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samedi 31 mai 2008

Birmanie, Une économie agricole parmi les plus pauvres du monde

photo AFP


Avant le passage du cyclone Nargis la Birmanie avait déjà une économie agricole parmi les plus pauvres du monde, pénalisée par l’absence de réelles réformes économiques.

La région des rizières (
delta de l'Irrawaddy) a été dévasté, l'économie agricole qui était déjà mal en point avant Nargis ne pourra pas se relever de si tôt et la situation des Paysans Birmans est dramatique.

L'obstruction de la junte birmane à l'acheminement de l'aide internationale vers les zones frappées par le cyclone Nargis a coûté des dizaines de milliers de vies, a dénoncé samedi le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates. "Nous avons tendu la main, ils ont gardé les leurs dans leurs poches", a-t-il déploré.

Oui mais malgré ces belles déclarations, Robert Gates est toujours opposé à toute intervention forcée. Il y a là une contradiction flagrante car si
"L'obstruction de la junte birmane à l'acheminement de l'aide internationale vers les zones frappées par le cyclone Nargis a coûté des dizaines de milliers de vies", que dire que la "Non intervention" de la communauté internationale?

La Communauté Internationale et l'ONU font beaucoup de bruit depuis 3 semaines mais parfois, mieux vaut agir en silence que de ne rien faire en criant. Et pendant ce temps les sinistrés continuent de mourir à cause de l'absence d'aide.



Titre des articles de ce message du 31 mai (dernière mise à jour: 18h34)
  • 1-Les paysans birmans impuissants dans leurs rizières dévastées (témoignage)
  • 2-Retour sur l'économie (agricole) Birmane fin 2007 ( Rapport)
  • 3-"Avant, c'était un village" (Témoignage)
  • 4-Pour Rappel : La route de la mort et de la désolation (témoignage)
  • 5-Communiqué de Human Rights Watch à propos des expulsions de rescapés
  • 6-la colère des moines de Mandalay
  • 7-Police anti-émeutes déployée dans zone dévastée par Nargis
  • 8-Une ONG dénonce le "harcèlement" contre les médias
  • 9- contraste grandissant entre la nouvelle capitale et les zones sinistrées
  • 10-dernier article ajouté: l'Organisation Internationale du Travail est inquiète des risques de travail forcé pour la reconstruction ( et elle a raison d'être inquiète..)

Des survivants du cyclone Nargis reçoivent de la nourriture à Bogalay. (Photo : AFP)

  • 1-Les paysans birmans impuissants dans leurs rizières dévastées
Quand le cyclone Nargis s'est abattu sur la Birmanie il y a quatre semaines, la maison de Daw San s'est écroulée, ses buffles se sont noyés et ses réserves de grain ont été emportées par les flots.

En cette saison, elle devrait déjà avoir commencé à repiquer le riz avec sa famille sur leur petite exploitation du village isolé de Kanzeik, dans la région dévastée du delta de l'Irrawaddy.

Après avoir attendu plus de trois semaines dans l'espoir que le gouvernement ou des donateurs étrangers lui fournissent de quoi démarrer cette cruciale saison du riz, la fermière de 62 ans a estimé qu'elle ne pouvait plus attendre.

Le cataclysme a emporté presque tous ses biens et elle n'a plus qu'un modeste sarong pour cacher sa nudité. Mais Daw San et les siens disposaient encore de quelques bijoux qu'ils portaient au moment de la catastrophe.

«J'ai enlevé mes boucles d'oreilles. J'ai aussi pris celles de ma petite-fille, ainsi que son bracelet et je les ai gagés pour acheter un tracteur», raconte-t-elle entre deux bouffées de son cigare roulé à la main.

Le tracteur a coûté 350 dollars, une fortune pour un paysan birman. Il ressemble à une sauterelle métallique, avec un moteur qui pousse de violents hoquets en se taillant un chemin incertain à travers les champs.

Mais avoir un tracteur n'est pas tout: les sols sont encore détrempés, et Daw San ne dispose que d'une poignée de semences.

«Nous avons besoin de graines, d'engrais et de tracteurs pour planter le riz à temps. Nous n'avons pas suffisamment de buffles parce que nos animaux sont morts dans le cyclone», se plaint-elle.

