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mercredi 19 mars 2008

NE PAS CONFONFRE IDENTITE TIBETAINE ET BOUDDHISME TIBETAIN

Mise à jour au 20 Mars





"Le bouddhisme n’exclut pas la violence et la force, mais en dernier recours bien sur, et à condition qu’elle puisse donner de bons résultats et qu’on en fasse usage sans haine
..".(Dagpo Rimpoche)


Vous trouverez ci après

1- Ces Tibétains qui contestent le dalaï lama

2- Des extraits d'un entretien avec le professeur Samdhong Rinpoche Premier ministre du gouvernement tibétain en exil. (2006)

3 Des extraits d'un entretien de 2003, avec Dagpo Rimpoché, maître spirituel du bouddhisme tibétain

Ces deux entretiens ont été réalisés avant les évènements, récent au TIBET; l'un en 2006 l'autre en 2003; mais ils permettent tous les deux de mieux comprendre le problème actuel



1- Ces Tibétains qui contestent le dalaï lama

Basés à Dharamsala, comme le gouvernement tibétain en exil, ils représentent la ligne radicale de la cause tibétaine. Les leaders du Congrès de la jeunesse tibétaine (TYC) et plusieurs autres exilés ont rencontré ce mercredi à Dharamsala le dalaï lama. Leur objectif : faire le bilan, à un moment critique, de la « voie du milieu » prônée depuis des décennies par le leader spirituel.

Cette voie « médiane » du dalaï lama, c’est celle du compromis avec Pékin : la recherche du dialogue avec la Chine, la non-violence et la renoncement à la quête de l’indépendance du Tibet pour une simple autonomie. Des positions qui ne satisfont pas tous les Tibétains.

« Je pense qu’il y a une certaine incompatibilité entre la position du gouvernement du dalaï lama et la population de base au Tibet qui demande l’indépendance, notamment chez les nouvelles générations, estime Thupten Gyatso, président de la Communauté Tibétaine de France. En tous cas, la gravité de la situation mérite que le débat soit ouvert pour faire le bilan de la politique menée et, pourquoi pas, en changer. » (...)

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2- Entretien avec le professeur Samdhong Rinpoche Premier ministre du gouvernement tibétain en exil.


Question : Est-il plus important pour vous d’être Premier ministre ou d’être moine ?

Rinpoché : D’être moine !

Q : Après votre élection, vous avez mentionné dans votre lettre d’acceptation que vos voeux monastiques étaient plus importants que votre responsabilité actuelle..

Rinpoché : Si mes devoirs de Premier ministre entraient en conflit avec mes voeux, je ne renoncerais pas à mes voeux de moine. J’abandonnerais sûrement ma fonction de Premier ministre.

Q : Vous êtes une des figures de la non-violence en Inde. Pensez-vous que la non-violence puisse résoudre tous les problèmes ?

Rinpoché : Oui ! Je pense que la non-violence peut résoudre tous les problèmes à condition que les gens y croient vraiment et la pratique correctement. Nombreux sont ceux, aujourd’hui, qui ne voient la non-violence que comme une alternative possible. Je ne suis pas d’accord. La non-violence n’est pas une alternative, c’est la seule solution, il n’y en a pas d’autres. Tous les moyens violents semblent régler le problème de manière temporaire mais ils ne suppriment pas la cause des problèmes. La racine est la haine. Aujourd’hui, tous les problèmes s’enracinent dans la haine. Et cet élément ne peut jamais être éliminé par la violence. Quand il y a le feu, il faut trouver quelque chose qui soit d’une nature opposée pour pouvoir l’éteindre. Si vous ajoutez un matériau combustible ou de l’oxygène, cela ne l’arrêtera pas le feu, cela ne fera qu’empirer. Peut-être qu’il s’affaiblira pendant un certain temps mais il renaîtra. Les gens pensent que le terrorisme est terrible et, bien sûr, c’est une chose terrible ; ce qui s’est produit le 11 Septembre à Washington et New York est une très mauvaise action et ceux qui l’ont commise doivent être condamnés sans réserve. En même temps, la vengeance n’est pas une solution. Pour qui veut se venger, la meilleure manière est de réagir avec compassion et d’une manière non violente. C’est seulement ainsi que la cause radicale, qui rend les gens terroristes, peut être éradiquée

(...)

Q : Voyez-vous un changement en Chine ? Non pas chez les dirigeants mais dans la population ?

Rinpoché : Oui, dans la population il y a beaucoup de changements. Le nombre des cadres du parti décroît alors que le nombre de gens qui s’intéressent à la spiritualité augmente. Ils peuvent être catholiques, taoïstes, bouddhistes ou Falun Gong. Le nombre d’adeptes d’une religion ou d’une autre s’accroît considérablement. C’est comme une balle que vous avez lancée au loin et qui vous revient. Après cinquante de vide spirituel, il y a un grand besoin (de spiritualité)

Question : Quand le Dharma lui-même est attaqué, la violence ne doit-elle pas être utilisée pour défendre les plus hautes valeurs de l’humanité ?

Je ne le pense pas. Cela dépend aussi de la façon dont vous définissez la violence. Les bouddhistes la définissent par l’attitude, la motivation et l’intention.

