Le général Than Shwe ne veut plus être importuné par ces histoires de morts et de disparus dans le delta
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- La crise humanitaire deviendra politique si l'on ne peut toucher les population
- La junte birmane commet «un crime contre l'humanité»
- La mort à huis clos
- La crise humanitaire deviendra politique si l'on ne peut toucher les population
La réunion du Secrétaire général de l'ONU avec les membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), y compris le Myanmar, a été marquée par un accord sur le fait qu'il fallait laisser entrer plus de travailleurs humanitaires.
« Certains ont exprimé le souci de ne pas politiser la question », a dit le Secrétaire général devant la presse à l'issue de cette réunion.
« Il s'agit d'une crise purement humanitaire et j'ai assuré les délégations sur le fait que je vais essayer de diriger les efforts de façon purement et véritablement humanitaire ».
« Mais parallèlement d'autres se sont dits préoccupés de ce que si nous n'arrivons pas à répondre à cette crise de façon adéquate, c'est-à-dire en ayant accès aux populations dans le besoin, cette question deviendra inévitablement politique ».
Ban Ki-moon a fait savoir qu'il avait été discuté de la nomination d'un coordinateur humanitaire conjoint ONU/ASEAN, de créer une plateforme logistique en dehors du Myanmar et de convoquer une conférence de haut niveau réunissant les donateurs.
Le Secrétaire général a estimé que le « gouvernement du Myanmar avait fait preuve d'un degré de flexibilité », et que cela était « encourageant ».
« Mais il faut faire bien plus », a-t-il ajouté, rappelant que chaque heure comptait.
Il a aussi confirmé que John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, se rendrait au Myanmar bientôt par un avion du Programme alimentaire mondial (PAM).
Source : Centre d'actualités de l'ONU
- La junte birmane commet «un crime contre l'humanité»
Remarques préalables
La junte n'a pas attendu Nargis pour commettre un Crime contre l'humanité. En massacrant les minorités ethniques comme par exemples les karens, en brulant des villages entiers... Aujourd'hui, en refusant l'aide internationale elle ne fait que continuer ce qu'elle a commencé depuis des années.. La Junte n'a rien à faire de son peuple...
«Frustration», «dépit», «colère» : des dizaines d'humanitaires qui attendent un visa à Bangkok pour venir en aide aux rescapés du cyclone Nargis doivent faire face à l'intransigeance de la junte birmane. «Quand des milliers de personnes vont trouver la mort si une aide d'urgence ne leur est pas fournie, une semaine d'attente : c'est insupportable», fulmine Pierre Fouillant, membre du Comité de secours internationaux, association humanitaire d'aide médicale.
Ulcéré par «l'indifférence totale affichée par l'ambassade» birmane à Bangkok, exaspéré par la «même réponse débitée par des fonctionnaires qui se liment les ongles derrière leur grillage» «nous avons transmis votre demande. Nous vous appellerons» , il a fini par reprendre un avion vers la France. «Je n'ai jamais vu de tels délais», assure ce médecin qui a participé à une dizaine d'interventions sur des catastrophes. «Avec un tel déficit interne de secours, rien ne peut justifier ce blocage. C'est un crime contre l'humanité. C'est comme s'ils fusillaient leur propre peuple.»
Pour Craig Allan, un pompier australien qui attend toujours son visa devant les murs gris de l'ambassade, «il est déjà trop tard». «Face à une catastrophe, il faut réagir extrêmement vite et de manière organisée. Ce n'est pas ce qui s'est passé.»
Than Shwe ne répond plus
La junte birmane maintient ses restrictions, alors qu'un deuxième cyclone menace les côtes birmanes. L'inquiétude inspirée par le sort de 1,5 million de victimes s'accroît à l'étranger.
D'après les experts, les sinistrés ne recevraient qu'un dixième de l'aide nécessaire dans le delta de l'Irrawaddy. Pour convaincre le régime de faciliter les secours internationaux, le commissaire européen à l'Action humanitaire, Louis Michel, est arrivé à Rangoun. Comme le premier ministre thaïlandais Samak Sundaravej, il espère faire pression sur la junte pour qu'elle cesse de filtrer l'aide internationale.
