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vendredi 6 juin 2008

Birmanie, Les "Crimes contre l'humanité" continuent



Depuis plus de deux ans, l’armée du Myanmar se livre à une offensive militaire contre des civils de l’ethnie karen, dans l’est du pays.

D’après un nouveau rapport d’Amnesty International, les opérations actuelles donnent lieu à des violations généralisées et systématiques du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire, et constituent des crimes contre l'humanité.

Ce nouveau rapport, Crimes against humanity in eastern Myanmar, indique que près de 150 000 personnes ont été déplacées dans l’État kayin et dans la division de Bago (est du pays). Beaucoup ont également été victimes d’homicides illégaux, de disparitions forcées ou de travaux forcés et ont vu détruire des villages, des récoltes et des réserves de nourriture. D’autres châtiments collectifs ont aussi été infligés.

Ces violations ont été commises contre des civils dont le seul tort était d’appartenir à l’ethnie karen ou de vivre dans des zones majoritairement peuplées de Karens. Les violences ont également été perpétrées en représailles à des actions de l’Armée de libération nationale karen (KNLA).

Amnesty International s’inquiète de constater que les violations résultent de la politique menée par l’armée et le gouvernement du Myanmar (appelé Conseil national pour la paix et le développement, SPDC).

L’organisation de défense des droits humains demande la fin immédiate de toutes les violations du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire commises par les forces gouvernementales et les milices qui leur sont associées, et appelle le Conseil de sécurité des Nations unies à imposer un vaste embargo sur les armes à destination du Myanmar. (Amnesty International)

  • Pour Rappel : LIRE sur ce blog tous les messages concernant les karens : ICI

  • Par ailleurs, toujours selon Amnesty International, le gouvernement du Myanmar expose les survivants du Cyclone à des dangers accrus:
Selon de nouvelles recherches publiées par Amnesty International, le gouvernement du Myanmar empêche l’aide de parvenir aux survivants du cyclone Nargis et intensifie ses efforts pour obliger ces derniers à quitter les abris d’urgence. L’action du gouvernement expose des dizaines de milliers de survivants déjà très vulnérables à des risques accrus de mort, de maladie et de famine.

Le 20 mai, le gouvernement du Myanmar, le Conseil national pour la paix et le développement (SPDC), a annoncé la fin de la phase de secours et d’aide d’urgence et le début de la phase de reconstruction. Depuis, il a lancé une campagne visant à forcer les survivants ayant perdu leur maison à quitter les camps mis en place par les autorités ou constitués de façon spontanée.

Les autorités ont centré leurs efforts sur les écoles et les monastères, car ces bâtiments avaient été transformés en bureaux de vote pour le référendum constitutionnel finalement organisé vers la fin mai et parce que les cours ont repris le 2 juin.

La plupart des personnes déplacées ne peuvent rentrer chez elles, de nombreuses zones du delta de l’Irrawaddy ravagées par le cyclone étant toujours inhabitables.

« Après avoir survécu à la furie des éléments, des milliers de survivants du cyclone souffrent maintenant des mesures prises par le SPDC », a déclaré Benjamin Zawacki, chercheur d’Amnesty International sur le Myanmar.

S’appuyant sur différentes sources, notamment des récits de témoins et des entretiens avec des personnes disposant d’informations de première main sur les régions frappées par le cyclone, Amnesty International constate qu’il est urgent pour le SPDC et pour les donateurs internationaux d’adopter des normes pour protéger les droits humains dans le cadre de la réaction à la catastrophe.

Amnesty International est également préoccupée par la distribution de l’aide. Le 16 mai, l’organe de presse officiel du Myanmar, New Light of Myanmar, s’est engagé à « mener des enquêtes sur les affaires [de détournement d’aide], à en démasquer les auteurs et à prendre des actions punitives contre eux conformément à ce que prévoit la loi ». Amnesty International salue ces mesures et appelle le SPDC à contrôler strictement la distribution de l’aide par ses fonctionnaires et à enquêter sur toute allégation de vol, d’abus de pouvoir ou de détournement de l’aide.

« Étant donné le lourd bilan du SPDC en matière d’atteintes aux droits humains, les agences humanitaires doivent être particulièrement attentives à toute entrave ou tout détournement de leur aide », a déclaré Benjamin Zawacki, qui est sur place depuis un mois pour rassembler des informations à partir des régions touchées.

Amnesty International a confirmé l’exactitude des informations concernant plus de 30 cas et récits de personnes contraintes de quitter les abris d’urgence installés dans des monastères, des écoles et d’autres lieux.

Ces deux dernières semaines, la politique de réinstallation s’est faite plus systématique et s’est étendue. Les autorités ont obligé des personnes réfugiées à Maungmya, Maubin, Pyapon et Labutta à retourner dans leur village.

Sur les 45 camps de Pyapon, seuls trois existaient encore à la date du 28 mai. Le 23 mai, les autorités de Rangoun ont contraint plus de 3 000 survivants à quitter le camp de Shwebaukan, mis en place par les autorités à Myo Thit dans le district du Dagon Nord, et un camp non officiel établi dans le collège d’État n° 2 de Dala.

Parmi les abus répertoriés, on note aussi la confiscation et la mauvaise utilisation de l’aide. Amnesty International a reçu plus de 40 informations ou témoignages selon lesquels l’aide est confisquée par des fonctionnaires, détournée ou gardée au lieu d’être distribuée aux survivants du cyclone.

En dépit des déclarations de hauts responsables du SPDC condamnant de tels agissements, les fonctionnaires locaux peuvent agir en toute impunité. Amnesty International a par exemple entendu le récit d’un témoin qui a vu, le 26 mai, sur le pont Pan Hlaing du quartier Hlaing Tharyar, à Rangoun, le capitaine de police U Luu Win arrêter 48 camions transportant de l’aide fournie par des donateurs privés birmans. Le 1er juin, la police n’avait toujours pas laissé passer les camions. (Amnesty International)


En savoir plus: un site (en anglais) vraiment très complet sur les karens (Rapports, témoignages, reportages, vidéos, photos...) Karen Human Rights Group

Un autre site évoquant le drame des karens : Burma issues

  • Le gouvernement Birman a donc beau jeu de reprocher à la presse internationale de vouloir ternir l'image de la Birmanie.



Le quotidien officiel du régime, New Light of Myanmar, dénonce les "égoïstes exploitant les victimes du cyclone" qui "filment des vidéos à partir d'histoires inventées de toutes pièces dans les zones affectées du cyclone (...) et font parvenir les cassettes aux agences de presse étrangères".

"Ces agences étrangères publient des reportages infondés avec l'intention de ternir l'image de la Birmanie et de fourvoyer la communauté internationale", accuse le journal.
Le New Light of Myanmar qualifie ces reportages d'"actes inhumains et méprisables".

Depuis une semaine, les autorités birmanes ont entrouvert aux organisations humanitaires internationales l'accès au delta de l'Irrawaddy, la zone la plus dévastée par le cyclone.

Cependant les visas sont toujours refusés aux reporters étrangers. Plusieurs d'entre eux, arrivés dans le pays avec un visa de touriste, ont été refoulés à la frontière ou expulsés, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). (Nouvelobs)

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