Dernière mise à jour de la rubrique "Articles" : 22h27
Maintenant que les diplomates étrangers sont repartis dans leurs pays, la junte peut ranger le décor.
Après avoir accusé l'opposition d'inciter les sinistrés à l'émeute via le quotidien officiel New Light of Myanmar en indiquant que "La LND, la Ligue nationale pour la démocratie de Mme Suu Kyi, essaye d'attiser le mécontentement des victimes pour que la colère du public dégénère en émeutes" et qu'elle "essaye d'exploiter la situation politiquement au lieu de coopérer avec la population", puis, ridiculisé l'aide humanitaire en indiquant, via l'éditorial du journal birman Kyemon, étroitement contrôlé par l'armée que : Les habitants de l'Irrawaddy peuvent survivre en se suffisant à eux-mêmes, sans les barres chocolatées données par des pays étrangers". La junte militaire birmane a entrepris d'expulser des familles réfugiées dans des camps du gouvernement. Vous savez, ces beaux camps bleus que Monsieur Ban Ki-Moon a visité en souriant... Maintenant que la conférence des donateurs a eu lieu et que tous les diplomates sont repartis dans leur pays, la junte peut ranger le décor!
"Les Nations unies accusent la junte birmane de forcer les victimes du cyclone Nargis à quitter les camps de réfugiés et de s’en "débarrasser" près de leurs villages dévastés, sans presque rien pour manger.
Pour finir le tableau, des organisations humanitaires ont de leur côté affirmé que le régime empêchait toujours la progression de l’aide internationale. Elles accusent la junte birmane de continuer son obstruction. Mais à part ça, comme d'habitude tout va bien..
Pour revenir sur les critiques de la junte qui accuse la communauté internationale de pingrerie :
Ce que la communauté internationale ne veut pas, enfin je suppose, c'est que l'argent aille directement dans les caisses des généraux car dans ce cas, il ne servira jamais directement à ceux qui en ont le plus besoin.
Ceux qui connaissent bien comment fonctionne la junte militaire ne peuvent ignorer que lorsque l’argent arrive dans les caisses des généraux, il ne profite jamais aux citoyens birmans. L'argent de l'aide humanitaire, si il était versé à la junte, arrivera dans les mains des membres de la junte et de leur entourage immédiat.
Vous doutez encore? Lire : Birmanie lorsque l'on sait 1 et lorsque l'on sait 2 et même tous les messages publiés sur ce blog et vous n'aurez plus de doute quant au vrai visage de la junte.
Impossible de comparer la situation en Birmanie avec d'autres pays : La birmanie est vraiment la pire dictature au monde.
Vous continuez de douter : Lire un témoignage (parmi tant d'autres ) de Mr Aung Ko, représentant du "National Council of the Union of Burma" en France : ICI
Ah oui, encore une chose : Le gouvernement a annoncé formellement la promulgation de sa nouvelle Constitution de la République de l'Union du Myanmar (2008). Vous savez, celle qui est censée établir, à terme, une démocratie en Birmanie...
Le texte a été signé par le président du SPDC, le généralissime Than Shwe.
Pour rappel : Le projet de Constitution a remporté une écrasante majorité de votes favorables, 24 764 124, soit 92,48 % des votes au niveau national. Le taux de participation a été de 98,12 % c'est à dire que 26 776 675 des 27 288 827 électeurs inscrits se sont exprimés.
Seuls 6,1 % des électeurs (1 631 712 personnes) ont voté contre et 380 839 votes (1,42 %) ont été annulés.
La population totale du Myanmar est de 57 370 713 habitants. Le scrutin s'est déroulé dans 325 localités.
Je continue de dire haut et fort que les principaux responsables militaires de la junte doivent être poursuivies devant la Cour Pénale Internationale (CPI) pour CRIME CONTRE L'HUMANITE. En savoir plus sur la CPI : ICI
kathy
Jusqu’où ira donc le gouvernement birman ? Après sa gestion ubuesque et paranoïaque de la catastrophe due au cyclone Nargis, le voilà qui vide les camps de réfugiés, renvoyant les survivants à leur domicile détruit, ausiment sans eau ni nourriture. Huit camps établis par le gouvernement dans la ville de Bogalay pour les sans-abri du delta de l’Irrawaddy, région méridionale la plus touchée par le cyclone du 3 mai, sont désormais “complètement vides”, a accusé le responsable de l’UNICEF Teh Tai Ring lors d’une réunion entre organisations humanitaires.
