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vendredi 8 octobre 2010

Edito de Info-Birmanie

Edito de l'association INFO BIRMANIE 

A un mois des élections, les déclarations officielles appelant à des élections libres, justes et inclusives ainsi qu’à la libération des prisonniers politiques dont Aung San Suu Kyi se multiplient. Est-ce que pour autant l’étau se resserre sur la junte militaire ? On est tenté d’en douter.

Des officiels birmans annoncent qu’Aung San Suu Kyi sera prochainement libérée, le 13 novembre. Les généraux espèrent-ils en échange de sa libération un apaisement de la pression internationale et une acceptation internationale du résultat des élections ? Ce qui est sûr, c’est que la junte se sert de la potentielle libération d’Aung San Suu Kyi comme d’une couronne d’olivier lancée à la     communauté internationale. Privée de liberté pendant 15 des 21 dernières années sans aucun motif valable, les généraux veulent faire passer sa possible libération pour un geste de bonne volonté. Il n’en est pourtant rien. Sa remise en liberté interviendra simplement au terme des 18 mois supplémentaires de son  assignation à résidence. Il ne s’agit donc pas d’une amnistie ni d’un quelconque geste de mansuétude.

Si la libération d’Aung San Suu Kyi est attendue de tous, elle ne suffira malheureusement pas à garantir une avancée démocratique significative dans le pays. Sa remise en liberté s’accompagnera certainement d’un grand nombre de restrictions visant à museler la Prix Nobel de la Paix. En 2002, lors de sa précédente libération, la Ligue Nationale pour la Démocratie avait le droit d’opérer librement et des bureaux locaux et régionaux étaient ouverts dans tout le pays. Aujourd’hui, le parti démocrate a été officiellement dissous, et nombre de ses partisans font partie des 2200 prisonniers politiques qui croupissent toujours dans les geôles birmanes. Au cours des 3 dernières années, le nombre des prisonniers politiques a doublé.

S’il subsiste encore de l’espoir pour les irréductibles optimistes, il suffit de se pencher sur le remaniement auquel a procédé Than Shwe récemment. Certains défendent la théorie selon laquelle le remplacement des vieux généraux par une nouvelle génération de militaires – plus jeunes et potentiellement plus ouverts au dialogue et aux possibilités d’avancées démocratiques – serait une opportunité d’évolution pour la Birmanie. En étudiant le parcours du Général Myint Aung, nommé durant l’été au poste de commandant en chef des armées, les illusions qui accompagnent cette théorie s’effondrent vite. Il est en effet l’un des responsables du massacre en 1998de Christie Island (une île aux abords des eaux territoriales thaïes), lors duquel plus de 80 civils ont été massacrés …

Il faut donc arrêter d’être dupe du jeu des généraux. Au lieu d’attendre une hypothétique ouverture de la part de la junte, la communauté internationale doit se mobiliser et user de la pression diplomatique pour que cette ouverture survienne. La clé réside dans le dialogue : un dialogue sous l’égide de l’ONU, qui rassemblerait les responsables militaires, les représentants de l’opposition démocratique et ceux des minorités ethniques. Des élections truquées ne sont en      aucun cas la réponse aux maux qui rongent le pays. Seul un dialogue tripartite produira une véritable avancée démocratique en Birmanie.