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mardi 24 juin 2008

Birmanie, le nombre de morts et disparus s'alourdi

Plan de ce message du 24 juin
  • Plus de 138 000 morts
  • VIDEO : L'Unicef a besoin d'aide
  • Scandale birman : plus jamais ça! (Un article qui vient grossir la rubrique des "POUR" une intervention en Birmanie)

  • Pour l'association "Action contre la Faim" l'urgence continue en Birmanie

  • Plus de 138.000 morts
RANGOUN: Plus de 138 000 personnes ont péri ou restent portées disparues du fait du passage du cyclone Nargis sur la Birmanie le 2 mai, a déclaré le gouvernement birman.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Kyaw Thu a déclaré lors d'une réunion de représentants du gouvernement et de travailleurs humanitaires étrangers que le bilan officiel s'établissait à 84.537 morts, contre 77.738 dans le précédent bilan, qui datait du 16 mai, a déclaré un diplomate asiatique à Reuters. Le nombre de disparus, lui, est passé de 55.917 à 53.836. (Reuters via latribune)

Remarque: le bilan est certainement supérieur à 150.000



  • VIDEO : UNICEF a besoin d'aide pour pouvoir continuer d'aider les survivants




Vu sur le blog de myochitmyanmar


  • Scandale birman : plus jamais ça !
Remarques préalables :
Cet article vient donc s'ajouter à ceux déjà publiés dans Birmanie, Crime contre l'humanité ou non ? (message du 17 mais) , et aussi Droit d'ingérence en catastrophe (message du 10 mai) et enfin Intervenir "de gré ou de force" ou ne pas intervenir ?
ce débat sur la nécessité d'intervenir en Birmanie est également reprit par olivier SC de "bloguer ou ne pas bloguer" dans son billet un pavé d'ingérence
Ma position sur ce point, je n'y reviendrai pas ici, vous la trouverez dans mon message du 1 juin négligence criminelle


Scandale birman : plus jamais ça !

Plus d'un mois après le cyclone Nargis qui a ravagé la Birmanie, la communauté internationale est toujours interdite de séjour dans ce pays. Alors que 150 000 personnes sont mortes, que des dizaines de milliers de blessés restent sans soins, que des centaines de milliers de personnes ont tout perdu, n'ont ni nourriture ni médicaments, la junte birmane continue d'interdire aux Etats voisins, comme aux puissances occidentales, de même qu'aux organisations humanitaires, tout accès dans le pays, sous prétexte que les Occidentaux chercheraient à envahir le pays et à s'emparer de ses ressources pétrolières.

Les généraux birmans, qui ont su organiser, au milieu de cette catastrophe, un référendum, refusent aux hélicoptères de se poser, comme ils refusent d'octroyer des visas aux personnels humanitaires. Après le Mistral, porteur de 1 000 tonnes de vivres et de médicaments, qui n'a pas été autorisé à accoster pour porter secours à la population birmane, et qui a dû, après plusieurs semaines, lever l'ancre en direction de la Thaïlande, les navires américains, qui eux aussi devaient porter assistance, ont finalement quitté la zone sans avoir pu mener à bien leur mission.

Au nom du principe de la non-intervention dans les affaires intérieures, clé de voûte de la Charte des Nations unies, la junte birmane peut donc impunément laisser mourir sa population. La "non-assistance à peuple en danger" est pour l'instant codifiée en toute impunité dans le droit international, dans la plus parfaite impuissance des nations.

Il est temps de mettre fin à ce scandale. D'autant plus que, avec le réchauffement climatique, notre Terre est en train de connaître une augmentation effrayante du nombre de cataclysmes naturels : quatre fois plus ces trente dernières années qu'au cours du siècle précédent ! Si certains comportements - et c'est heureux - sont en train de changer, comme l'a montré la décision de la Chine de s'ouvrir à l'aide internationale après le tremblement de terre qu'elle vient de subir dans la région du Sichuan, d'autres régimes autoritaires, dictatoriaux, utilisent le principe de non-ingérence comme le droit de laisser mourir leur peuple en toute impunité. Ce qui est vrai en Birmanie l'est dans des cas voisins, au Darfour ou au Zimbabwe, par exemple.