L’acte de tuer, de blesser ou d’infliger la douleur peut être non-violents. Le chirurgien peut avoir à amputer une jambe, ce n’est pas pour autant un acte violent. Sa motivation est de vous sauver, c’est donc un acte de compassion. (...)

Question : Je ne suis pas un bouddhiste mais si ma femme était attaquée, si mon pays était attaqué, je devrais les défendre. En Occident, nous avons une certaine conception de l’héroïsme. N’y a-t-il aucune valeur ‘divine’ dans l’héroïsme ?

Rinpoché : Oui (long silence). Il est très difficile de reconnaître ce qui est amour réel, que cela soit pour sa femme ou son pays. Tout dépend de l’intention. Gandhi ne peut pas être qualifié de non-patriote : il avait un grand respect pour l’Inde, sa patrie, et personne ne peut soutenir que le dalaï-lama est dépourvu de sentiments patriotiques pour le Tibet. Mais tous les deux avaient établi leurs priorités. L’humanité est la première priorité. Le groupe plus restreint ne vient qu’en troisième ou quatrième position. Pour le dalaï-lama, la question tibétaine est sa quatrième priorité [il nous dira troisième au cours de notre interview]. L’ensemble des êtres vivants est sa première, les êtres humains sont sa seconde, le monde bouddhiste sa troisième et le peuple tibétain est sa quatrième priorité. Si votre amour pour votre pays n’est pas contaminé par l’égoïsme ou l’intérêt personnel, alors le défendre peut être acceptable. Un amour pur est difficile à trouver de nos jours. Prenez l’amour pour l’épouse : bien souvent la base de l’amour n’est pas « l’épouse », mais soi-même. Si le « moi » vient en premier et l’amour ne vient qu’en second, cet amour n’est pas non-égoïste,.vous aimez votre femme parce qu’elle a besoin de vous, qu’elle vous donne du plaisir ou qu’elle vous sert. La cause de l’amour n’est pas la personne aimée, c’est un amour utilitaire. Si elle vous devient inutile, votre amour diminue.


Question : Si je défends ma fille ou mon pays et que, pour cela, je doive commettre un acte de violence ?

Rinpoché : La littérature bouddhiste dit que la motivation doit être libre de colère lorsque vous agissez. S’il n’y a pas de colère, alors ça va.

Remarque : Il n'y a pas

(...)

Q : Qu’est-ce qui pousse les gouvernements à apaiser la Chine ?

Rinpoché : Je pense que ce sont les affaires. J’ai lu un article il y a quelques années, qui disait : « Peu importe les droits de l’homme, c’est l’argent qui compte ». C’est très vrai (dans le monde d’aujourd’hui).


Source : (Claude Arpi & François Gautier Revue de l’Inde no 4 – juin 2006)
Lire l'article en entier "La non violence est la seule solution" sur
Karuna


3- Entretien avec Dagpo Rimpoché, maître spirituel du bouddhisme tibétain

en voici quelques extraits

question : Peut-on faire un parallèle entre la perte de l’identité tibétaine et le recours à la violence ?

A mon avis, sûrement pas. Tout d’abord, il ne faut pas amalgamer le bouddhisme et l’identité tibétaine.

Les Tibétains ont maintes fois recouru à des moyens violents au cours de l’histoire. Les guerres ont été fréquentes, avec des pays frontaliers mais aussi parfois entre régions ou entre groupes de population. La différence est qu’à l’époque, les belligérants pouvaient espérer vaincre…

De plus, même le bouddhisme n’exclut pas la violence et la force, mais en dernier recours bien sur, et à condition qu’elle puisse donner de bons résultats et qu’on en fasse usage sans haine.


Question : Que signifie pour vous la paix au Tibet? Autonomie ou indépendance?

Pour moi cela signifie que les Tibétains vivent libre chez eux. Autrement dit, si cette condition est remplie alors que de nombreux Chinois restent présents sur le territoire, pas de problème.

Question : Certains pensent que la paix au Tibet n’est qu’une question politique, partagez-vous cette opinion?

Je ne pense pas que ce soit uniquement une question politique. D’autres facteurs entrent sans doute en jeu.

Question : La religion peut-elle toujours être un outil de paix, quand on voit que dans certains pays elle est facteur de division?

La religion, si elle est VRAIMENT appliquée, est sans aucun doute un outil de paix. Mais tout dépend de la façon dont on l’utilise.

Pour vous qui êtes un homme de foi, que signifie la paix, et existe-t-il une vision tibétaine de la paix?

Selon moi, en tant qu’homme de foi et en tant que Tibétain, la paix signifie d’abord ne pas se nuire à soi-même, et ensuite sur cette base ne pas nuire à autrui.

Qu’est-ce que la paix au Tibet peut apporter au monde?

La religion du Tibet est le bouddhisme. Le bouddhisme tend à un adoucissement, à un apaisement de l’esprit. Les méthodes utilisées depuis des siècles par les pratiquants Tibétains pourraient sans doute s’avérer utiles aux personnes des autres pays.

Source : lire l'entretien en entier : Quelques questions à Dagpo Rimpoché, maître spirituel du bouddhisme tibétain.

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