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lundi 26 mai 2008

Birmanie, la situation actuelle est loin d'avoir été "dramatisée", bien au contraire.



Ci après un article de Rony Brauman, professeur à Sciences Po.

Selon cet auteur,
l'occident aurait volontairement dramatisé la situation en Birmanie.

Je suis en désaccord avec cet article, pas particulièrement sur l'attitude de la communauté Internationale, mais sur l'aspect "dramatisation" de la situation.

La situation dramatisée? je n'y crois pas un seul instant. C'est même le contraire, on est loin d'imaginer l'horreur de la situation dans certaines zones où l'aide n'est toujours pas arrivée..

Toutes les personnes qui sont sur place ont décrit la même situation dramatique, la même incapacité de la junte à faire face à la situation et surtout le fait que sa seule préoccupation jusqu'à hier était le référendum. Je suis très étonnée qu'on puisse affirmer que la junte soit capable de gérer seule la situation, en tout cas elle n'a jamais eu l'intention de sauver les rescapés.

Que l'attitude de la Communauté internationale ne soit pas irréprochable cela ne fait aucun doute, mais remettre en cause la situation actuelle en Birmanie sous prétexte que l'on n'aime pas Bernard Kouchner, je trouve cela très critiquable.

Oui la Communauté Internationale et surtout la France sont mal placées pour donner des leçons mais il n'en demeure pas moins que Les Birmans n'ont pas à faire les frais de nos petites querelles politiques justement.

Les laisser se débrouiller avec la junte au pouvoir, c'est cela la solution ?

Pour Rony Brauman, "l'urgence vitale est exagérée pour des raisons politiques". Mais il se trompe, car l'urgence vitale existait déjà bien avant le cyclone !
les Crimes contre l'humanité ont été commis bien avant le Cyclone et la gestion calamiteuse de l'après cyclone n'est qu'une illustration de l'attitude de la junte à l'encontre du peuple Birman.

Hélas, Rien ne pourra nous faire oublier et surtout pas les erreurs de la Communauté Internationale, que la Birmanie est l’un des pires joug qui existe dans ce monde.

C'est justement un des problèmes que j'abordais dans mon message : Birmanie, Intervenir "de gré ou de force" ou ne pas intervenir ?; en ces termes : ... en ce qui concerne la Birmanie, la situation est tellement catastrophique (et elle l'était déjà avant le Cyclone) qu'aucun refus d'intervenir ne peut se justifier par d'éventuels dégâts ultérieurs. Les dégâts , ça fait des années que la junte les a causé à sa population et bientôt il n'y aura plus personne à sauver..

Kathy


Voici l'article en question :
  • « Il faut dépasser les visions moralisatrices » propos Recueilli par Jean-Pierre Deroudille de sud Ouest
« Sud Ouest ». De quelles informations disposez-vous quant à l'ampleur de la catastrophe ?

Rony Brauman. Il semble très difficile de savoir aujourd'hui ce qui se passe en Birmanie. Les différents organismes humanitaires, comme MSF ou la Croix-Rouge, disposent de gens sur place qui ont pu circuler à peu près librement autour de Rangoon.

Sur l'étendue du pays, nous avons aussi des vues par satellite confirmant qu'il s'agit d'une catastrophe de grande ampleur. On voit qu'il y a déjà une forme d'auto-organisation sur place et des réserves alimentaires, parce que la région touchée est fertile.

Mais, sur le bilan global, il ne sert à rien d'avancer des chiffres, parce que ça ne nous aide en rien à nous organiser.

Est-ce que ce pays, qui refuse toute intervention extérieure, dispose d'une infrastructure suffisante pour faire face à la crise ?

C'est un régime militaire et, si on y ajoute les religieux, c'est un pays qui a les moyens de répondre localement. Afin d'être utile, il faut conserver une vision rationnelle, ce qui n'est guère apprécié dans ce genre de situation, où l'émotion prend le pas sur les autres considérations.

N'y a-t-il pas urgence ?

J'ai été stupéfié de voir resurgir dans « Le Monde », sous la plume de Bernard Kouchner et de son collègue anglais David Miliband, ce vieux mythe des épidémies mortelles qui seraient causées par les inondations.

Il est pourtant médecin et bien informé sur ce genre de situation..

Ma réaction a été la stupéfaction : c'est le poncif le plus éculé. Déjà, après le tsunami, cela avait été un enjeu énorme, j'avais eu l'occasion de dire qu'il ne fallait pas envoyer d'équipes médicales ou de vaccins, mais que les gens avaient davantage besoin de moyens de transport, de déblaiement et de terrassement. L'urgence n'est pas vitale. La plupart des secours immédiats sont assurés par le voisinage. Il faut aider les gens à s'abriter temporairement, les aider à se nourrir, à avoir de l'eau potable.

