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samedi 7 juin 2008

Birmanie, les "sans abris" en danger



Plan de ce message :
1- Réflexions et résumé de la situation au 7 juin
2- Articles :
-Le génocide en marche


1-Réflexions et résumé de la situation au 7 juin

Il y a quelques jours j'écrivais que la Birmanie allait retomber tout doucement dans l'oublie, les projecteurs diminuer d'intensité et dans quelques temps, ce serait de nouveau la nuit noire.

Deux jours plus tard,
les lumières sont presque éteintes et ce n'est pas "tout doucement" mais "très vite", trop vite, que ce pays va retomber dans l'oubli.

Pourtant les Birmans ont besoin de la Communauté Internationale plus que jamais, ils ont besoin de nous, de notre compassion active.

S'il vous plait, n'oubliez pas la Birmanie car les Birmans en général et les rescapés en particulier sont en danger. Et parmi les rescapés, les "Sans abri" sont les plus vulnérables.


A l'approche des pluies de la mousson, des jours de souffrance se profilent pour ceux qui sont sans abri et sans moyen de subsister

La mousson dure de juin à fin septembre.

Les sans abri sont en danger physiquement mais aussi psychologiquement. Or; plus d'un million et demi de personnes sont toujours sans abri.. plus d'un million et demi de personnes sont donc en danger

En danger physiquement :

Des organisations humanitaires ont averti que des milliers de survivants sont toujours sans abris alors que la saison de la mousson arrive.

Une dépêche AP de ce jour indique que :
Les Nations unies et la Croix-Rouge ont averti qu'il y avait un "
besoin urgent" de bâches goudronnées pour offrir un abris à environ 1,5 million de sinistrés avant les pluies. Sans quoi les risques de famine et d'épidémies risquent d'augmenter. "L'exposition aux éléments cinq semaines après une catastrophe de cette magnitude doit être un sujet d'inquiétude majeur", a estimé John Sparrow, porte-parole de la Fédération internationale de la Croix-Rouge. "Les gens sont dans un état affaibli. Ils sont malades; ils ont faim. Sans abris, toute leur situation est sérieusement exacerbée."

Au sujet des bâches, j'aimerais rappeler les réflexions de
ananda travel :
"Remarque pour les ONG qui installent des tentes dans les villages du delta. Le delta est toujours inondé en période de mouson (c'est normal), il y a plein de serpents et autres joyeusetés...c'est pour cela que les maisons sont sur pilotis et que les paysans n'utilisent pas les tentes (sauf dans les grandes villes, au sec).
une maison en bambou peut être refaite en 3 jours et sera plus adapté."

De son côté, Médecins du Monde vient de réitérer auprès des autorités birmanes sa demande d’un accès facilité aux zones sinistrées et d’une levée des entraves au déploiement encore vital de l’aide humanitaire. L’urgence d’une aide nutritionnelle, en eau potable et en soins médicaux doit être prise en compte et la pression de toute la communauté internationale doit être maintenue afin qu’une nouvelle catastrophe meurtrière ne vienne encore endeuiller ce pays fragile. (MdM)

Cinq hélicoptères affrétés par l'ONU sont arrivés samedi à Rangoun:
Deux hélicoptères Puma et trois Mi-8 ont quitté tôt samedi Bangkok, où ils attendaient de pouvoir voler depuis plusieurs jours, a indiqué Paul Risley, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM)
Ils doivent aider les travailleurs humanitaires sur place à acheminer de l'aide aux zones les plus reculées dans le delta de l'Irrawaddy, la région du sud de la Birmanie qui a été la plus touchée. Le bilan officiel du cyclone Nargis fait état de 133.655 personnes mortes ou disparues. Selon l'ONU, plus de la moitié des habitants du delta de l'Irrawaddy n'ont toujours pas reçu d'aide internationale.