Les autorités “se débarrassent des gens à l’endroit approximatif des villages, plus ou moins sans rien”, ajoute Teh Tai Ring. D’autres camps étaient également en train d’être vidés à Labutta, une autre ville du delta.
La concentration des victimes dans ces camps facilitait le travail des organisations, selon lesquelles la dévastation est telle dans le delta qu’il serait difficile pour les habitants de retourner dans leurs villages. Les maisons y sont détruites, le bétail est mort, les réserves de nourriture sont quasi-épuisés et on n’y trouve pas de médicaments.
Selon Teh Tai Ring, certaines victimes du cyclone déposées près de leur village ont été munies de rations de nourriture, tandis que d’autres, ayant perdu leur carte d’identité, n’y avaient pas droit.(France-info)
Mais ces réfugiés, regroupés sur la route à la sortie de Rangoun, ne recevront rien. Les cargaisons sont destinées à un entrepôt de l'armée. A Kungyangon, une dizaine de milliers de sacs s'empilent. «Je n'ai pas reçu l'ordre de les distribuer», regrette un officier, alors que cette ville voisine de la capitale économique déborde de réfugiés.
«L'attitude du gouvernement est inacceptable», confie un moine, qui tente avec une dizaine de volontaires de faire parvenir les vivres à Rangoun. Il nous est interdit de nous occuper de la population.» (challenges)
ARTICLES
Pour survivre, il suffit de manger des grenouilles..
Notre peuple peut s'en sortir tout seul, nous n'avons pas besoin d'aide (the irrawaddy)
Pour survivre, il suffit de manger des grenouilles..
Notre peuple peut s'en sortir tout seul, nous n'avons pas besoin d'aide (the irrawaddy)
Titre des articles de ce message du 30 mai:
- Secours en Birmanie, de nouveaux défis (MSF)
- les organisations humanitaires accusent la junte birmane de continuer son obstruction
- la solidarité fait reculer le régime
- "les gens sont extrêmement fragiles socialement" Interview de Anne-Claire Dufay, responsable de la protection de l’enfance pour l’Unicef en Birmanie,
- Birmanie: les généraux accusent la communauté internationale de pingrerie
- La farce du référendum birman ( A lire absolument : un excellent résumé de la situation )
- Tremblement de régime en Birmanie :Les contestations que le régime craint le plus ne proviennent pas des civils, mais de l’armée.
- la junte ridiculise l'aide humanitaire
- La junte birmane évacue des camps de réfugiés du cyclone Nargis
- Secours en Birmanie, de nouveaux défis
Les difficultés d’accès pour le personnel international se sont allégées, est-ce qu’il y a d’autres freins à la délivrance des secours?
L’accès du personnel international dans le delta de l’Irrawaddy permet de disposer sur le terrain d’une expérience de ce type d’urgence, de compétences spécifiques pour mettre en œuvre des techniques plus efficaces, appropriées aux besoins et de la garantie que l’aide reste indépendante et distribuée en priorité aux plus vulnérables.
Les employés birmans ont apporté l’essentiel des secours après le cyclone, le travail a été considérable, mais les besoins restent très importants. Notre principale difficulté est l’étendue de la zone sinistrée et l’ampleur des besoins : tellement d’endroits où aller, tellement de personnes qui ont besoin d’aide ! Une quantité incroyable de matériel doit être acheminée. Il faut charger le matériel dans des camions depuis Rangoun dans le delta, le décharger dans un centre logistique, le recharger sur des bateaux de capacité moyenne puis le transférer sur de plus petits bateaux qui pourront atteindre des zones isolées.
C’est une opération énorme, nous parlons de centaines de tonnes de matériel, et il faut que la machine tourne à tous les niveaux pour que la trentaine d’équipes sur le terrain puisse distribuer la nourriture, les abris, le matériel de purification d’eau aux populations.
D’autres organisations humanitaires vont pouvoir se déployer dans le delta, est-ce que les activités de MSF vont changer ?