Selon une source militaire proche de Naypidaw, le généralissime Than Shwe ne prend pas les appels du secrétaire général de l'ONU ni ne répond à son courrier. «Il ne veut plus être importuné par ces histoires de morts et de disparus dans le delta. Il n'oppose plus que des réponses évasives.» Ses lieutenants n'oseraient plus «lui communiquer les chiffres». Le repli obstiné du régime de Than Shwe, malgré quelques autorisations ponctuelles d'interventions, comme les 160 travailleurs humanitaires asiatiques autorisés hier à pénétrer dans le pays, «relance le débat sur le droit d'ingérence», veut croire Soe Aung, porte-parole d'une coalition d'organisations d'opposition en exil en Thaïlande.
(le figaro)
- La mort à huis clos
Dans son palais-forteresse, le dictateur paranoïaque s'est cru doublement souverain.
Maître des âmes mais aussi maître du temps.
En septembre 2007, Than Shwe, le sinistre potentat birman, a maté dans le sang la marche des moines bouddhistes. Après la révolte des esprits, le généralissime birman, féru d'astrologie, veut cette fois dompter les intempéries.
Le cyclone Nargis a beau avoir submergé 5 000 kilomètres carrés de terres, meurtri la capitale, détruit des villes entières, noyé plus de 75 000 Birmans dont nombre de corps pourrissent dans le delta de l'Irrawaddy, Than Shwe, bourreau de son peuple, refuse la main tendue par la planète.
Non à la charité internationale, hormis quelques avions de l'ONU
Non aux ONG qui frappent à la porte du pays birman, l'un des plus fermés au monde, malgré les 2 millions de sinistrés au bas mot.
Pour le mégalomane Than Shwe, hanté par la vieille dynastie des rois birmans dont il se croit la réincarnation, la junte militaire doit garder la tête haute. Et tant pis si les Birmans ont les pieds dans l'eau. Than Shwe et ses généraux sont semblables au tyran décrit par Bertolt Brecht : si le peuple n'est pas content, alors il faut changer de peuple.
Dans ce pays dévasté, le cyclone Nargis a agi comme un révélateur. Car le tragique dans le théâtre d'ombres dévoile souvent le vrai visage des maîtres en coulisse. Jadis, le palais royal s'estimait au centre du monde. Désormais, le trône birman est au coeur de la tempête, stigmatisé par Washington et les capitales européennes.
Mais, même au plus fort du drame, la junte de Rangoun impose sa ligne de conduite : la peur.
« C'est un régime paranoïaque qui encourage toute forme de délation et pratique la torture et le travail forcé », dit la dissidente birmane Zoya Phan, 26 ans, de Campagne pour la Birmanie, en exil à Londres. « Ouvrir le pays, ce serait reconnaître la faiblesse du régime », ajoute Frédéric Debomy, d'Info Birmanie, association de soutien aux démocrates de Rangoun.
Au pouvoir depuis 1988, les généraux birmans serrent les rangs. Ils ne redoutent plus une explosion de violence, comme en septembre 2007 : les fusils sont là pour rappeler à l'ordre les récalcitrants.
Déjà soumis à un embargo sur les armes décrété par l'Union européenne et les Etats-Unis, ils ne craignent pas davantage l'opprobre de la planète. Guère d'atermoiements, non plus, pour le dénuement, dans un pays de 50 millions d'âmes, membre du club peu enviable des 50 pays les moins avancés, avec un revenu annuel de 1 300 euros par tête. Non, les galonnés de Tatmadaw, l'armée birmane, redoutent bien plutôt les lézardes de l'intérieur, la déliquescence de l'appareil d'Etat, militaires et policiers inclus, si le numéro un montrait des signes d'amollissement.
L'épicentre du désespoir
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