Les sans abri sont aussi en danger psychologiquement :

Un aspect dont on parle moins : la santé mentale des rescapés suite à cet évènement certainement choquant :

Parmi les rescapés, une grande partie est toujours sans abri et ce sont les plus vulnérables, tant physiquement que psychologiquement.

- Selon l'association Action contre la Faim, il existe
des craintes importantes, relayées par des témoignages frappants. Les personnes qui ont perdu leur famille et ont été obligées de quitter leurs villages sont forcement choquées.... Nous soupçonnons bien sûr aussi fortement que ce cyclone ait eu des conséquences graves sur la santé mentale des enfants eux-mêmes. Ils peuvent par exemple, s’ils ont perdu leurs parents, perdre aussi leur appétit.

- Le représentant de l'Unicef en Birmanie explique que dans ce genre de situations où les enfants vivent des situations qui les plongent dans un stress intense, il est important pour leur bien-être de mettre à leur disposition un espace dans lequel ils se sentent en sécurité et où ils peuvent retrouver un peu de normalité.

- L’équipe du programme Birmanie de l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) explique que de nombreux survivants souffrent de dépression et autres troubles psychologiques qui les empêchent de reconstruire leur vie.
Kaz de Jong, l’un des spécialistes de santé mentale de MSF indiquait aux journalistes lors d’une conférence de presse au Club des Correspondants étrangers de Bangkok, que 40% des personnes sondées par les 43 équipes médicales de l’ONG présentaient des signes de troubles psychologiques. "De nombreuses personnes sont très déprimées, anxieuses, les gens ont du mal à dormir la nuit, effrayées que quelque choses arrive de nouveau, ils revivent le désastre et voient leurs proches revenir dans leurs rêves"



2- ARTICLES

Titre des articles de ce message du 7 juin
  • Le génocide en marche

Ci vous avez déjà parcouru ce blog et lu quelques uns de mes messages vous réaliserez que cet article "le génocide en marche" vient vraiment compléter mes précédents messages.
J'ai souvent dit que la Birmanie était la pire Dictature au monde avec la Corée du Nord..
Un article que je pourrais ajouter dans la rubrique "POUR" de :
Crime contre l'humanité ou non ? (message du 17 mai)
et
Intervenir de gré ou de force ou ne pas intervenir ? (message du 19 mai)

Un article qui fera également plaisir à olivier SC de bloguer ou ne pas bloguer? et viendra alimenter notamment un pavé d'ingérence

  • Le génocide en marche
L’utilisation de ce terme, généralisée par les médias, l’a comme souvent vidé de son sens, mais il n’est pas trop fort pour qualifier ce qui se passe en Birmanie depuis un mois.

On peut considérer ce délai bien faible au regard des 45 interminables années sur lesquelles pèse une des pires dictatures militaires de la planète. Malgré les ravages provoqués par le passage du cyclone Nargis les 2 et 3 mai derniers, ainsi que ses conséquences désastreuses pour une grande partie de la population pauvre du pays, particulièrement dans le delta de l’Irrawaddy, on pourrait voir à moyen terme ces événements dramatiques comme une possible chance pour le pays. Cela demanderait un double effort aux populations déjà appauvries par la nature du régime et maintenant sinistrées par la violence du cyclone, de se révolter contre cette haïssable junte militaire.

Profitant de la situation géographique du pays extrêmement stratégique dans l’Asie du sud-est, ainsi que des menaces et de l’instabilité de plusieurs pays voisins, à l’exception de la Chine, les militaires y ont établi depuis 1962 un régime de fer, que ni des révoltes successives, des élections dont le résultat a été bafoué, pas plus que les recommandations de l’ONU, n’ont réussi à ébranler.

Précisons que malgré la production exponentielle de l’Afghanistan, surtout depuis la guerre « contre le terrorisme » des Américains et des talibans, le « Triangle d’Or », aux confins de la Chine et du Laos, demeure une des principales régions de production de drogue de la planète. Il s’agit donc d’un commerce des plus juteux pour les généraux, qui disposent là d’une source de financement quasi inépuisable pour continuer à acheter des armes toujours plus sophistiquées.