Durant les premières semaines, notre objectif a été d’apporter de l’aide matérielle au plus vite et en couvrant la plus grande zone géographique possible. Il y a probablement encore de nombreux endroits que nous n’avons pas atteint, des villages très isolés ou très petits ou simplement des lieux que nous n’avons pas identifiés. Il est encore trop tôt pour dire que l’ensemble de la zone sinistrée a été couverte par une première aide.
L’évaluation se poursuit. Mais d’autres organisations arrivent maintenant, dont certaines plus expérimentées que nous pour procéder à des distributions de matériel à grande échelle. Nous allons pouvoir leur transmettre une partie de nos activités et dans les prochaines semaines, notre intervention va changer de forme pour répondre à des besoins spécifiques.
Par exemple, nous développons un programme de soins psychologiques dans une des zones qui a subi des dommages particulièrement importants. Nous passons de la phase où nous avons fait tout ce que nous pouvions à une phase où nous concentrer sur des activités précises à plus long terme.
Quels sont les besoins à plus long terme dans la zone sinistrée ?
Nous avons couvert une zone très vaste mais nous n’avons répondu qu’aux besoins les plus urgents. Une grande partie de la population n’a pas seulement perdu sa maison, mais aussi leurs sources de revenus, tel que le bateau de pêche, l’élevage de crevettes ou le marais salant. D’autres activités sont nécessaires à plus long terme, après les secours initiaux d’organisations comme MSF. (msf)
Les promesses de la junte faites à Ban Ki-moon ont été faites uniquement pour "calmer" la Communauté internationale ( qui entre nous, fait beaucoup de bruit mais n'agit pas) et surtout pour gagner du temps avant une éventuelle "Crise politique". Pour preuve: les organisations humanitaires accusent la junte birmane de continuer son obstruction
- les organisations humanitaires accusent la junte birmane de continuer son obstruction
Les travailleurs humanitaires attendaient encore le traitement de leur demande de visa, et les autorités birmanes mettaient 48 heures à traiter celles concernant l'entrée dans le delta de l'Irrawaddy, région la plus touchée par le cyclone des 2 et 3 mai derniers, où environ 2,4 millions de personnes sont encore dans le besoin, selon les organisations humanitaires.
"Nous appelons à la mise en oeuvre rapide de tous les accords, sur l'accès, les visas et l'utilisation des moyens logistiques", a déclaré Terje Skavdal, chef du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies.
Soulignant qu'il y avait eu "des indications prometteuses que le gouvernement se dirigeait dans une direction globalement bonne", il a estimé que le vrai défi demeure le respect de la promesse de la junte, faite le week-end dernier, de laisser les travailleurs accéder sans obstacles aux sinistrés sur le terrain.
"Le gouvernement birman use encore de sa bureaucratie pour faire obstruction à certains efforts humanitaires alors qu'il devrait accepter toute l'aide immédiatement et sans condition", a déclaré l'ONG Human Rights Watch dans un communiqué.
La Croix-Rouge attendait encore la permission d'envoyer 30 employés dans le delta, et d'autres organisations attendaient toujours leur visas. D'autre part, la junte a refusé l'accès à ses ports à des vaisseaux français et britannique qui apportaient des vivres, et qui ont dû faire route vers la Thaïlande, où ils ont remis leur cargaison à l'ONU (...) AP via nouvelobs
- La solidarité fait reculer le régime
La nourriture, les vêtements, l’argent fournis par les citoyens birmans représentent plus de 80 % de l’aide actuellement reçue par les victimes du cyclone Nargis, qui a tué plus de 30 000 personnes auxquelles il faut ajouter un nombre similaire de morts ultérieures, suite aux blessures, aux maladies, à la faim et à l’épuisement.
Une grande partie de l’aide étrangère est bloquée aux frontières, car les pays occidentaux veulent que leurs propres organismes supervisent sa distribution plutôt que les troupes birmanes comme le régime le propose. En Birmanie comme ailleurs, le système d’aide occidentale est souvent lourd et onéreux, ignorant les traditions locales et les réseaux locaux de militants sociaux. Il peut même parfois créer une gêne par un afflux soudain d’argent facile et d’experts impatients et arrogants.
