Mascarade humanitaire
En Birmanie, tout le monde ne meurt pas de faim et de soif...
Ban Ki-Moon et le Premier ministre birman Thein Sein le 25 mai 2008 à l'ouverture de la conférence des donnateurs à Rangoun ©AFP - Stan Honda
La conférence internationale s'est ouverte dimanche à Rangoun, en présence du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, "pour aider la Birmanie à se relever après le cyclone dévastateur Nargis qui a fait au moins 133.600 morts et disparus."
Pourtant avant d'aider la birmanie à se relever, il faudrait peut-être apporter de l'aide à ceux qui n'en ont toujours pas reçu et ils sont très nombreux.
Pour rappel, "Cinquante-deux pays et 24 organisations participent à cette réunion, organisée conjointement par l'ONU et l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), dont la Birmanie est membre"
"La junte militaire en Birmanie espère recevoir des engagements de dons supérieurs à 10 milliards de dollars pour "la réhabilitation", mais l'ONU dit que la conférence de Rangoun vise avant tout à "renforcer l'assistance humanitaire internationale" immédiate."
Lorsque l'on connait la junte, mieux vaut effectivement que ces dons servent à l'aide humanitaire directement plutôt que de passer par les comptes en banque des généraux..)
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé dimanche que "la Birmanie avait pris conscience de l'urgence de la situation pour quelque 2,4 millions de sinistrés du cyclone Nargis et qu'on était maintenant peut-être à "un tournant."
Je n'y crois pas un seul instant, la junte a surtout prit conscience que la communauté internationale était à la limite d'intervenir de gré ou de force et qu'elle devait absolument "lâcher du lest" et changer son attitude et ça marche, la preuve :
Toujours selon Ban Ki-moon :
"Les dirigeants militaires birmans sont d'accord sur la nécessité d'agir de manière urgente ... J'espère et je crois que toute hésitation que le gouvernement de la Birmanie a pu avoir (...) pourrait bientôt être une chose du passé..... j'espère que cela marque un tournant pour surmonter les défis auxquels est confronté ce pays".
On croit rêver en lisant cela!
Ce que la junte a prit en compte ce n'est pas la gravité de la situation pour les sinistrés; cette situation elle la connait depuis le début ou presque et s'en fiche complètement; non, ce dont elle a prit conscience c'est la gravité de la situation à son encontre. Son précieux pouvoir est en danger et la seule solution pour que la Communauté internationale ne se mêle pas de sa "politique" mais reste cantonnée à l'humanitaire et rien qu'à l'humanitaire, c'est justement d'ouvrir les portes à l'aide humanitaire.
Elle a bien comprit le message : si elle n'ouvre pas la porte à l'aide humanitaire, le drame humanitaire pour les sinistrés deviendra pour elle un drame politique.
Je suis persuadée que Ban Ki-moon ne croit pas un mot de ce qu'il a dit sur le pseudo "revirement" de la junte, enfin je l'espère, il ne peut pas être naïf à ce point là...
Ce qui est certain c'est qu'au jour de l'ouverture de cette conférence, les secours sont toujours largement insuffisants , les survivants continuent de manquer de tout : eau potable, nourriture, abris, soins... et des épidémies meurtrières risquent se développer... mais à part ça tout va bien et le secrétaire général de l'ONU est satisfait de la situation.
Le Premier ministre birman Thein Sein a déclaré lors de cette conférence : "Nous accepterons cordialement toute l'assistance et l'aide qui nous seront apportées avec une véritable bienveillance par n'importe quels pays ou organisation, pourvu qu'il n'y ait pas de conditions ni de politisation"
Ni conditions ni politisation ! Ce qui laisse la junte libre de faire ce qu'elle veut finalement. Une chose est certaine également : c'est bien la junte qui continue de tirer les ficelles...
Kathy
Dans la blogosphère,( en français) je ne suis pas la seule à penser que tout cela n'est qu'une mascarade et une perte de temps.
Lire sur le blog "Paix en Guerre"(mais le lien direct vers l'article ne fonctionne pas) l'article du 25 mai, intitulé "du bluff" (စိတ္မေကာင္ဘူ) "
"Encore des négociations et pendant ce temps le junte gagne en stratégie. Il est temps pour le monde de comprendre que les rendez vous, les négociations, les rencontres avec la junte sont vains(...)"
Dans la presse, RFI souligne que la junte n'est pas aussi flexible que l'a laissé entendre Ban Ki-moon.
La conférence internationale des donateurs rappelle que la junte n'est pas aussi flexible que l'a laissé entendre Ban Ki-moon. Pour le secrétaire général de l'ONU, les autorités locales ont pris un tournant.
Pourtant, les déclarations du Premier ministre birman laissent entrevoir de nouveaux obstacles à l'aide humanitaire. Celui-ci déclare que le régime est disposé à examiner le cas des étrangers qui souhaitent travailler dans le pays. Ce point avait pourtant déjà été débattu entre Ban Ki-moon et Than Shwe, le chef de la junte. A l'issue de la rencontre, le responsable onusien assurait que le général autorisait désormais l'entrée de tous les travailleurs humanitaires dans le pays.