«Il ne s'agit pas que de la survie de ma famille. Il s'agit de la survie de tout le pays. Si nous ne pouvons faire pousser le riz à temps, les gens n'auront pas assez à manger», s'alarme Daw San.

Le cyclone Nargis a fait au moins 133 600 morts et disparus et 2,4 millions de sinistrés, principalement dans le delta de l'Irrawaddy, grenier à riz de la Birmanie. Des experts internationaux affirment qu'une famine menace le pays si le riz ne peut être repiqué d'ici quatre semaines.

Selon le gouvernement, Nargis a provoqué un afflux d'eau de mer qui a inondé quelque 4.000 km2 de surfaces cultivables.

D'autres fermiers de Kanzeik partagent les craintes de Daw San et disent qu'ils ne pourront être prêts à temps.

«Nous continuons à chercher des buffles et des semences», dit Lay Naing, exploitant de 43 ans.

«Jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucun matériel agricole de la part du gouvernement. Cela serait vraiment bien s'il pouvait nous aider à temps. Sinon, nous les fermiers ferons ce que nous pourrons, mais nous ne serons pas capables de produire autant que les autres années», explique-t-il.

La seule aide qui est arrivée jusqu'ici à Kanzeik est venue de particuliers qui ont fait spontanément le long voyage depuis Rangoun ou d'autres villes pour distribuer des aliments, des abris et des vêtements.
Lay Naing, qui écoute les informations sur une radio à ondes courtes, sait que la Birmanie a reçu de l'aide internationale. Il ne comprend pas pourquoi cette aide n'a pas atteint son village.

«J'ai entendu que les Chinois avaient fourni des semences aux fermiers. J'ai aussi entendu que nous aurions des tracteurs», raconte-t-il.

La junte militaire birmane ne permet que depuis la semaine dernière aux sauveteurs et experts étrangers de se rendre au compte-gouttes dans le delta. De nombreux villages, comme Kanzeik, ne sont accessibles qu'en bateau et ne figurent sur aucune carte. Lay Naing craint qu'aucune aide ne parvienne avant qu'il ne soit trop tard pour commencer à repiquer le riz.

«Si l'aide arrive trop tard, elle ne servira à rien», s'inquiète-t-il.

Source : Moe Moe Yu- Kanzeik, Birmanie- AFP via cyberpresse


  • 2-Retour sur l'économie Birmane fin 2007
Extraits d'un Rapport intitulé La « situation économique de la Birmanie fin 2007 », publié par la Mission Economique du ministère des Affaires Etrangère français

Une économie agricole parmi les plus pauvres du monde, pénalisée par l’absence de réelles réformes économiques.

Pays le plus prospère d'Asie du Sud dans les années soixante, la Birmanie, se retrouve aujourd’hui dans la catégorie des pays les moins avancés (son PIB par habitant est d’à peine 250 USD).

Le pays dispose pourtant d’atouts : des matières premières abondantes (mines, bois, gaz et pétrole), un marché de plus de 50 millions de consommateurs, une main d’oeuvre bon marché et l’appartenance à l’ASEAN, depuis 1997, qui lui permet, dans le cadre de l’accord de libre échange de cette zone (AFTA), un accès privilégié aux économies de la région. Mais l’économie reste centrée sur l’agriculture (la moitié du PIB, le riz mobilisant la majorité des terres cultivées). Le secteur industriel reste très faiblement développé (14 % du PIB) et reste concentré dans les industries agroalimentaires et le secteur de la confection.

Sur le plan domestique, les efforts en faveur du développement et de la diversification de la production agricole se sont révélés peu efficaces. Consciente des limitations en termes de croissance et de qualité liées au monopole d’Etat, la Junte a entrepris la libéralisation du secteur du riz mais la baisse du prix de cette céréale n’a fait que décourager les entrepreneurs etnappauvrir une partie des agriculteurs. La libéralisation, annoncée en mars 2004, des secteurs du sucre, du coton et du caoutchouc, s’est heurtée à un scepticisme général. Trois ans après, le statu quo prévaut toujours. (...)

Un déficit budgétaire – largement monétisé- et un endettement élevés. Le régime de change multiple constitue un lourd handicap.

La dette publique birmane est lourde...