Du fait de l’incroyable incapacité du gouvernement, le peuple birman a maintenu une tradition très forte de solidarité sociale et culturelle. Au début, le régime a essayé de confisquer les aides locales aux victimes, établissant des barrages aux portes de Rangoon pour intercepter les centaines de voitures qui essayaient de l’acheminer dans la région du delta. Mais, confrontée à une colère massive et à une vague de solidarité, la junte a dû reculer la semaine dernière. Aussitôt, les routes reliant Rangoon aux premiers ports du delta ont été bondées de voitures.
Le temps presse car une deuxième vague de victimes est attendue dans les prochaines semaines si une quantité bien plus importante d’aide ne peut être fournie dans les zones les plus reculées du delta. Les agences d’aide internationales ont un rôle crucial à jouer en fournissant leur expertise technique. Même des militaires étrangers peuvent être utiles car ils disposent d’hélicoptères, d’avions légers et de systèmes de purification de l’eau.
Les donateurs et les médias internationaux ont largement ignoré cette dynamique locale de solidarité. Elle contredit en effet l’image dominante en noir et blanc, de la Birmanie et celle de donateurs occidentaux représentant l’essentiel de la réponse en cas de désastre. Reconnaître que les Birmans fournissent l’essentiel de l’aide, des bénévoles et de la pression sur le régime, empêcherait les ministres des Affaires étrangères de se présenter devant leurs opinions comme les champions des droits de l’Homme, alors qu’ils continuent à les piétiner en Irak et ailleurs.
Heureusement quelques plus petites équipes étrangères de solidarité ont choisi de faire distribuer les fonds collectés par des groupes de bénévoles locaux, plus ou moins liés à des groupes étudiants ou à des communautés religieuses bouddhistes ayant participé à la récente mobilisation démocratique. Ce genre de lien devrait se multiplier maintenant que la situation des militants locaux, à Rangoon, s’améliore. (Europe Solidaire Sans frontières)
- "les gens sont extrêmement fragiles socialement" Une interview de Anne-Claire Dufay, responsable de la protection de l’enfance pour l’Unicef en Birmanie.
Est-ce que les secours parviennent jusqu’aux populations affectées par la catastrophe ?
Depuis début mai, 66 camions de matériel ont pu transporter jusqu’au terrain des médicaments, des bâches, du matériel éducatif, des kits pour les espaces de protection, etc. La vaccination contre la rougeole se poursuit. Donc les secours arrivent. Ce n’est pas le moment pour l’aide internationale de se relâcher.
Ce qui nous inquiète, c’est de voir les autorités demander le retour vers leur villages des gens qui vivent dans les refuges. Bien sûr, pour les enfants, le cadre sera moins traumatisant. Mais il sera plus difficile pour nous de toucher la population. Les centres de protection des femmes et des enfants vont devoir être transférés en fonction de ce mouvement.
Dans les villages, certaines écoles ont été totalement rasées par le cyclone. Nous sommes en train de monter des espaces d’éducation temporaires en prévision de la rentrée des classes, qui doit avoir lieu le 2 juin. Nous sommes très attentifs à ce retour dans les villages, parce que les gens sont extrêmement fragiles socialement. On me parlait cette semaine de femmes de pêcheurs qui ont perdu leurs maris dans la catastrophe et qui espèrent trouver un emploi en usine malgré leurs nombreux enfants (les plus jeunes n’ayant que quelques mois) : elles ne s’en sortiront jamais.
L’Unicef et ses partenaires réfléchissent à des transferts de cash, qui permettraient aux familles les plus vulnérables de faire face aux événements.
On parle de 2 000 enfants séparés ou non accompagnés. Confirmez-vous ce chiffre ?
Non, c’est une estimation nationale que l’on ne peut pas prouver. Mais cinq équipes formées par l’Unicef et des ONG partenaires travaillent sur une étude précise, avec un formulaire commun, qui donnera des résultats la semaine prochaine.
Pour le moment, nous avons des chiffres pour Laputta, qui font état de 282 enfants séparés (c’est-à-dire sans leurs parents) et de 50 non accompagnés (sans même une famille). Nous nous efforçons de leur trouver une famille d’accueil. Mais les autorités privilégient le placement en orphelinat. Nous multiplions les contacts avec le ministère des affaires sociales et ses services pour éviter cela. Nous suivons de très près le cas de 19 enfants qui seraient déjà sur le point d’être placés en institution.