Même si le Premier ministre birman est venu nuancer ces propos, Ban Ki-moon reste confiant, d'autant plus que Pékin, le principal allié du régime militaire, semble maintenant faire pression sur son voisin. Le ministre chinois des Affaires étrangères se dit en effet favorable à un plus grand rôle des Nations unies en Birmanie.
Cette conférence donne en tout cas le ton des relations entre la junte et les Occidentaux. Si les généraux semblent encore hésitants face au personnel humanitaire, la générosité de la communauté internationale, elle, est bien accueillie. Le régime annonce avoir besoin de près de 6,5 milliards d'euros pour la reconstruction. (RFI)
ARTICLES (dernier ajout : 22h22)
Titre des articles de ce message du 25 mai:
- la Suisse va augmenter son aide en faveur des victimes du cyclone de 1,5 million de francs
- L'aide française à la Birmanie sera déchargée en Thaïlande
- La junte parle déjà de reconstruction
- Sur la responsabilité de protéger
- La Suisse va augmenter son aide en faveur des victimes du cyclone de 1,5 million de francs
- L'aide française à la Birmanie via le mistral, sera déchargée en Thaïlande
PARIS (Reuters) - L'aide humanitaire française à la Birmanie va être déchargée en Thaïlande en raison du refus des autorités birmanes de laisser le navire militaire Mistral accoster, ont annoncé dimanche les ministères des Affaires étrangères et de la Défense.
"Nous sommes particulièrement choqués que les autorités birmanes n'aient pas accepté que les 1.000 tonnes d'aide humanitaires à bord du Mistral et disponibles en face du delta de l'Irrawady depuis le 17 mai puissent être directement débarquées et distribuées", lit-on dans un communiqué commun.
Devant ce refus, "nous avons décidé de procéder au déchargement du bateau à Phuket en Thaïlande; le Programme alimentaire mondial, au titre de ses responsabilités en matière logistique, en prendra réception et se chargera de l'acheminer en Birmanie dans les zones sinistrées, pour être distribué par les agences des Nations unies et les ONG", poursuit le communiqué. (reuters)
- Comment la junte peut faire bonne figure alors qu'elle "parle déjà de reconstruction", en précisant que la situation est sous contrôle !
RANGOUN (Reuters) - Les représentants de l'Onu et la junte militaire au pouvoir en Birmanie ont fait bonne figure lors d'une conférence des donateurs destinée à venir en aide aux rescapés du cyclone "Nargis" en dépit de leurs divergences sur la gestion de la catastrophe et sur les besoins de la population.
Selon les organisations humanitaires, trois semaines après le passage de "Nargis" qui a fait 134.000 morts et disparus, certains secteurs du delta de l'Irrawaddy n'ont encore reçu aucune aide alors que le gouvernement birman demande déjà de l'argent pour la reconstruction.
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a déclaré devant les participants de la conférence que les tracasseries administratives imposées par la junte avaient été "un obstacle important pour organiser efficacement l'aide et les opérations d'assistance".
Il a toutefois ajouté que le gouvernement birman "semblait commencer à mettre en oeuvre les accords", en faisant référence à la promesse que lui a faite vendredi le général Than Shwe d'ouvrir la Birmanie aux travailleurs humanitaires sans considération de nationalité.
Le Premier ministre birman Thein Sein a remercié les 500 représentants d'une cinquantaine de pays pour leur aide depuis la catastrophe qui frappé le delta de l'Irrawaddy ainsi que l'ancienne capitale Rangoun.
"Nous accepterons cordialement toute l'assistance et l'aide qui nous seront apportées avec une véritable bienveillance par n'importe quels pays ou organisation, pourvu qu'il n'y ait pas de conditions ni de politisation", a-t-il déclaré.
L'Onu a lancé un appel d'urgence pour récolter 201 millions de dollars (127 millions d'euros). Ban a précisé que l'organisation avait déjà recueilli 30% de cette somme sous forme de donations et 20% sous forme de promesses de dons.
"Je vous demande d'être encore plus généreux aujourd'hui (...) Nous avons la chance d'obtenir un nouveau départ aujourd'hui", a déclaré le secrétaire général lors de la conférence organisée conjointement par l'Onu et par l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), dont fait partie la Birmanie. En signe de bonne volonté envers un pays qu'elle considère comme un "avant-poste de la tyrannie", les Etats-Unis ont déclaré être prêts à offrir une aide de plus de 20,5 millions de dollars.
"Toutefois, à cette fin, le gouvernement birman doit autoriser des spécialistes de l'aide internationale à effectuer des évaluations de la situation", a précisé l'émissaire de Washington en Asie du Sud-Est, Scot Marcel, lors de la conférence des donateurs.
OPTIMISME PRUDENT
La junte a affirmé que la mobilisation du gouvernement associée à l'aide internationale avait permis de mener à bien les opérations d'assistance aux rescapés, permettant désormais de se concentrer sur les efforts de reconstruction. Elle demande 11 milliards de dollars (7 milliards d'euros) pour reloger les rescapés, reconstruire les habitations et les infrastructures et réparer les dégâts provoqués par le cyclone.