Les pressions inflationnistes (monétisation du déficit public, hausse des prix des produits importés, libéralisation du secteur agricole, démantèlement desnsubventions pour l’essence) pourraient porter l’inflation moyenne en 2007n entre 30 % et 40 % contre 20 % en 2006. (...)


Source : Rapport publié par la Mission Economique du ministère des Affaires Etrangère français. ( J'ai trouvé ce rapport via le blog suu-Kki)

TELECHARGER le Rapport complet (3 p. format pdf) : ICI



  • 3-Le delta de l'Irrawaddy : "Avant, c'était un village"
Remarques préalables : dans mon message du 27 mai " Mort et désolation" J'ai traduit partiellement un article du journal "the mizzima" intitulé "la route de la mort et de la désolation" Cet article est le témoignage d'un journaliste qui s'est caché dans un camion pour se rendre dans la zone interdite. Or, dans un article du monde en date du 30 mai intitulé "Avant c'était un village", Dominique Dhombres reprend ce témoignage.

Pour la petite histoire, j'avais justement indiqué dans mon message du 27 mai, après avoir fait le résumé en français de l'article de "mizzima" :
C'est bien dommage que les articles des journaux comme mizzima ou irrawaddy ne soient pas plus traduits et publiés intégralement dans la presse française qui se contente, la plus part du temps, de publier des dépêches Reuters, AFP ou AP. Ces dépêchent sont complètes, mais il s'agit le plus souvent d'informations générales et rarement des témoignages.

Je ne sais pas si il s'agit du même journaliste, en tout cas leurs témoignages sont similaires et la méthode est la même : sa cacher dans un camion avec les sacs de riz, pour pouvoir témoigner car la presse n'est pas autorisée à se rendre dans cette région.


"Avant c'était un village"

Les reportages filmés sur l'état de la population dans le delta de l'Irrawaddy, en Birmanie, après le passage du typhon Nargis, sont extrêmement rares. Quatre semaines après la catastrophe, les autorités continuent d'empêcher les caméras étrangères d'accéder à cette zone, ancien grenier à riz du pays, aujourd'hui totalement dévastée.

Les images diffusées jeudi 29 mai dans "Envoyé spécial", sur France 2, n'en sont que plus précieuses. Hélène Thyali-Huynh et Hervé Bouchaud ont réussi à entrer clandestinement dans cette zone interdite.

La première a sillonné en voiture une des trois routes goudronnées qui traversent l'Irrawaddy. On voit, tout au long de cette route, des réfugiés qui ont fui leurs villages où tout a été emporté, habitations, vêtements, ustensiles de cuisine. Ils campent de façon précaire sur les bords de cette route par laquelle arrive la seule aide qui leur soit parvenue jusqu'à présent, celle qui est apportée bénévolement par les habitants de grandes villes.

Des camionnettes chargées de nourriture et de couvertures partent régulièrement de Rangoon. Ce sont des initiatives individuelles. On ne voit nulle part sur le terrain les distributions que les militaires seraient censés organiser et qui sont montrées en boucle à la télévision d'Etat.

Le dénuement de ces réfugiés massés le long des routes est extrême. C'est pire encore pour ceux qui sont restés dans leurs villages isolés.

Hervé Bouchaud est parvenu jusqu'à l'un de ces villages en payant 1 000 dollars à un passeur. Il a franchi les barrages militaires en se cachant à l'arrière d'une camionnette et a poursuivi en bateau, toujours avec son passeur, dans un des innombrables bras du delta de l'Irrawaddy.

C'est un spectacle de désolation. Il y a encore des cadavres d'hommes et d'animaux dans l'eau. On lui laisse la parole. "Partout, une odeur de décomposition et de pourriture, une odeur de mort." Il arrive jusqu'au village. "Quelle était la hauteur de la vague ?", demande-t-il. "Quatre mètres. L'eau a dépassé ces arbres", lui répond un habitant. "La vague a percuté la maison et l'a emportée là-bas", ajoute ce dernier. Au milieu du chemin, on aperçoit des bâches en plastique dans lesquelles les villageois ont mis en commun leurs réserves de riz, devenues grisâtres, qu'ils font sécher. "Ce soir, on ne va manger que ça. Il n'est plus très bon, mais on va le manger quand même", dit un villageois. "Avez-vous reçu de l'aide du gouvernement ?", demande-t-il à la ronde. "Non", répond le chef du village, qui compte 1 300 habitants. Il y a eu entre 60 et 70 morts. Un peu plus loin, il n'y avait même pas d'arbres pour atténuer le choc de la vague. "Il n'y a plus rien. Avant, c'était un village. Maintenant, c'est un cimetière", dit une femme.