De l’indignation à l’écœurement

La rigueur journalistique impose certes de toujours garder hauteur et recul, mais l’attitude des généraux, vis-à-vis de leur propre peuple est scandaleusement inédite.

Le Myanmar, qui est le nouveau nom du pays choisi par les militaires, partage avec la Corée du Nord, le triste privilège de pays martyrs par la seule volonté de leurs dirigeants. De la gauche extrême, à la droite « la plus stupide du monde », ces deux pays asiatiques, distants de quelques milliers de kilomètres, partagent le cynisme des dirigeants et le déni des aspirations de leur population.

Dans ces deux pays apparemment opposés, la misère et la faim sont les notions les plus partagées, tandis qu’une armée nombreuse, puissante, bien équipée et entraînée, fait régner un ordre morbide au service du parti (ou plutôt de son ubuesque dirigeant) pour l’un et des généraux corrompus pour l’autre.

Autre point commun, ces deux pays sont frontaliers au nord et au sud avec l’immense Chine, qui est l’un des rares états au monde à soutenir ces gouvernements bourreaux. C’est un peu comme si l’ancien Empire du Milieu avait besoin de ces glacis de misère pour mener d’une façon aussi violente, son propre développement intérieur.

On reste interloqué devant l’attitude de ces militaires, qui au lieu de protéger et servir leur population, la malmènent et l’exploitent éhontément. On se croirait dans « Tintin chez les Picaros », sauf qu’il s’agit là d’une bien triste réalité.

Non-gouvernance paranoïaque

Après le passage d’un des pires cyclones du siècle, qui a déjà provoqué une bonne centaine de milliers de victimes, comment qualifier l’attitude de ces dirigeants, qui refusent l’aide humanitaire internationale ? Pire encore, après bien des atermoiements, ils acceptent vivres et matériel (tout en protestant de leur insuffisance), empêchant les humanitaires de travailler, pour distribuer eux-mêmes et ainsi détourner tranquillement ladite aide internationale.

Un degré supplémentaire a été franchi dans le cynisme et la haine de son propre peuple la semaine dernière, lorsque les militaires ont décidé de renvoyer de force les réfugiés dans leurs villages dévastés, dont les terres ont été inondées.

Selon une phraséologie surréaliste, que l’on serait en droit de considérer comme pathologique, on peut lire sans rire dans le quotidien du gouvernement « New light of Myanmar » que « la population birmane est capable de se relever de telles catastrophes naturelles, même sans assistance internationale… Les habitants des zones côtières peuvent facilement se procurer du poisson, d’autant plus qu’en ce début de mousson, on trouve de grosses grenouilles comestibles en abondance … » et pour être complet, l’organe de la junte continue : « Les habitants peuvent survivre en comptant sur eux-mêmes, même s’ils ne reçoivent pas de tablettes de chocolat de la communauté internationale. » Quelle magnifique ode au libéralisme le plus débridé !

Si les éléments d’un génocide à l’encontre de son propre peuple ne sont pas réunis, c’est à n’y plus rien comprendre de l’humanité.

Pendant ce temps, à New-York et Genève, on discute d’aussi éventuelles qu’inefficaces résolutions, alors que dans le delta de l’Irrawaddy, ceux qui n’ont pas été emportés par le cyclone meurent de ses conséquences et de l’impéritie de la dictature.

Où est donc passé le fameux devoir d’ingérence du Docteur Kouchner ? Ne pourrait-on pas geler les avoirs internationaux des généraux, certainement mal acquis sur le dos de la population ? Alain Huc de Vaubert (Blog de Alain Huc de Vaubert)

Dans le même sens que cet article lire notamment :

Birmanie, lorsque l'on sait...(message du 7 mai)
Droit d'ingérence en catastrophe (message du 10 mai)

Lorsque l'on sait-suite (message du 29 mai )
Négligence criminelle (message du 1 juin)






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