Après sa visite au Myanmar, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, a annoncé que les autorités étaient prêtes à faire un effort pour laisser entrer les humanitaires étrangers. Avez-vous constaté des progrès ?
L’Unicef a obtenu 7 visas pour faire entrer du personnel étranger supplémentaire. Nous essayons de rallonger la durée de ces visas, qui est limitée à deux semaines pour le moment. Et nous avons bien sûr une liste plus longue à soumettre aux autorités pour d’autres visas.
Par ailleurs, s’agissant des équipes permanentes de l’Unicef Birmanie, notre personnel international a été autorisé à rejoindre sur le terrain nos équipes de nationaux qui travaillent depuis la première heure au plus près des sinistrés : 6 personnes sont sur le point de venir apporter leur expertise en renfort dans le delta de l’Irrawaddy, dans tous les domaines d’activités de l’Unicef. (UNICEF)
- Birmanie: les généraux accusent la communauté internationale de pingrerie
La junte birmane a incité vendredi les sinistrés du cyclone Nargis à "manger des grenouilles" plutôt que d'accepter les "tablettes de chocolat" d'une communauté internationale accusée d'être chiche dans ses aides financières quatre semaines après le cataclysme.
Le quotidien officiel New Light of Myanmar s'est vivement étonné que 150 millions de dollars seulement aient été promis par des pays donateurs, alors que la Birmanie a évalué à 11 milliards ses besoins pour la reconstruction.
Le journal a fustigé les Etats qui ont posé comme condition préalable à toute aide financière le libre accès des organisations humanitaires internationales au delta de l'Irrawaddy, la région la plus affectée par Nargis.
"La population de Birmanie est capable de se relever de telles catastrophes naturelles, même sans assistance internationale", a affirmé le New Light of Myanmar, précisant que les habitants des zones côtières dévastées "peuvent facilement se procurer du poisson" et qu'"en ce début de mousson, on trouve de grosses grenouilles comestibles en abondance".
"Les habitants peuvent survivre en comptant sur eux-mêmes, même s'ils ne reçoivent pas de tablettes de chocolat de la communauté internationale", a dit le quotidien de la junte, selon qui autoriser les sauveteurs étrangers à se rendre librement dans le delta reviendrait à accorder aux donateurs "la permission de pénétrer dans toutes les maisons à discrétion". (AFP via courrierinternational)
Le vrai visage de la junte c'est ça : un excellent résumé de la situation politique et humanitaire, les deux étant liées
- La farce du référendum birman
L'immense souffrance du peuple birman, provoquée par le récent cyclone qui a causé des dizaines de milliers de morts, mérite la sympathie du monde entier. Mais il faut à ce peuple davantage que de la sympathie, car l'incompétence de la junte militaire birmane et l'oppression brutale qu'elle lui inflige ne font qu'aggraver les conséquences tragiques de cette catastrophe naturelle.
Au beau milieu de la dévastation du cyclone, les généraux dirigeant la Birmanie ont maintenu leur référendum sur la nouvelle Constitution. Conformément à la loi birmane sur le référendum constitutionnel, les membres d'organisations religieuses, les personnes qui font l'objet de poursuites judiciaires et les membres de groupes ethniques qui n'ont pas accepté le cessez-le-feu avec le gouvernement n'ont pas eu le droit de voter. Par conséquent, tous les prisonniers politiques actuels et passés, environ 500 000 moines bouddhistes, et plus de deux fois plus de membres appartenant aux minorités ethniques vivant près des frontières, se sont vus exclus du scrutin. En outre, conformément à la nouvelle Constitution censément «approuvée» par le «référendum», Daw Aung San Suu Kyi, qui n'a jamais été poursuivie mais reste assignée à résidence, n'a pas le droit de se présenter aux élections de 2010, sous prétexte qu'elle est la veuve d'un Britannique. Le monde veut-il vraiment accepter une telle absurdité ?
Nous soutenons fermement la campagne de l'opposition birmane appelant les citoyens de ce pays à rejeter une Constitution qui ne défend pas les droits de l'homme mais ne fait que confirmer le rôle politique de l'armée. Beaucoup d'activistes partisans de la démocratie ont été arrêtés dans tout le pays. La « loi » draconienne du régime (5/96) interdit aux participants de critiquer le projet de Constitution ; ceux qui osent défier le régime risquent vingt années de prison.