Dominique Dhombres (lemonde)

  • 4-Pour rappel : La route de la mort et de la désolation (déjà publié dans mon message du 27 mai)
La route de la mort et de la désolation, c'est le titre d'un article de mizzima du 27 mai
Selon cet article (rédigé en anglais) ce sont encore les moines, grâce à des dons privés, qui prennent les devants en aidant les rescapés sans abri et qui souffrent, et en leur lançant des "bouées de sauvetage."

C'est bien dommage que les articles des journaux comme mizzima ou irrawaddy ne soient pas plus traduits et publiés intégralement dans la presse française qui se contente, la plus part du temps, de publier des dépêches Reuters, AFP ou AP. Ces dépêchent sont complètes, mais il s'agit le plus souvent d'informations générales et rarement des témoignages.

Voici un petit Résumé, en français, de cet article il ne s'agit donc aucunement de sa traduction complète je ne suis pas assez douée en anglais.... :

Résumé:

Quelle que soit l'accord conclu entre le général Than Shwe et le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, les aides étrangères ne peuvent toujours pas se rendre en dehors de Rangoun sans une autorisation écrite du gouvernement.

La presse n'est pas autorisée non plus à se rendre dans le delta de l'irrawaddy. Pour pouvoir témoigner de la réalité, un journaliste se cache dans un camion, dans les sacs de riz pour pouvoir passer les contrôles entre Rangoun et les villages reculés qui ne reçoivent aucune aide gouvernementale.

Il s'agit d'aide privée et non gouvernementale. Ces dons de nourriture proviennent de riches Birmans et sont apportés par des moines le plus souvent.

Les rescapés sont en colère et désillusionnés quant à l'absence d'assistance de la junte militaire. En revanche, ils respectent les moines et les donateurs privés puisque ce sont les seuls à les aider véritablement.

Les moines font ce qu'ils peuvent pour soulager les souffrances des villageois et leur distribuer les dons de donateurs privés.

Plus de trois semaines après le cyclone aucun fonctionnaire du gouvernement ne s'est montré et l'aide internationale n'est toujours pas en vue.

Lorsque nous déchargeons la cargaison, des centaines d'enfants et d'adultes nous attendent avec des yeux brillant, plein de gratitude. Les aliments que nous leur donnons ne vont les aider à survivre que durant quelques jours.

Comment vont-ils survivre au cours des deux prochains mois?

Comme de nombreux villages isolés, ils sont trop loin de la portée des rares ONG internationales qui sont autorisés à pénétrer dans le Delta,

Sur notre chemin de retour à Rangoon, nous faisons face à des milliers de sans-abri et démunies qui bordent les routes du Delta à Rangoon.

Même la nuit dans l'obscurité totale, les enfants et les adultes, hommes et femmes sont alignés des deux côtés de la route en espérant recevoir, au passage des voitures un peu d'eau, de nourriture et des vêtements secs.

Ils ont perdu tout espoir que le gouvernement les aide !

LIRE cet article en entier en anglais : Road to death and devastation


  • 5-Communiqué de Human Rights Watch à propos des expulsions de rescapés

Hier, dans mon message le vrai visage de la junte militaire, j'indiquais que La junte militaire birmane a entrepris d'expulser des familles réfugiées dans des camps du gouvernement.

Human Rights Watch (HRW) a confirmé vendredi 30 mai dans un communiqué, que les militaires birmans ont commencé à chasser les rescapés des dizaines de camps de tentes dressés en urgence par les autorités après le cyclone, même s'ils n'ont nulle part où se loger.