Le week-end dernier, lors du sommet de sécurité de Singapour organisé par l'Institut stratégique de Londres, auquel participaient vingt-sept ministres de la défense, dont ceux de la totalité des pays asiatiques (Birmanie comprise), un accord, qui mérite d'être souligné, s'est fait autour des points suivants : il est de la responsabilité des pays frappés par de tels désastres de porter secours à leur population ; là où c'est nécessaire, ces gouvernements devraient faciliter l'entrée de l'aide humanitaire provenant d'autres pays et d'organisations internationales ; toute aide extérieure sera soumise au consentement des pays touchés et restera sous le contrôle et la supervision de celui-ci.

Cet accord est certes un premier pas, mais il maintient comme on le voit le sacro-saint principe de la non-ingérence dans l'exercice de l'assistance humanitaire, et il n'a donc mené à aucun résultat concret dans le cas de la Birmanie. Comment faire pour aller plus loin et faire évoluer le droit international humanitaire ?

Ces dernières années, la responsabilité des gouvernements dans les génocides (Rwanda) et les crimes de guerre ainsi que l'obligation de protection des civils ont commencé - il est vrai bien timidement - à être reconnues, notamment par le secrétaire général de l'ONU (rapport de novembre 2005). Pour la première fois, par la résolution 1593 (31 mars 2005), le Conseil de sécurité des Nations unies saisissait la Cour pénale internationale de la situation au Darfour, où avaient été commis certains des quatre types de crimes relevant de la compétence de la Cour (génocide, crimes contre l'humanité, nettoyage ethnique).

De même, le document final du sommet mondial de 2005 établit une "responsabilité de protéger" les populations contre ces mêmes crimes. Plus récemment, la résolution 1674 du Conseil de sécurité (28 avril 2006) sanctionne expressément "les déplacements forcés" et le "déni délibéré d'aide humanitaire", et évoque la possibilité de poursuite des dirigeants qui s'en rendent coupables devant les juridictions nationales ou internationales. Si ces dispositions, pour l'heure, ne concernent que le temps de guerre (civile ou interétatique), il me paraît à la fois possible et nécessaire sur ces fondements d'aller plus loin et de les appliquer dans le cas de grandes catastrophes naturelles.

Ainsi, si, confronté à un cataclysme de grande ampleur, un gouvernement en place refusait de porter assistance à son propre peuple en refusant d'ouvrir ses frontières à l'aide humanitaire étrangère, ces dirigeants pourraient se trouver poursuivis devant la Cour pénale internationale pour non-assistance à peuple en danger.

Je crois donc nécessaire que la France prenne l'initiative de déposer au Conseil de sécurité une proposition de résolution articulée autour des quatre points suivants :

1. Obligation de l'Etat touché par une catastrophe naturelle de porter assistance à sa population, y compris en laissant parvenir l'aide internationale ;

2. Obligation des Etats voisins ou autres de porter assistance à l'Etat concerné ;

3. L'aide internationale est conduite sous le contrôle de l'Etat touché, mais en liaison avec les partenaires étrangers ;

4. En cas de refus de l'assistance offerte par les Etats ou les organisations humanitaires, alors que celle-ci est évidemment indispensable au sauvetage des populations, les responsables politiques de l'Etat concerné font l'objet de poursuites après décision du Conseil de sécurité auprès de la Cour pénale internationale.

Dès lors que ces dirigeants, le plus souvent corrompus, seraient poursuivis à titre personnel, ne pourraient plus voyager, ne pourraient plus disposer de l'argent entreposé sur des comptes à l'étranger, il est à parier que leur indifférence aux pressions internationales serait probablement moins importante qu'aujourd'hui.

Source : Pierre Lellouche (député et conseiller de Paris) Article paru dans l'édition du monde du 24.06.08.


  • Pour l'association "Action contre la Faim" l'urgence continue en Birmanie
Un mois et demi après le passage du cyclone Nargis en Birmanie, la priorité pour les populations reste de s'approvionner en nourriture et de retrouver un abri décent. Les équipes d'Action contre la Faim sur place distribuent chaque jour plusieurs tonnes de nourriture et de matériel pour les aider à subvenir à leurs besoins de base. L'autre priorité est la relance rapide de l'agriculture dans cette région considérée comme le grenier à riz de tout le pays. Pour éviter la catastrophe, les champs devront être réhabilités et ré-ensemencés à la mi-juillet.

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