A l'appui de sa démonstration, elle a diffusé une vidéo du cyclone et des jours qui ont suivi, suggérant que la situation est sous le contrôle des autorités.
Les généraux ont affirmé qu'il y avait suffisamment de riz pour subvenir aux besoins de la population mais que le pays allait devoir réduire ses exportations.
Le ministre de la Planification nationale, Soe Tha, a présenté un exposé détaillé des efforts de reconstruction à mener, précisant notamment que 200.000 hectares de terres avaient été rendues impropres à la culture à cause du sel.
S'exprimant au nom de l'Asean, le ministre des Affaires étrangères de Singapour, George Yeo, a souligné que l'aide de la communauté internationale ne devait pas sortir du cadre humanitaire et a rejeté toute politisation.
"Nous devons éviter de politiser l'aide que nous donnons" et concentrer l'ensemble des efforts sur l'aide au peuple birman "point", a-t-il dit.
On estime que l'aide n'a atteint jusqu'à présent qu'un quart des 2,5 millions de rescapés. Les experts craignent de nouvelles victimes si le pays n'est pas approvisionné de manière continue en vivres, médicaments et équipements dans les mois à venir. La campagne internationale d'aide pourrait durer jusqu'à six mois, a estimé dimanche le secrétaire général de l'Onu.
La promesse des généraux d'ouvrir le pays à tous les humanitaires suscite pour l'instant un optimisme prudent.
"Pour l'instant, il n'y a que des bribes (d'informations). Nous ne savons même pas quelle aide le gouvernement a fourni, donc on ne peut tirer aucune conclusion", a déclaré une responsable humanitaire européenne, ajoutant qu'il n'était pas certain que la conférence de dimanche permette d'obtenir des clarifications sur les intentions de la junte.
Les contrôles semblent toutefois s'être assouplis à la périphérie de Rangoun où les barrages militaires sur les axes routiers ont disparu.
Version française Henri-Pierre André, Gwénaëlle Barzic et Eric Faye (reuters)
- Sur la responsabilité de protèger
Cet article vient donc s'ajouter à la rubrique "Pour", commencée dans mon message du 19 mai : Faut-il intervenir de gré ou de force?
Depuis plusieurs jours la communauté internationale se tient prête à secourir un million et demi de Birmans. Mais les autorités Birmanes les empêchent d'intervenir comme il conviendrait. Deux cents spécialistes de l'Organisation Mondiale de la Santé attendent en Thaïlande les autorisations nécessaires ! Bateaux et avions affrétés par de nombreux pays attendent le feu vert du gouvernement ! Les Nations Unies ont pu apporter quelques secours. Mais hier, les autorités ont confisqué deux cargaisons du Programme Alimentaire Mondiale a annoncé l'AFP.
Les secours sont insuffisants. Les survivants du cyclone, manquent de tout : eau potable, nourriture, abris, soins... Dans ces conditions, des épidémies meurtrières vont se développer. Déjà, l'Unicef rapporte que 20% des enfants sont atteints de diarrhée dans les lieux les plus touchés. Le paludisme apparaît. « La situation humanitaire est de plus en plus désespérée, déclarait le responsable humanitaire des Nations Unies, John Holmes. Une catastrophe encore plus grave pourrait avoir lieu si l'on ne pouvait acheminer rapidement l'assistance dont les populations ont désespérément besoin. »
Il faut agir d'autant plus vite que de violentes pluies menacent à nouveau la Birmanie. Combien de temps faudra-t-il alors pour rejoindre les villages isolés ? Le cyclone a détruit des routes et emporté de nombreux bateaux !
A des années lumières, les dictateurs birmans ont maintenu hier leur référendum. Ils ne se contentent pas de freiner les secours. Ils confisquent l'aide et la distribue de manière « sélective » : « On ne peut pas croire que la masse de la population soit approvisionnée correctement», déclarait un témoin à l'AFP. Leurs interdictions sont « une catastrophe dans la catastrophe », déclarait Bernard Kouchner.
Le gouvernement français se bat pour que l'aide soit directement distribuée aux personnes sinistrées. Bernard Kouchner appelle « les autorités birmanes à lever toutes leurs restrictions au libre acheminement d'une aide... Les organismes spécialisés des Nations Unies et les ONG doivent avoir accès immédiatement aux victimes. Faire face aux souffrances humaines où qu'elles soient c'est le sens de cette « responsabilité de protéger », acceptée par la communauté internationale et proposée par la France. C'est ce que nous avons voulu rappeler au Conseil de sécurité. »
Le temps presse. Il s'agit de sauver la vie d'un million et demi de personnes, isolées de tout, sans voix et sans secours. Le Conseil de Sécurité doit se montrer solidaire des peuples et non des gouvernants qui mettent en péril la vie de leurs sujets. Trop de lenteur nous rendraient coupables de non assistance à personnes en danger. (ouest-france)
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