Il est invraisemblable que les généraux birmans forcent les victimes du cyclone à regagner leurs maisons dévastées, s'est indigné le directeur de HRW pour l'Asie, Brad Adams. "Faute d'abris, d'aliments et d'eau potable, la tentative du gouvernement revient à envoyer les gens à la mort et risque d'accroître l'ampleur du désastre." ( HRW)


  • 6-la colère des moines de Mandalay
Depuis un mois, ils consignent tout sur des feuilles blanchâtres, gondolées par l'humidité : le nom des donateurs, ce qu'ils ont déposé, la quantité, la date. Parfois, ils comptent les sacs de riz, plus souvent les kyats - la monnaie locale.

Dans la touffeur de leur monastère, Ashin Mibaya, aux traits émaciés, et Ashin Yadana, le visage surmonté de fines lunettes sur ses joues rondes, collectent, comme des milliers d'autres moines en Birmanie, les dons pour les victimes du typhon Nargis. Calmes, en apparence, ils organisent méticuleusement l'acheminement de l'aide dans les zones sinistrées.

Pourtant, la colère gronde. Au visiteur pressé, la langueur des prières ressassées à haute voix, le bruissement perpétuel des pieds nus sur les parquets en teck ne laissent rien deviner. Mais derrière les étoffes pourpres qui tentent de sécher au soleil de la mousson, à l'ombre des Bouddhas dorés, le mot finit presque toujours par être murmuré : "colère". Colère de devoir compenser une aide humanitaire bloquée, contingentée, par la junte militaire au pouvoir.

Dans ce monastère, on le dit juste un peu plus fort qu'ailleurs. En septembre 2007, c'est déjà de leurs dortoirs, à Mandalay, la deuxième ville du pays, à 700 km au nord de Rangoun, et à Pakokku, une ville voisine, que sont parties les premières manifestations de moines contre la montée des prix et la politique économique archaïque de la dictature.

A Rangoun, la plupart des moines mêlent le religieux et le politique. Ils déplorent le manque de "compassion" du gouvernement. Pas eux. Eux sont scandalisés. A 39 ans, les dents rouges du bétel mâché toute la journée, ils sont "scandalisés" par l'attitude de la junte. Ebahis devant sa "cruauté". Jamais, disent-ils, entourés de leurs jeunes élèves, même après que l'armée ait tiré sur eux en septembre dernier, jamais ils n'auraient imaginé que le pouvoir puisse "laisser mourir de faim son peuple".

Face au blocus de la junte, tout un "système D" humanitaire s'est mis en place, en Birmanie. Les moines en sont devenus l'un des piliers. Car, si au fil des semaines, le gouvernement a encouragé les donations, il a de plus en plus contraint les civils à les lui déposer, pour les distribuer lui-même, via l'armée.

Profondément choqués par les rétentions du gouvernement - notamment vis-à-vis des humanitaires occidentaux coincés à Rangoun -, beaucoup de Birmans préfèrent donner aux "robes" plutôt qu'aux fusils. Elles seules pouvant s'affranchir de l'obligation de déposer les dons à l'armée (..) Lire la suite de cet article : lemonde


  • 7-Police anti-émeutes déployée dans zone dévastée par Nargis
Les autorités birmanes ont déployé des policiers anti-émeutes armés dans une des zones les plus affectées par le cyclone Nargis, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Plus de dix groupes composés d'une dizaine d'agents chacun ont été postés le long d'une route reliant les villes de Kungyangon et Dedaye, dans le delta de l'Irrawaddy (sud-ouest), a constaté ce journaliste.

Equipés de voitures blindées et armés de fusils, de bâtons et de boucliers, les policiers ont arrêté plusieurs voitures pour questionner leurs passagers. Ils n'ont pas expliqué les raisons de leur présence, et les habitants des environs ont refusé de s'exprimer à leur sujet. (levif.be)

  • 8-Une ONG dénonce le "harcèlement" contre les médias
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une organisation américaine de défense de la liberté de la presse, a dénoncé samedi la "censure" et le "harcèlement" imposé par la junte birmane aux journalistes tentant de couvrir la crise humanitaire liée au cyclone Nargis.

Les autorités birmanes ont timidement ouvert depuis une semaine aux organisations humanitaires internationales le delta de l'Irrawaddy, la zone la plus affectée par le cyclone. Mais elles continuent à refuser les visas aux reporters étrangers. Plusieurs d'entre eux, arrivés dans le pays avec un visa de touriste, ont été refoulés à la frontière ou expulsés, selon le CPJ.

