, et qu'ils allaient nous libérer comme les Américains ont libéré l'Irak de Saddam Hussein.» La junte militaire, qui s'est retranchée il y a deux ans dans son nouveau fief à Naypyidaw, créé ex nihilo en pleine jungle, n'a rien voulu entendre. Refoulés, les navires étrangers ont fini par rebrousser chemin.

«On est comme en prison»

Pour Nwe comme pour beaucoup d'autres, l'espoir a alors laissé place à la colère et l'abattement. «La situation ne changera jamais», se désole Kyaw, qui nous reçoit chez lui, dans un quartier pauvre à la périphérie de Rangoun.

En 1988, ce commerçant était descendu dans la rue pour protester contre la dictature militaire, qui exerce le pouvoir depuis 1962. La répression, sanglante, avait causé 3 000 morts.

En septembre dernier, il est de nouveau allé manifester en rejoignant le mouvement pacifique des moines contre la brutale flambée des prix. «Les deux premiers jours, ça allait. Mais après, le gouvernement a commencé à tirer, on a dû s'enfuir», raconte-t-il. «On a essayé, ça n'a pas marché. Personne n'aime ce gouvernement, mais on ne peut rien faire. On est comme en prison.» Lors du référendum sur la nouvelle Constitution, maintenu par la junte en mai en dépit du cyclone, ni lui ni sa famille n'ont donné leur voix. «Personne n'a voté, jure-t-il. Et le gouvernement dit que 92,4 % des gens auraient voté oui ? C'est une blague !»

À ses yeux, seule Aung San Suu Kyi, qu'il admire pour son «courage, son intelligence et sa culture», serait capable de changer les choses. Mais Kyaw ne se fait pas d'illusions : «Elle ne parviendra pas à gagner ce combat. Elle mourra dans sa résidence. Il faut trouver une autre voie pour lutter. Je ne sais pas laquelle.» Celle de l'opposition ne suscite guère d'espoir. «Les gens savent que la LND n'est d'aucun secours, assure un observateur birman. Il y a un vrai problème de leadership : à part Aung San Suu Kiy, qui ne peut rien faire en l'état, il n'y a personne.»

Prédictions

Choquée par les coups de feu tirés contre les moines en septembre dernier, la population continue d'espérer secrètement la révolte sans oser faire le premier pas. Si, en privé, «tout le monde ne parle que de ça» et reste à l'affût des «vraies informations» diffusées par les radios d'exilés birmans, en public, le silence et la discrétion sont de rigueur.

Ainsi, à Rangoun, les apparences sont trompeuses. La vie semble avoir repris son cours comme avant, loin des tumultes. Mais, à l'abri des regards, chacun guette le moment où, enfin, le régime pourrait tomber. «Des astrologues réputés en Birmanie ont prédit sa chute pour le mois d'août et ont distribué en cachette des petits bouts de papier qui l'annonçaient», explique Kyaw. Ils ont été arrêtés début juin et jetés en prison. Obsédée par la menace que représente à ses yeux la présence étrangère, le gouvernement militaire a bouclé la zone sinistrée et filtre minutieusement chaque nouvel entrant.

De crainte que la situation ne lui échappe, elle a appelé la population à la vigilance envers les «éléments antigouvernementaux et sans scrupule», notamment des «pays de l'Ouest», qui tentent de «détruire la nation», selon la rhétorique du quotidien The New Light of Myanmar, porte-voix de la junte. Méfiante envers les Occidentaux, elle l'est aussi envers sa propre nation. Dans le delta, l'aide privée spontanée et la plupart des moines sont désormais interdits d'accès.(le figaro)


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