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vendredi 1 octobre 2010

libération d’Aung San Suu Kyi le 13 novembre

La junte confirme la libération d’Aung San Suu Kyi le 13 novembre : Info-Birmanie accueille cette nouvelle avec joie, mais aussi avec prudence.

Selon l’AFP, un responsable birman aurait confirmé que la libération d’Aung San Suu Kyi aurait lieu le 13 novembre, soit une semaine après les élections prévues le 7 novembre. Cette date correspond au terme de ses 18 mois d’assignation à résidence supplémentaires auxquels elle avait été condamnée l’an passé, suite à l’intrusion d’un citoyen américain au sein de sa résidence. 
Ayant été privée de liberté durant 16 des 21 dernières années, l’information selon laquelle Aung San Suu Kyi serait prochainement libérée est bien sûr accueillie avec beaucoup de joie. Info Birmanie appelle cependant à la prudence: d’une part, l’annonce n’a pas encore été confirmée officiellement par les hauts responsables birmans ; d’autre part la junte a plusieurs fois promis au cours des vingt dernières années la libération d’Aung San Suu Kyi, sans que ces promesses ne se matérialisent.

Cette annonce intervient alors que le régime militaire est sous forte pression de la communauté internationale qui appelle à la tenue d’élections libres, justes et inclusives et à la libération des détenus politiques, y compris Daw Aung San Suu Kyi. Hier, le Secrétaire Général de l’ONU déclarait que: « cela est essentiel pour que les élections soient perçues comme crédibles ». D’autre part, plusieurs pays dont la France et les Etats-Unis ont récemment déclaré leur soutien à la mise en place d’une commission d’enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Alors que l’Assemblée générale des Nations unies vient de s’ouvrir à New York, les généraux craignent de voir une telle proposition intégrée à la résolution qui sera votée par les Etats membres.

Sous couvert de « geste de bonne volonté », la libération d’Aung San Suu Kyi servirait surtout à faire retomber la pression internationale à un moment critique. Selon Isabelle Dubuis, coordinatrice d’Info-Birmanie : « La junte compte certainement utiliser la libération d’Aung San Suu Kyi comme tactique pour obtenir l’aval de la communauté internationale concernant les élections à venir. Ce serait une grave erreur que de voir la libération d’Aung San Suu Kyi comme une ‘ouverture’ de la part du pouvoir militaire. Info-Birmanie tient à rappeler que le seul geste véritablement significatif et crédible de la part des généraux serait de libérer non seulement Aung San Suu Kyi mais aussi l’ensemble des prisonniers politiques, et d’entamer immédiatement un dialogue avec l’opposition démocrate et les représentants ethniques. »

Au cours des derniers mois, des lois électorales extrêmement restrictives ont été promulguées, le parti démocrate d’Aung San Suu Kyi a été dissous, et la constitution votée en force en 2008 et qui doit entrer en vigueur au lendemain des élections permet d’entériner la dictature militaire et le règne de l’impunité face aux innombrables violations des droits de l’homme commises dans le pays.



Mais comme le souligne l'Association suisse Birmanie :

Aung San Suu Kyi en est à sa troisième période de détention depuis 1989. Le 24 octobre prochain, elle aura passé un total de 15 années en détention.

Même si Aung San Suu Kyi est libérée, on aurait tort d'attacher trop d'importance politique sur sa libération. Elle a été libérée deux fois avant sans qu'il y ait un changement politique dans le pays. Il est plus probable que la dictature va essayer d'utiliser sa libération pour tenter de convaincre la communauté internationale de détendre la pression sur eux. Toutefois, le nombre de prisonniers politiques a presque doublé au cours des trois dernières années. Si la junte libère la totalité ou la majorité des prisonniers politiques ainsi qu’ Aung San Suu Kyi, alors ce pourrait être le début de quelque chose ayant une signification politique plus large.

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