"Votre gouvernement a largement censuré les médias locaux, et harcelé et expulsé les rares journalistes étrangers qui ont réussi à entrer dans le pays depuis que le cyclone a frappé", dénonce l'organisation dans une lettre ouverte au Premier ministre birman, le général Thein Sein.

"En refusant d'autoriser l'exercice du journalisme dans le delta de l'Irrawaddy, votre gouvernement semble être en train d'essayer de dissimuler l'étendue des dégâts. Cela a semé de grands doutes quant à la véracité des bilans officiels de morts et de disparus", ajoute l'organisation.

Le CPJ exhorte la junte birmane "a assouplir sa politique traditionnelle de censure et à permettre aux journalistes locaux et étrangers de jouer leur rôle essentiel" de témoins de la crise humanitaire. (AFP via lemonde)

Remarques : On peut toujours rêver.. jamais la junte n'autorisera les journalistes étrangers à venir filmer , souvenez vous ce qui s'est passé au mois de septembre, les journalistes on leur tire dessus !

  • 9-Contraste grandissant entre la nouvelle capitale et les zones sinistrées
Le cyclone Nargis et ses terribles conséquences humaines n'ont pas fait renoncer la junte birmane à ses projets, qu'il s'agisse du référendum constitutionnel destiné à asseoir son pouvoir ou des travaux de la nouvelle capitale Naypyitaw, dont le général Tan Shwe suit l'avancement depuis 2005.

La construction à grands frais de cette capitale administrative offre un contraste saisissant avec la pauvreté omniprésente en Birmanie, encore aggravée par la catastrophe du 3 mai.

On estime aujourd'hui à plus de deux millions le nombre des Birmans affamées, sans abri et présentant des risques de maladie après le passage du cyclone. Le gouvernement militaire a reconnu qu'il avait besoin d'experts étrangers et d'une aide à la reconstruction d'environ 11 milliards de dollars. Mais il a attendu un mois avant de laisser quelques équipes de secours étrangères accéder aux zones sinistrées.

La visite du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon le 23 mai a été l'occasion d'un détour par la capitale officielle du régime, cette Naypyitaw dont le nom signifie "demeure des rois" et d'une réception dans les nouveaux palais de la junte, en compagnie d'une poignée de journalistes étrangers.

Le voyage commence par un vol spécial d'une heure en provenance de l'ex-capitale Rangoon, à 400km au sud. De l'aéroport de Naypyitaw, un trajet de 40 minutes sur un axe à huit voies, sans équivalent dans tout le pays, conduit le visiteur autorisé jusqu'à la ville elle-même.

Entrer nécessite un sauf-conduit pour passer les points de contrôle. On découvre alors une cité dominée par les statues géantes de trois anciens rois et partagée en deux zones, l'une civile, l'autre militaire. Une ville sans habitants visibles, où des soldats saluent les convois officiels, et où, fait unique dans le pays, le courant fonctionne 24 heures sur 24. En revanche, le recours au téléphone mobile est à exclure.

Avant d'être reçu en grande pompe par le chef de la junte, on traverse une zone militaire comportant centre commercial, lycée et stade, puis un vaste site d'immeubles gouvernementaux à moitié construits mais présentant déjà une façade de style soviétique.

Une fois arrivé au palais du général Shwe, dont l'entrée est soutenue par des piliers monumentaux, on pénètre dans un hall de deux étages où s'élève une statue de pierre de 4,50m, surmontée d'une peinture alpine, et où les murs sont ornés de pagodes dorées.

Ban Ki-moon a été reçu dans cette immense salle, où il a échangé avec son hôte, assis comme lui sur un trône aux motifs floraux, les deux hommes étant séparés par un bouquet de fleurs blanches et roses et un service à thé en argent.

"Il m'a dit qu'il n'avait jamais eu une conversation aussi franche avec quiconque dans le monde", a ensuite confié le secrétaire général de l'ONU, espérant que ce face-à-face à huis clos contribuerait à élargir l'accès de l'aide étrangère aux victimes du cyclone.

Derrière d'immenses portes de bois, l'entretien a longtemps semblé être à sens unique. Le vieux général a monopolisé la parole pendant les 50 premières minutes de cette rencontre d'un peu plus de deux heures, selon des responsables onusiens.