Étant donné l'écrasement violent des manifestations de masse de septembre dernier (la «révolution safran») menées par les moines bouddhistes du Myanmar et la répression constante dans le pays, il n'est pas surprenant que la junte militaire tente d'envelopper ses tendances despotiques dans des mesures pseudodémocratiques comme le soi-disant scrutin du référendum.
Malheureusement, la communauté internationale n'a pas réagi l'automne dernier aux arrestations de masse des défenseurs des droits de l'homme. Les meneurs de Génération 88, notamment Min Ko Naing, Ko Ko Gyi, des femmes activistes comme Su Su Nway et d'autres ont courageusement exprimé leurs griefs à plusieurs reprises dans des lettres, des déclarations et des manifestations publiques avant la «révolution safran». Leurs courageux appels sont tombés dans l'oreille d'un sourd, et ils sont encore emprisonnés aujourd'hui.
Il est temps de condamner fermement l'exclusion d'un nombre considérable de personnes du processus de vote, et d'insister sur la libération des prisonniers politiques du Myanmar. Les Nations unies et l'Union européenne devraient être prêtes à rejeter ouvertement le résultat du référendum et à durcir les sanctions contre le régime. Les voisins du Myanmar de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) doivent arrêter de regarder ailleurs quand les dirigeants piétinent les citoyens birmans.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit envisager un embargo universel sur les armes, et l'Union européenne adopter des sanctions bancaires visant le régime et ses complices. En outre, l'ONU ne doit pas se contenter d'une condamnation, mais doit aussi mettre un terme aux plus grandes atrocités commises aujourd'hui : l'obstruction par le régime de l'aide étrangère aux victimes du cyclone. Leurs victimes sont de la responsabilité exclusive de la junte militaire, qui, délibérément et en pleine connaissance des conséquences possibles, a fermé sa porte à l'aide et aux travailleurs humanitaires du monde entier. Ces actes représentent un effroyable crime contre l'humanité.
Le référendum organisé par les militaires n'apportera pas la démocratie en Birmanie ni n'aidera le peuple birman, victime aujourd'hui non seulement du régime autoritaire et de la pauvreté, mais aussi d'une grave catastrophe naturelle et de sa gestion absolument inepte par des généraux cyniques. Les dirigeants du Myanmar ont échoué dans leur mission de protection du peuple birman, mais une mesure active et décisive de la communauté internationale envers le régime peut encore y remédier. (le figaro)
- Tremblement de régime en Birmanie :Les contestations que le régime craint le plus ne proviennent pas des civils, mais de l’armée.
(...) La colère gronde en Birmanie, où les survivants du cyclone ont, par exemple, battu un responsable local. Ils étaient furieux de son échec à distribuer de l’aide.
Selon Simon Billenness de U.S. Campaign for Burma, « c’est mille fois pire que Katrina. Je ne vois pas comment cela ne provoquera pas des troubles politiques ».
Les contestations que le régime craint le plus ne proviennent pas des civils, mais de l’armée. Il s’agit d’une des raisons qui explique le comportement erratique de la junte après la tragédie. Par exemple, nous savons tous que la junte birmane s’est attribué le crédit pour l’aide fournie par l’étranger.
Il semble maintenant qu’elle s’est arrogé bien plus. Dans certains cas, elle s’est approprié l’aide elle-même. Selon un article du Asia Times, le régime a volé les envois de nourriture pour les distribuer à ses 400 000 soldats.
Ce geste met en lumière la menace que représente ce désastre. Il semble que les généraux soient « hantés par une peur presque pathologique d’une division dans leurs rangs… si les soldats ne sont pas traités en priorité dans la distribution de l’aide et s’ils sont incapables de se nourrir, alors les possibilités de mutinerie augmentent ».
Mark Farmaner, directeur de Burma Campaign UK, confirme qu’avant le cyclone, l’armée faisait déjà face à une vague de désertion. Ce vol de nourriture à petite échelle fortifie la junte dans l’atteinte d’un objectif plus important, celui d’un référendum que les généraux insistent pour tenir, malgré l’enfer ou les inondations.