L'urgence est dramatisée ?

Comme chaque fois, cela permet de répondre avec des airs de flic ou de surveillant général qui me sidèrent. On a l'impression que notre ministre des Affaires étrangères rappelle à l'ordre avec son gros bâton ceux qu'il considère comme des mauvais élèves. On veut se donner des airs de justicier sauveur dans un contexte où le gouvernement birman, par ailleurs criminel et corrompu, ne mérite aucune complaisance.

Peut-être Bernard Kouchner remet-il aussi en cause le référendum sur la Constitution birmane ?

Il serait dans son rôle, dans le registre politique. Je ne pourrais pas contester le fait que ce régime est cynique et indifférent au sort de ses populations. Mais il faut compter sur les ressources de la société birmane pour un changement éventuel.

La Chine, en s'opposant à ce que le Conseil de sécurité traite la question, ne joue-t-elle pas le rôle de protecteur de ce régime ?

Rappelons qu'en Birmanie autant qu'en Chine les incursions occidentales ont laissé des souvenirs cuisants. Notre mémoire en privilégie certains aspects. En Asie, la mémoire en privilégie d'autres. Prétendre ignorer ce passé, c'est nous condamner à une incompréhension. De plus, la Chine considère que l'Asie est un territoire où son autorité compte plus que les autres, et c'est avec cela qu'il faut compter. Il faut savoir dépasser les visions moralisatrices, dans des situations comme celles-ci, qui nous coupent de la réalité.

Source : Rony Brauman Sud Ouest ( pas de lien direct vers l'article) et alterinfo.


Cet article prouve à quel point la junte tire les ficelles et a réussi à noyer le poisson.

"...La junte peut aussi se féliciter d'avoir vu reléguer au second plan les critiques internationales sur son mode de gouvernement, les violations des droits de l'homme et l'absence de tout progrès démocratique...
Le sort de Mme Aung San Suu Kyi, leader de l'opposition birmane et seule Prix Nobel de la paix privé de liberté dans le monde, n'a même pas été évoqué publiquement à Rangoun...". (le monde)


Monsieur Brauman devrait faire un tour sur le site de l'UNICEF :

"...La pénurie en eau potable, et les graves problème de sanitation, la précarité des abris et le manque de nourriture sont des menaces pour les populations affectées, particulièrement les enfants. Cela pourrait provoquer une augmentation du nombre de cas de diarrhées, parfois mortelles chez les enfants. Les inondations peuvent également favoriser la reproduction de moustiques et l’apparition de cas de paludisme et de dengue, endémiques dans la région. Les spécialistes de l’Unicef en eau, hygiène et assainissement craignent également que l’effondrement des systèmes d’assainisssement et des réseaux électriques n’augmentent le risque d’infections et de maladies liées à l’eau insalubre comme le choléra et la dysenterie...."


Je préfère de loin l'analyse de la situation faites par Stéphane Landowski, qui
n'est peut-être pas "professeur à science po" mais contrairement à Rony Brauman, il vit à Rangoun. Si lui non plus n'est pas dupe de l'existence d'un "Carnaval humanitaire" il ne minimise en rien la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple Birman et les rescapés:
Lire (message du 26 mai également): Birmanie, "entre mascarade démocratique et carnaval humanitaire"


  • Des survivants exaspérés
Selon la junte au pouvoir, 77 738 Birmans ont trouvé la mort. 55 917 sont portés disparus. Des organisations indépendantes évoquent, de leur côté, le chiffre de 200 000 morts.

Près de trois semaines après le passage de Nargis, les séquelles de la catastrophe sont encore très visibles dans le district de Kyauktan, au sud-est de Rangoun. Et la population vit toujours un véritable calvaire.

Selon les ONG, seuls 20 % des besoins du pays seraient pris en charge, essentiellement par des bénévoles. Les humanitaires étrangers restent cantonnés dans la capitale Rangoun, contrôlés par la police et l’armée.

"Je le dis très librement : le gouvernement ne nous aide pas du tout", lance un villageois. Les Birmans s’en remettent à l’aide des civils ou des religieux, bouddhistes ou hindouistes.

Exaspérés par la façon dont le gouvernement birman rejette l’aide internationale, les sinistrés tentent de réparer leurs maisons, de redresser les poteaux électriques, mais le prix très élevé des matériaux s’avère souvent inabordable pour eux, et la matière première vient parfois elle-même à manquer. ( AgoraVox)

Et comme je le dis souvent sur ce blog...à part ça tout va bien... pour la junte...





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