Ban Ki-moon a quitté la capitale avec la promesse d'un accès plus large pour les secours étrangers. "Ce n'est que le début de mon dialogue avec les autorités birmanes", a-t-il observé. "Nous verrons comment cela évolue."

Il n'a en revanche rien dit sur cette capitale reculée et totalement coupée de la réalité du reste de la Birmanie. Un pays en proie à la pauvreté, où, indépendamment des cyclones, un enfant sur cinq souffre de malnutrition et où beaucoup vivent avec moins d'un dollar/euro par jour. (AP via latribune)


  • 10-l'Organisation Internationale du Travail est inquiète des risques de travail forcé pour la reconstruction
Remarques préalables : dans mon message du 16 mai intitulé Birmanie, Travail forcé pour les rescapés, j'évoquais justement ce problème. L'OIT s'inquiète mais en réalité l'exploitation a déjà commencé...

GENEVE - Le Bureau international du travail (BIT) s'est inquiété samedi des risques de recours au travail forcé par le régime militaire birman pour la reconstruction dans les régions dévastées par le cyclone Nargis les 2 et 3 mai dernier.

L'organisation a également demandé la levée de l'assignation à résidence de l'opposante Aung San Su Kyi, et réclamé aux autorités de "permettre à tous les citoyens birmans d'exercer pleinement leurs droits civils", dans des conclusions présentées à l'issue d'une séance spéciale de la Conférence internationale du travail sur la situation en Birmanie.

Dans un rapport de son chargé de liaison à Rangoun, l'agence onusienne a mis en garde contre les "risques accrus de travail forcé, de travail des enfants, de traite de personnes et de migration de main-d'oeuvre" à la suite de la catastrophe provoquée par le cyclone.

En coordination avec les équipes d'aide de l'ONU sur place, le BIT (Bureau International du Travail) "veille à ce que les opérations de secours (...) ne donnent pas lieu, incidemment, à du travail forcé ou à d'autres atteintes aux droits de l'homme", selon le rapport du représentant du BIT à Rangoun.

"On cherche tout particulièrement à empêcher que les enfant déplacés ou orphelins ne soient soumis au travail forcé", souligne le rapport.

Au cours de la séance consacrée à la Birmanie, la vingtaine d'orateurs ont dénoncé le régime militaire birman en lui demandant de mettre fin aux pratiques de travail forcé et de cesser de persécuter les militants syndicaux et de l'opposition.

A la date du 19 mai dernier, le bureau de représentation du BIT à Rangoun avait présenté au gouvernement 46 dossiers concernant des plaintes pour travail forcé, selon le rapport du chargé de liaison qui note qu'il est "encore trop tôt pour savoir quel effet le cyclone Nargis a pu avoir".

Les 46 plaintes présentées peuvent se classer dans les catégories suivantes: travail forcé sous les ordres des autorités civiles (17 cas), travail forcé sous les ordres des autorités militaires (cinq cas), recrutement de personnes mineures dans l'armée (21 cas), détaille le rapport. En outre, trois plaintes de personnes victimes de harcèlement ou arrêtées pour avoir demandé le respect du droit international en matière de travail forcé ont été présentées aux autorités.

Ce nombre de plaintes "ne peut être considéré comme reflétant l'ampleur du problème" en raison du manque d'informations sur le droit international réprimant le travail forcé et "le harcèlement ou la mise en détention des personnes travaillant à son application.

"L'imposition du travail forcé reste généralisée, notamment de la part de l'armée", a dénoncé la Commission pour l'application des normes du travail de la Conférence. La Commission a exigé la publication dans les langues locales de la législation interdisant le travail forcé et des informations concernant les possibilités de plainte auprès du bureau du BIT à Rangoun.

Les plaintes sont instruites par les autorités mais les personnes reconnues coupables d'avoir eu recours au travail forcé ne se voient imposer que des peines administratives, plus légères que celles prévue au Code pénal, notamment lorsqu'il s'agit de membres des forces armées", a souligné la Commission.

La Commission a enfin demandé la libération immédiate de six militants arrêtés alors qu'ils tentaient de faire appliquer les normes du BIT. (©AFP / 31 mai 2008 18h05 via romandie)

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