Attirés par les prix élevés des ressources naturelles, les généraux de Birmanie se sont nourris des richesses du pays, en soutirant des pierres précieuses, du bois, du riz et du pétrole. Malgré cette position favorable, le leader de la junte, le général Than Shwe, sait qu’il ne peut résister indéfiniment aux appels pour la démocratie.
En s’inspirant du dictateur chilien Augusto Pinochet, les généraux ont rédigé une Constitution qui permet de futures élections, mais qui tente de garantir qu’aucun gouvernement ne pourra leur enlever leurs richesses frauduleusement acquises ni les poursuivre pour leurs crimes. Comme l’explique Mark Farmaner, après les élections, les chefs de la junte « vont porter des complets plutôt que des bottes ». […]
Pendant ce temps, le cyclone représente une dernière grande occasion d’affaires pour la junte : en bloquant l’aide destinée au delta très fertile d’Irrawaddy, des centaines de milliers de riziculteurs appartenant à l’ethnie Karen sont condamnés à la mort. Selon M. Farmaner, « ces terres peuvent être cédées aux partenaires d’affaires des généraux » (ce qui ressemble aux saisies de terres côtières au Sri Lanka et en Thaïlande après le tsunami). Il ne s’agit pas d’incompétence ni de stupidité comme plusieurs le disent. C’est un nettoyage ethnique volontaire.
Si la junte birmane évite une mutinerie et atteint ses buts, ce sera en grande partie grâce à la Chine, qui a vigoureusement bloqué toutes les tentatives d’aide humanitaire par l’ONU. En Chine, où le gouvernement central s’efforce de se présenter comme compatissant, les nouvelles concernant une telle complicité pourraient devenir explosives.
Source : alternatives
- la junte ridiculise l'aide humanitaire
"Les habitants de l'Irrawaddy peuvent survivre en se suffisant à eux-mêmes, sans les barres chocolatées données par des pays étrangers", écrit dans un éditorial le journal birman Kyemon, étroitement contrôlé par l'armée. (levif.be)
- La junte birmane évacue des camps de réfugiés du cyclone Nargis
"Il vaut mieux qu'ils retournent dans leurs maisons, où ils vivront de façon plus stable", a déclaré un responsable dans l'un des camps, où les réfugiés venaient de se voir mettre en demeure de quitter les lieux avant 16h00 (09h30 GMT).
"Ici, ils dépendent des dons, ce n'est pas stable."
Selon des habitants et des travailleurs humanitaires, 39 camps situés dans les environs de Kyauktan, à 30 km au sud de Rangoun, sont en cours d'évacuation.
"Nous savions que nous devrions partir à un moment ou à un autre, mais nous espérions davantage de soutien", a déploré Kyaw Moe Thu, conducteur de triporteur âgé de 21 ans, alors qu'il quittait le camp en compagnie de ses cinq frères et soeurs.
Les autorités leur ont donné vingt perches de bambou et des bâches afin de les aider à se réinstaller dans le delta de l'Irrawaddy, où le passage du cyclone Nargis, le 2 mai, a fait 134.000 morts et disparus.
"Nous somme déçus", a-t-il ajouté.
Les Nations unies estiment que quatre semaines après la catastrophe, moins de la moitié des 2,4 millions de sinistrés a reçu une aide quelconque, que ce soit de la part du gouvernement birman ou des organisations locales et internationales.
A Rangoun, la rumeur que les évictions avaient lieu dans les camps de réfugiés de l'ensemble du delta s'est rapidement répandue dans la communauté des travailleurs humanitaires, mais l'Onu a indiqué ne pas encore en avoir reçu la confirmation de ses équipes sur place.
"Nous n'approuverions en tout cas certainement pas un retour prématuré dans des zones dépourvues de services, et tout déplacement forcé est absolument inacceptable", a déclaré Amanda Pitt, porte-parole de l'Onu à Bangkok.
Ed Cropley, version française Gregory Schwartz (Reuters via latribune)
(Comme d'habitude, mes remarques perso. sont en bleu)
Pour rappel sur ce blog :
- Birmanie, faut-il intervenir en Birmanie ?( message du 19 mai avec dernière mise à jour au 30 mai)
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